Fiche terroir

Clos-Râtel

Saint-Malo / Dol

Pages associées 

Rédacteurs

Fiche rédigée en 2019 par Julien Maudieu, Bertrand Le Brelot et Nolwenn Guéguen, relecture Michel Guillerme
Odoo image and text block

Communes du Clos Râtel

Châteauneuf d’Ille-et- Vilaine (en partie)
Evran
Lanvallay
La Vicomté sur Rance
Le Tronchet
Les Champs-Géraux
Miniac-Morvan
Plerguer
Plesder
Pleudihen-sur-Rance
Pleugueneuc
Roz-Landrieux
Saint-Helen
Saint-Judoce
Saint-Pierre-de-
Plesguen
Tressé

6 communes supplémentaires, selon certaines sources

La Baussaine
Longaulnay
Saint-Domineuc
Saint-Thual
Trévérien
Trimer

Le terroir

Le Clos Râtel (ou Clos Rastel ou Ratel), issu du latin Pagus Racter au sud du Clos-Poulet, est à cheval sur deux évêchés : celui de Saint-Malo pour sa partie Sud et celui de Dol pour sa partie Nord. Les frontières certaines de ce terroir sont la Rance à l’Ouest, qui le sépare du Poudouvre, et l’Isthme de Châteauneuf au Nord qui le sépare du Clos Poulet. La limite orientale, très culturelle, est celle qui le sépare du pays de Dol-de-Bretagne, avec les premières communes où est portée la coiffe typique du pays, le bonnet à « godrons ». La limite sud est moins nette : soit nous considérons la limite naturelle de la rivière du Linon, qui limiterait le pays à 16 communes, soit nous prenons en compte le sud-est de l’ancien évêché de Saint-Malo, ce qui porterait le nombre de commune du pays à 22. Les traditions étant très homogènes (costumes, habitat, musique, danses...), le nord et le sud du Clos Râtel sont rattachés en un seul terroir. La commune la plus importante de ce terroir est sans doute Pleudihensur- Rance. Les gabariers de Pleudihen, aussi connus sous le nom de « Gabariers de la Rance », assuraient à partir du XVIe siècle et jusqu’au milieu du XXe le ravitaillement de Saint-Malo en bois de chauffage et en fagots pour les boulangeries qui produisaient, outre le pain, les biscuits de mer (craquelins) pour les navires en partance pour Terre-Neuve. Plus tard, les gabariers assureront aussi le transport de pommes et du fameux cidre de Pleudihen dont les malouins appréciaient la qualité. Une autre ville avait aussi une place importante dans le terroir, ainsi que pour le Clos Poulet voisin : Miniac-Morvan. En effet, le premier lundi de décembre avait lieu la foire du Vieux- Bourg, appelée aussi foire des « Terre-neuvas », « louée de la mer » ou « foire es Marauds ». En 1900, ce sont près de 2000 pêcheurs qui s’y rendaient pour pouvoir être enrôlés pour les bancs de Terre-Neuve, ce qui en faisait la foire la plus importante pour la grande pêche. On trouve mention de ce terroir de l’époque gallo-romaine jusqu’à la Révolution, le dernier document officiel l’évoquant datant de 1770. Les premières églises y font d’ailleurs leur apparition dès le début du IVe siècle. Le pays est de langue gallèse. On ressent diverses influences dans les chansons recueillies ainsi que dans les instruments de musiques utilisés jusque dans l’entre-deux-guerres.

Odoo image and text block

L’économie

Pendant cinq siècles, la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve a assuré richesse et prospérité à tout le pays et bien au delà. L’ouverture économique et culturelle vers l’extérieur vient aussi du fait que ce territoire est situé au carrefour des axes Saint-Malo/Rennes et Dol de-Bretagne/ Dinan. Ces deux grands secteurs économiques ont généré d’importants mouvements migratoires des départements voisins influençant la culture locale depuis longtemps.

Carte postale « Les Gabariers de la Rancede Pleudihen à Saint-Malo ». Collection Le Carton Voyageur

L’architecture

Les constructions de ce territoire sont essentiellement en granite, une roche très présente dans la région. Dans les campagnes, de nombreuses fermes et maisons des XVIIe et XVIIIe siècles existent encore. Ces constructions sont réalisées à partir de moellons de granite très décorés selon les moyens et les goûts des bâtisseurs. Une grande partie des linteaux gravés est toujours visible. Le toit de chaume de ces bâtisses, souvent très pentu, se termine par des « coyaux », ces pièces de bois qui permettent d’adoucir ces pentes et ainsi aérer les parties basses, pour éviter le pourrissement de la chaume. Les habitations les plus remarquables de ce secteur restent les malouinières. Les fermes-manoirs traditionnelles, l’architecture militaire de Vauban et la fonction résidentielle sont autant de sources d’inspiration pour ces constructions. Certaines demeures sont modestes tandis que d’autres sont beaucoup plus princières. Ces dernières comprennent entre autres une cour d’honneur, un colombier, une chapelle souvent accolée au mur de clôture du domaine, et des jardins à la française. De véritables petites routes, ou rabines, entourées d’arbres permettent de circuler dans ces domaines. Comme dans nombre d’autres terroirs, des constructions communes telles que les fours à pain ou les lavoirs existaient. On trouvait également des moulins à vent, et surtout des moulins à marée sur la Rance.

Ci-dessous : le château de Miniac-Morvan est une malouinière du XVIIe siècle construite sur les fondations d’un ancien château féodal. 
Photo Julien Maudieu
Odoo image and text block

Le costume

Le costume des femmes suit la mode de l’époque dès le début du XIXe siècle, aidé par l’arrivée du chemin de fer et l’explosion des bains de mer sur la côte d’Émeraude. Les éléments caractéristiques de ces costumes sont les châles, courts puis longs, avec de nombreux plis, ainsi que les devantières. Ce sont ces éléments qui disparaissent progressivement, pour ne conserver que la base du costume : les femmes sont alors dites « en taille ». Le bonnet godronné, au repassage complexe, constitue la base de la coiffe et l’autre élément caractéristique de ce terroir. Chaque commune possède un bonnet (ou serretête, ou béguin) qui peut se différencier par le nombre et/ ou la taille des godrons ou la façon de nouer la bride. Les dimanches et jours de fête, une coiffe appelée « coq « se fixe par-dessus ce bonnet de base. Cette coiffe, dont les ailes sont épinglées à l’arrière et le fond saillant, permet également de se différencier des communes voisines par des ailes plus ou moins larges, ou par la présence d’un ruban ou de deux rubans chuppés (croisés) sur le devant de la coiffe. Certaines coiffes avait leur petit sobriquet : la « poulette » pour Pleudihen ou le « pignon » pour Miniac-Morvan. À la fin du XIXe siècle, les catioles et les polkas, coiffes du bassin rennais, font leur apparition dans le sud du Clos Râtel.
Les hommes suivent eux aussi la mode de l’époque, que ce soit pour le couvre-chef (chapeau haut de forme, chapeau melon, canotier...) ou pour le reste du vêtement (redingote, habit, gilet…). Le costume traditionnel est abandonné dès 1870, comme presque toute la Haute-Bretagne.

Ci-contre : famille de Châteauneuf-d’Ille-et Vilaine environs 1880. Collection Julien Maudieu
Odoo image and text block
Odoo - Sample 2 for three columns

Détail d’un bonnet à godrons de Pleudihen 1900-1910.
Collection Marie-Thérèse Guyader
Odoo - Sample 3 for three columns

Ci-dessous : photo 
famille de Miniac-  Morvan. Collection  Julien Maudieu

Les danses principales

• Avant-deux en double front des Clos
• Avant-deux en quadrettes des Clos
• Quadrille balancé
• Guibra
• Danse du bâton
• Ronde du balai
• Rondes à s’embrasser
• Avant deux des Champs-Géraux

Les principales danses retrouvées en Clos Râtel sont des avant-deux et des rondes. Quelques quadrilles et pilotées sont également dansées, selon les occasions, nombreuses. Il est vrai qu’entre les noces, les assemblées, la fin des travaux agricoles (« parebattes »), les dimanches après-midis et les pileries de la place, on dansait souvent et beaucoup.

L’accompagnement musical

Du XVIIe au début du XXe siècle, le violon est l’instrument de musique par excellence pour les grandes occasions. Apparu à la fin du XIXe siècle, l’accordéon supplante définitivement le violon dans les années 1920. La vielle, probablement importée par les saisonniers du Penthièvre et du Poudouvre, et l’harmonica servent également à accompagner la danse quand il y a peu de danseurs, comme pour les pileries de places ou bien la danse en famille le dimanche après midi.

Bibliographie

• Bourde de la Rogerie H., Mélanges bretons et celtiques, 1927
• Buffet Henri-François, En Haute-Bretagne : coutumes et traditions d’Ille-et-Vilaine, des Côtes-du-Nord gallèses et du Morbihan gallo au XIXe siècle, 1954
• Clérivet Marc, Danse traditionnelle en Haute Bretagne : Traditions de danse populaire dans les milieux gallos (XIXe-XXe siècle), 2013
• Delon Ch., Les peuples de la Terre, 1890
• Petout Philippe, Demeures Malouines, 2001
• Rochereau Pierre, Coiffes et costumes des bords de Rance, 1989
• Sorette Joël, Miniac-Morvan, Tomes I et II, 2010
• Stein Annick, La maison dans sa région - La Bretagne, 1990

Collecteurs

• Années 1980-2010 : Michel Colleu, Pierrick Cordonnier, Bertrand Le Brelot
• Années 1950 : Claudie Dubois et Maguy Pichonnet
• Entre deux guerres : Simone Morand
• Collectages anciens, fin XIXe - début XXe : Lucien Decombe, Adolphe Orain, Eugène Herpin, P. Bezier