Famille de danses
Branle double
Structure de la danse
Danse unique
Accompagnement traditionnel
Violon
Vielle
Accordéon diatonnique
Forme de la danse
Soizic Punelle et Florent Thomas dansant le bal de Broons en 2018. Position de la figure au temps 4. Photo Kristen Punelle
Appellation
Ce bal porte le nom de la ville où assurément la dansea été collectée. Broons se situe au sud-ouest du terroirdu Poudouvre. Cette version de bal en cortège de couplesantérieure à la vogue des aéroplanes était répandue dansune zone proche de Broons.
Situation géographique et historique
Le Poudouvre (pays de la Rance, rive gauche), est un t e r r oirde haute-Bretagne. On y parle le gallo dans les fermeset les gros bourgs. C’est un terroir qui, par sa position,a très tôt été ouvert aux influences extérieures (voie depassage vers la Normandie, ouverture vers la mer avec la
Rance, Dinan ville de garnison...).Broon s se trouve d a n s le Poud ouvre car situé au nordouest de la Rance qui est la limite de ce terroir. Vu sa positiondans le sud de son terroir Broons et sa proche régionont été largement influencés par les traditions venant del’est, le bassin rennais en particulier.Le terme « Poudouvre » vient du mot breton « plou dour »le pays entre les eaux. En effet, il est délimité par l’Arguenon à l’ouest (servant de frontière entre le Poudouvre etle Penthièvre), par la Rance à l’est (séparant Poudouvre etClos Poulet) et par la Manche au nord. Le Poudouvre étaitune subdivision de l’évêché de Saint-Malo avec le Porhoëtet le Clos Poulet. Il se situe actuellement à cheval entre le département des Côtes-d’Armor et de l’Ille-et-Vilaine. La capitale du Poudouvre est Dinan.
Informateurs, témoignages et transmission
Le travail de fonds en matière de collectage sur les danses du Poudouvre a été réalisé par Jean Guihard autour des années1930. La succession des travaux a été menée par René Guéguenautour des années 1970/71. Il s’avérait déjà difficile àcette époque de retrouver les témoins de la tradition. Desgroupes comme le cercle du Poudouvre ou l’amicale Rance-Penthièvre tout comme quelques collecteurs ont pu permettrela préservation et la transmission de ce patrimoine.
Occasion de danse
La danse tenait une place majeure dans les réjouissances populaires et les circonstances de pratique étaient très nombreuses. Les évènements de la vie familiale, notamment les mariages, étaient occasion de danse mais également les grands travaux saisonniers : les métives (moissons), les batteries, les ligneries (arrachage du lin) et les buées (grandes lessives) et les foires.
Origine et famille de danse
Le pas du bal de Broons est issu du fonds ancien qui est le branle double d’après les recherches de René Guéguen.
Position de la promenade. Capture d’écran du DVD Danses de toutes les Bretagnes volume 5, Kendalc’h.Forme et structure de la danse
Les danseurs sont disposés en cortège tant sur la promenade que sur la figure.
Position de la figure au temps 8.Tenue et mouvement des bras
La cavalière est à la droite de son cavalier.
La promenade
Le cavalier tient de sa main droite la main gauche de sa cavalière. Les bras des danseurs sont ballants le long du corps. Sur toute la promenade, le mouvement de bras est un balancé régulier : vers l’avant sur les temps impairs, vers l’arrière sur les temps pairs, passant dans le plan du corps avec une élévation des bras plus marquée vers l’avant que vers l’arrière.
La figure
Elle se compose de quatre fois quatre temps. Sur le temps 1, sans se lâcher les mains, cavalier et cavalière joignent leurs mains libres (main gauche du cavalier et main droite de la cavalière) et effectuent un balancé régulier avant/arrière, en position basse, alors que les avant-bras (gauche pour le cavalier et droit pour la cavalière) sont relevés à hauteur de poitrine. Le balancement des bras vers l’avant est plus accentué sur le temps 4. Ce mouvement s’inverse tous les 4 temps.
Position des bras lors de la figure.Technique de pas
Les deux partenaires partent du pied intérieur du couple : cavaliers pied droit, cavalières pied gauche.
La promenade
Il s’agit d’un pas régulier de marche, avec alternance des pieds d’appui (16 temps).
La figure
La cavalière fait le symétrique du pas de son partenaire.
Temps 1 : cavalier et cavalière inversent leur sens de progression en se retournant l’un vers l’autre.
Temps 2 et 3 : le couple continue sa progression dans le sens inverse du sens initial.
Temps 4 : surrection du pied en appui. La jambe libre marque le temps par un levé de pied dépassant légèrement l’aplomb du corps.
Temps 5 à 8 : les couples inversent leur sens de progression en reprenant la même structure de pas.
Ces huit temps sont doublés avant de reprendre la promenade.
Style
Sur la promenade
Les danseurs ont une posture altière, leur marche est énergique, le balancé des bras suit le rythme de la promenade.
Sur la figure
Le style est souple et coulé, le mouvement de bras s’effectue en continu et donc sans rupture.
Accompagnement musical
A ce jour, les sources dont nous disposons ne nous permettent pas d’attester avec certitude, l’accompagnement spécifique au bal de Broons. Nous nous référons donc aux informations générales de la tradition musicale de ce terroir et plus globalement de haute-Bretagne. Les principaux instruments répertoriés sont le violon, la vielle et
l’accordéon.
Ainsi, contrairement à une idée reçue, le violon fait partie intégrante de la musique populaire des campagnes françaises. Du fait de son prix raisonnable, il y est apparu massivement à la faveur des progrès techniques de la seconde moitié du XIXe siècle. L’industrialisation s’étant étendue à de multiples domaines, y compris celui de la lutherie, ce sont des modèles semi-industriels qui sont alors vendus par milliers. Cependant aux alentours de 1920, l’usage du violon disparaît peu à peu dans la plupart des pays de haute-Bretagne. Vers 1930, son aire de jeu s’est restreinte à l’est du Poudouvre aux alentours des Broons et de Jugon. Les dernières noces ont été menées au violon vers 1950. Seuls quelques joueurs à la personnalité marquante jouent encore par la suite pour des amis ou à l’occasion de rares fêtes folkloriques.
Concernant la vielle, le terroir a accueilli surtout les vielles plates généralement moins chères. Pendant la guerre 1914-1918 avec l’absence des jeunes partis au front et les nombreux deuils, les vielleux remisent les instruments dans les greniers quand ils ne sont pas donnés aux enfants en guise de jouets.
Enfin l’accordéon « diatonique » est associé à l’arrivée des danses tel que : mazurkas, polkas, scottishes… Puis avec le fonds moderne : tango, valse, tcha-tcha… Jules Charpentier, vielleux professionnel évoqué dans un article sur la vielle, a vu son activité musicale décliner avec le développement de cet instrument et de son répertoire.
Quant au chant, il semble peu présent pour accompagner les danses, faute de collectage. Il ne reste en fait que des ritournelles répétitives du genre : « Je voudrais bien me marier mais ne sais comment faire… ». On suppose que le chant était tout de même bien présent pour les danses car, comme partout en Bretagne, il n’y avait pas un musicien à chaque occasion.
On peut également s’interroger sur la présence ou non en ce terroir de la clarinette et de l’harmonica.
CD de référence
1. Bal de Broons extrait du DVD Danses de toutes les Bretagnes volume 5 : le Poudouvre et le Penthièvre
Ressources
Collecteurs
• René et Marie-Claire Guéguen
• Jean Guihard
• Simone Morand
• Anne Salaver
Discographie
• DVD Danses de toutes les Bretagnes, volume 5 - le Poudouvre et le Penthièvre, Kendalc’h
• DVD Apprenez les dansses bretonnes - volume 1 - Kendalc’h
• DVD Jibidi, Kendalc’h
• CD Apprenez les danses bretonnes, volume 8, Coop Breizh
Remerciements
• Rédaction de la fiche initiale : René Guéguen
• Relecture de la fiche : Michel Guillerme, Yvette Peaudercerf, Soizic Punelle et Kristen Punelle
• Iconographie : Kristen Punelle