Aven 1948

Nous sommes à Elliant, en 1948, au mariage d’Anna et Edouard, en plein pays Melenig, terroir particulier du pays de l’Aven, qui tire son nom de la couleur jaune (melen) des broderies des anciens costumes masculins. Pas de costume traditionnel pour le marié. Son beau-père a gardé son chapeau et son chupenn, mais porte une veste de ville. Le costume de la mariée, composé d’une jupe, d’une camisole, d’un corselet est en velours noir agrémenté d’un tablier en crêpe de soie beige. La jupe, comme ailleurs, a raccourci au fur et à mesure des années, les mollets sont désormais visibles. Le col et la coiffe en dentelle de coton, à l’architecture complexe, constituée de deux ailes et de deux mentonnières épinglées en hauteur, emblèmes de ce terroir, ont atteint leur ampleur maximum. Mais, signe du temps, le coiffage des cheveux porte la marque des salons de «ville». La mère de la mariée porte un costume sobre de velours noir. Pour préparer son mariage, Anna est allée avec sa mère voir la repasseuse du bourg. Elles lui ont déposé les parures que l’une et l’autre porteront le jour du mariage. Le col, également appelé « collerette », est plissé de godrons, c’est-à-dire de petits ronds. Ces derniers s’obtiennent à l’aide de pailles de fétuque, une graminée que l’on trouve dans les prairies, souvent auprès des rivières et des points d’eau. Les tiges sèchent environ une année, puis sont coupées à dimension (une trentaine de centimètres). Ces pailles sont ensuite blanchies, nettoyées puis calibrées. Il en faut de 300 à 500 pour le gaufrage d’un col de l’Aven.

« Evit ober tiegezh mad
eo ret d ’ar vamm bezañ
koshoc’h evit an tad »