Fiche de danse

Quadrille de Guénouvry-Conquereuil

Terroir

Pays de Nantes

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Fiche de danse rédigée en janvier 2015 par David Bourdeau dans le cadre de la captation des quadrilles de Haute-Bretagne par la confédération Kendalc’h. Cette rédaction s’appuie sur l’ensemble des recherches effectuées par le cercle celtique La Pastourelle de Jans depuis sa création en 1966.

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Famille de danses

Quadrille

Structure de la danse

Danse à figures

Accompagnement traditionnel

Gavottage
Accordéon

Forme de la danse

Appellation

L’appellation du quadrille de Guénouvry-Conquereuil vient du fait que la source principale est le père Jean (Jean Debeix) de Guénouvry, qui dit lui-même le détenir de Marcel Jossot de Conquereuil. à la fin des années 1960, les jeunes de Jans découvrant auprès des anciens de leur commune des danses similaires à quelques figures présentes dans le quadrille transmis par le père Jean, le nomment également « quadrille de Jans ».

Situation géographique et historique

D’après les informations recueillies par le docteur Tricoire au début des années 1960, Victor Jarnot (charcutier et voiturier à Guémené-Penfao, né à Guénouvry en 1884) faisait danser le quadrille lors des bals de noces sur les communes de Guémené-Penfao, Conquereuil, Pierric, Sainte-Anne-sur-Vilaine, Massérac, Avessac, Saint-Nicolas-de-Redon, Plessé, Le Coudray et Marsac-sur-Don.
Les témoignages (de madame Rabouin de Jans, par exemple) recueillis par la Pastourelle de Jans à la fin des années 1960, indiquent que le quadrille était connu plus à l’est (Nozay, Jans, Derval, voire au-delà) sans qu’il soit pour autant adopté (pas encore ?) par les communautés villageoises. Cependant, des figures isolées du quadrille, en particulier l’en avant-deux, la pastourelle et la trompeuse, y étaient dansées sans être enchaînées de manière systématique. Ces figures semblent également connues dans le sud de l’Ille-et-Vilaine voisine, jusqu’à Bain-de-Bretagne. Ce quadrille est vraisemblablement apparu dans le secteur début XXe pour véritablement s’imposer après la première guerre mondiale.

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NB : Les communes au sud-est de la Vilaine (communes de Loire-Atlantique comme Saint-Nicolas-de-Redon, Massérac, Guémené-Penfao, Conquereuil, etc.) font partie du Pays de Redon et de Vilaine depuis 2002, date de sa création, suite à l’application de la LOADDT dite loi Voynet de 1999. D’un point de vue historique, même si les échanges ont toujours été nombreux avec les secteurs au nord et à l’ouest de la Vilaine, ces communes font partie intégrante du pays nantais. Nous sommes tout d’abord dans l’évêché de Nantes (référence 1789), la mode vestimentaire à partir de la moitié du XIXe est celle partagée par une bonne partie du pays nantais, il est en de même pour la tradition dansée (le branle ne s’est pas maintenu au sud de la Vilaine et a été remplacé par les contredanses, ce n’est pas le cas au nord).

Informateurs, témoignages et transmission

Ce quadrille a été collecté à partir de 1966 lors de la création du cercle celtique la Pastourelle de Jans, auprès de mesdames et messieurs Rabouin, Hay, Saffré, Lasnier, Martin, etc. de Jans (figures de l’avant-deux, de la pastourelle et de la trompeuse notamment), puis auprès du Père Jean (Jean Debeix), sonneur d’accordéon de Guénouvry, lors de son arrivée en 1967 au sein du groupe. Ce dernier disait le détenir de Marcel Jossot, sonneur d’accordéon de Conquereuil. On doit au Père Jean la majeure partie des informations relatives à la danse et à son accompagnement musical (précision des pas, mouvements, enchaînements et annonces).

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Cercle de Jans dansant la pastourelle (la même que celle du quadrille) à la fin des années 1960.
Collection « La Pastourelle » de Jans

Occasion de danse

Ce quadrille se dansait pour les grandes occasions (noces, etc.). Ce n’est, semble t-il, pas une danse du quotidien.

Origine et famille de danse

Dès la fin du XVIIIe siècle, étant donné la profusion des contredanses, on va commencer à les regrouper sous l’appellation de pots-pourris. Petit à petit, on va les stabiliser pour aboutir, vers 1850, à l’élaboration de quadrilles ordonnés avec cinq figures (pantalon, été, poule, pastourelle, une figure libre souvent un galop). Nous retrouverons pour ce qui nous concerne les quadrilles du Comté nantais (Guénouvy-Conquereil, Grandchamp-des-Fontaines, Malville, Basse-Indre) ou encore celui de Saint-Brieuc. Il est bien évident que l’arrivée en haute-Bretagne, puis surtout la pratique du quadrille en tant que formule-type sont nettement plus tardives que celles de l’original, si original, il y a. Cela va induire deux conséquences plutôt heureuses. La première est que même si la dissociation est apparente  entre les quadrilles dits de première génération et ceux de seconde génération, il arrive que l’on puisse rencontrer dans celui-ci ou celui-là des éléments épars, empruntés au modèle qui n’est pas celui de l’origine. La seconde conséquence est celle qui fait la richesse de l’emprunt et le fortifie, c’est que ces quadrilles ont intégré de façon plus ou moins sensible, en s’implantant, ce qui se faisait localement préalablement. Ainsi on va retrouver des pas, des paroles, des postures, des appellations qui au final vont faire de ces quadrilles dits au départ français ou américains des danses totalement spécifiques chez nous, danses qui font partie intégrante de notre culture populaire et traditionnelle.

Forme et structure de la danse

Ce quadrille se danse en double front, chaque cavalier ayant sa cavalière à sa droite. Il est composé de six figures (doublées à chaque fois) annoncées par le sonneur (ou gavotteur) et enchaînées comme suit : avant-deux - chaîne anglaise - pastourelle - poule - avant-quatre final - trompeuse. Il est fort probable que la trompeuse ait été rajoutée postérieurement à l’arrivée du quadrille.

 
 

Figures

Avant-deux

« En place pour l’avant-deux. En avant-deux ! »
Tous les danseurs démarrent par un avancé (4 temps) et un reculé (4 temps) suivis d’un salut (2 temps). Le traversé se fait toujours par la gauche (épaule droite contre épaule droite) sur 8 temps auxquels on ajoute un temps de salut.
Au huitième temps de ce traversé les deux lignes de danse doivent se faire face mais chaque cavalière est à la gauche de son cavalier. On recommence le même mouvement pour revenir à sa place.
« Au p’tit galop ! »
Cette figure se termine par un valsé avec son partenaire sur 16 temps.
« En avant-deux ! »
Même figure.

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Chaîne anglaise

« En place pour la chaîne anglaise. Chaîne anglaise traversée, en avant-deux ! »
Tous les danseurs démarrent par un avancé (4 temps), marquent un arrêt au moment de se croiser (2 temps) puis vont rejoindre la ligne de danse opposée (4 temps) en saluant son partenaire sur le dernier temps. On revient à sa place en effectuant un traversé (8 temps) sans marquer d’arrêt lors du croisement.
« Balancez ! » On valse avec son partenaire (16 temps).
« Chaîne des dames ! »
Chaque cavalier va rejoindre la cavalière opposée (4 temps) pour entamer un nouveau valsé (12 temps).
« Au p’tit galop ! »
Le cavalier revient vers sa cavalière (4 temps) pour valser (12 temps).
« à vos places ! »
Valse pendant 16 temps.
« En avant pour les deuxièmes. Chaîne anglaise traversée, en avant-deux ! »
Même figure.

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Pastourelle

« En place pour la pastourelle. Pastourelle de mon côté, pastourelle en avant, en avant-deux ! »
Le couple (A) dont le cavalier est du côté du musicien (ou gavotteur) commence par un petit galop (4 temps) en direction du couple opposé, puis un valsé (12 temps). Pendant ce temps le couple opposé (B) se tient par le petit doigt.
« En avant-trois ! »
Sur la figure suivante, les deux cavalières font face au cavalier B en lui donnant la main (main droite dans main droite et main gauche dans main gauche) et le cavalier A lui fait également face en restant seul. L’avant-trois ainsi formé avance (4 temps), recule (4 temps) et marque un temps d’arrêt. On recommence l’opération sur les 8 temps suivants.
« Et aux trois autres ! »
Sans se lâcher les mains, le cavalier B fait faire un demi-tour aux cavalières pour qu’ils soient tous les trois dans le même sens, le cavalier A vient prendre les mains libres des cavalières. L’avant trois recule puis avance (8 temps), marque un temps d’arrêt et recommence l’opération (8 temps).
« Rond partout ! »
Après s’être déliés les bras (par dessus la tête), les danseurs forment un rond et progressent vers la gauche sur un pas de quadrille (16 temps).
« à vos places ! »
Chaque cavalier reprend sa cavalière et effectue un valsé tout en retrouvant sa place d’origine (la musique s’arrête lorsque le musicien estime que tout le monde est à sa place).
« Pastourelle de l’autre côté, pastourelle en avant, en avant-deux ! »
La seconde pastourelle s’effectue par le couple opposé (B) selon le même schéma, à ceci près que le rond ne se fait pas à quatre mais avec l’ensemble de la ligne de double front (« rond partout »).

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Poule

« En place pour la poule. Cavaliers de mon côté, cavalières de l’autre, en avant-deux ! »
Le cavalier (A) et la cavalière opposée (B) viennent à la rencontre (4 temps) et valsent (12 temps).
« Droite et main gauche ! »
Tout en restant au centre de la quadrette, le cavalier A et la cavalière B s’orientent perpendiculairement à la ligne de danse et se donnent la main droite pour se faire face. Ils donnent leur main gauche à leurs cavalier et cavalière respectifs. Nous avons donc une ligne de profil où hommes et femmes sont orientés de façon opposée, tout en se tenant les mains. Les cavaliers, sans lâcher les mains, reculent (4 temps), avancent (4 temps), marquent un temps et réitèrent l’opération sur les 8 temps suivants.
« En avant les mêmes ! »
Le cavalier A et la cavalière B valsent de nouveau (16 temps) au centre de la quadrette.
« Et rassemblez ! »
Puis le cavalier A accompagne la cavalière B à sa place (4 temps). La couple B valse directement. Le cavalier A vient rejoindre sa cavalière (4 temps) pour valser ensuite (8 temps.
« à vos places ! »
Valse pendant 16 temps.
« En avant pour les deuxièmes ! »
La seconde poule s’effectue par le cavalier B et la cavalière A selon le même schéma.

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Avant-quatre final

« En place pour l’avant-quatre final. Prenez-vous la main, en avant-deux ! »
Cavaliers et cavalières se donnent la main droite (main du cavalier dessous) avancent vers le couple opposé (4 temps) pour le saluer (1 temps) et reculent (4 temps) et se saluent respectivement. Ils renouvellent le mouvement (8 temps).
« Chaîne des dames ! »
Puis chaque cavalier va rejoindre la cavalière opposée (4 temps) pour valser avec (12 temps).
« Au p’tit galop ! » Les cavaliers vont retrouver leur cavalière (4 temps) pour valser (12 temps).
« à vos places ! » Valse pendant 16 temps.

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Trompeuse

« En place pour la trompeuse, en avant-deux ! »
Il s’agit de la répétition de la figure de « l’avant-deux » à laquelle on impose des temps d’arrêt tous les 8 temps. Les danseurs effectuent un léger saut afin de marquer cet arrêt. La durée de cette phase sans musique et sans danse est à la discrétion du sonneur (ou gavotteur) qui peut ainsi tromper à sa guise l’ensemble des danseurs.
« Balancez ! » est parfois annoncé à la place de « Au p’tit galop ! ».
« Et embrassez votre cavalière ! »


Technique de pas

  • Pour toutes les figures : le pas marché
  • Pour les balancés (valsés) : le pas de pivot avec deux tenues de bras (main sur épaule pour l’avant-deux et la trompeuse, bras tendu pour les autres figures)
  • Pour le « rond partout » de la pastourelle : le pas « quadrille »

Style

Les danseurs doivent être bien ancrés dans le sol (pieds à plat) avec beaucoup de souplesse au niveau des genoux afin d’assurer le côté rebondi de la danse.

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Accompagnement musical

Celui-ci est assuré par la voix (gavottage) ou par l’accordéon. Des paroles sont parfois utilisées sur l’avant-deux, la pastourelle ou la trompeuse. Compte-tenu des nombreuses annonces effectuées tout au long de la danse et des temps rajoutés pour les saluts, le sonneur ou chanteur doit véritablement faire office de meneur. L’origine des airs est assez diverse mais on peut notamment reconnaître l’influence du quadrille des Lanciers de Métra (première figure) sur le thème de l’avant-deux.

CD de référence

  1. Quadrille de Guénouvry-Conquereuil - chant - Séverine Bourdeau

Ressources

  • Danses de toutes les Bretagnes volume VIII - Les quadrilles de Haute-Bretagne - Kendalc’h
  • Enregistrement effectué à Châteaubriant en marge de l’enregistrement de Danses de toutes les Bretagnes volume VI - Le Pays de la Mée - Kendalc’h
  • Grands Interprètes de Bretagne volume 3 - CD entièrement dédié au Père Jean - Dastum

Le Père Jean en 1970 à la sortie de l’église de Nozay suite à un mariage.
Collection « La Pastourelle » de Jans
 

Remerciements

Rédaction : David Bourdeau
Captation vidéo : les danseurs de la Pastourelle de Jans qui ont su conserver cette danse et tous ses détails grâce à François Bourdeau, fondateur du groupe
R édaction de la partie « Origine et famille de danse » : Michel Guillerme
Coordination du projet sur les quadrilles de haute-Bretagne : Yvette Peaudecerf

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.