Fiche costume

Cap Sizun 1910-1950

Terroir

Cap Sizun

Groupe vestimentaire

Cap Sizun

Période étudiée

1910-1950

Rédacteurs

Cette fiche a été rédigée par Nadine Urvois, en 2015.



 
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Groupe vestimentaire

Le domaine kapenn, c’est-à-dire celui de la mode vestimentaire du Cap Sizun et de l’Île de Sein, n’a cessé de diminuer depuis le XIXe siècle, pour se réduire dans les derniers temps à six communes : Plogoff, Cléden-Cap-Sizun, Esquibien, Goulien, Primelin et l’Île de Sein.

Jeanne et Henri Meil en 1920, le jour de l’achat des alliances.
Collection Blandine Meil

Situation géographique et historique

Situé à l’extrême sud-ouest de la Cornouaille, le Cap fait partie de ce que l’on appelle la basse Cornouaille. Il compte douze communes riches de leurs différences, qui sont Primelin, Audierne, Esquibien, Cléden-Cap-Sizun, Plogoff, L’île de Sein, Goulien, Beuzec-Cap-Sizun, Plouhinec, Confort-Meilars, Mahalon et Pont-Croix. C’est le Goyen (rivière) qui sépare naturellement le Cap Sizun du pays Bigouden. Ce terroir a pendant longtemps été isolé, les seuls points de contact avec le reste du monde ne se faisant que lors de foires et marchés à Audierne et Pont-Croix.

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Costume féminin

Le corsage  - ar manchoù

Le corsage est généralement noir. C’est dans un premier temps le drap qui est utilisé pour sa confection, avant que le velours ne se généralise après la Première Guerre Mondiale. On le retrouve tout d’abord en bas de manches jusqu’à faire des corsages totalement en velours. Ceux-ci sont reconnaissables à leurs plis. En effet, les corsages du Cap possèdent deux rangées de trois plis à l’avant et une rangée de trois plis à l’arrière au milieu du dos. Les corsages de l’île de Sein sont les mêmes, mais il n’y a pas de plis dans le dos. Le corsage est agrafé devant, et une patte centrale vient cacher les attaches. Une petite dentelle noire, parfois perlée, vient habiller l’encolure du corsage ainsi que la patte de boutonnage. Certaines femmes l’appellent le « ruché ».

Le col  - kloieur

Il est placé sous le manchoù, lacé sous la poitrine et épinglé sur le manchoù. Seule la bordure du col est visible. Les cols les plus anciens sont en lin ou en mélange lin et coton, mais progressivement la dentelle s’impose. Et il est du plus grand chic de posséder un col en dentelle assorti à sa coiffe. A partir des années 1929, la forme des manchoù évolue un peu et on voit apparaître des manchoù avec des manches resserrées aux poignets (style gigot).

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Anna Yven de Plogoff, née vers 1885.
Collection Maryse Colin
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Jeune commerçante d'Audierne vers 1910.
Collection Nadine Urvois
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Jeune femme vers 1940.
Collection Nadine Urvois
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Manchoù de Goulien en velours dévoré, années 1935-1940.
Collection Nadine Urvois
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La jupe  - ar vrozh

La jupe est froncée à l’arrière et plate devant. Toujours de couleur noire, comme le corsage elle est faite en mérinos, puis en velours quand celui-ci devient à la mode. Avec le temps, on voit la longueur des jupes diminuer. Elles ne sont généralement ni brodées, ni perlées, sauf quelques rares exceptions chez des femmes très riches et qui voulaient imiter les modes voisines. Dans les dernières modes, les jupes et manchoù en velours frappé sont très en vogue.

Le tablier  - an tavañjer

Il s’agit ici de la pièce maîtresse du costume. Il est souvent en crêpe ou en satin et peut être brodé ou parfois perlé. Les tabliers moirés ou brochés ne sont quant à eux pas brodés. Il existe aussi des tabliers aux motifs imprimés (motifs floraux le plus souvent). Dans les dernières modes, les motifs géométriques de style art déco étaient très appréciés et un petit volant de dentelle a pu être ajouté aux tabliers. Toutes les couleurs pouvaient être utilisées pour les broderies, mais l’on retrouve très fréquemment une déclinaison de couleurs autour du rose et du violet. Le tablier possède souvent deux petites poches sur les côtés, en revanche il n’a pas de bavette sauf pour ceux qui étaient portés avec un châle (notamment sur l’île de Sein). Il n’y a pas de spécificité sur les tabliers de l’île de Sein, ils étaient semblables à ceux du Cap, avec en plus une bavette lorsqu’ils étaient portés avec un châle.

Les soeurs Alanou de Custren à Esquibien, en 1906.
Collection Hervé Thomas

La coiffe Kapenn

La coiffe s’est conservée dans un état de quasi pureté jusqu’à nos jours. Elle demeure l’exemplaire le plus archaïque des coiffes bretonnes. La coiffe de drap noir, qui est la coiffe de deuil du Cap est la plus ancienne de toutes, c’est d’un type semblable que sont issues toutes les coiffes aux aspects si divers qui existent en Bretagne. Cette coiffe n’a pas toujours été une coiffe de deuil, pendant longtemps elle était destinée à protéger plus qu’à orner, ensuite elle fut portée sur la coiffe de toile. La coiffe dite Kapenn, était confectionnée pour les plus anciennes en coton ou lin mélangé, puis en tulle et filet pour les plus récentes. Avant de poser la coiffe,  les cheveux sont retenus à l’aide d’un peigne et  de deux bonnets en satinette noire, pour les coiffes les plus anciennes un troisième bonnet blanc ou beige était ajouté. La coiffe comporte deux ailes qui sont repliées et épinglées au milieu de la tête. Leur largeur a diminué avec le temps. Pour entrer à l’église, mais également en cas de deuil on laissait tomber les ailes. Les coiffes les plus anciennes étaient en coton ou lin mélangé et leurs ailes étaient plus larges. Au début du XXe siècle, la coiffe recouvrait encore le front des femmes, puis après la guerre 14-18, la coquetterie a gagné quelques pas et la coiffe a reculé vers l’arrière en laissant apparaître de plus en plus largement les cheveux. Dans les modes les plus récentes, les coiffes sont en tulle ou en filet, brodées pour les grandes occasions. Un large lacet blanc resserre la coiffe et est noué à l’arrière avec un nœud plat qui cache le coulissage.

Les soeurs Alanou de Custren à Esquibien, en 1906.
Collection Hervé Thomas
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Martine Tanguy, d’Esquibien, première demoiselle d’honneur de la reine de Cornouaille en 1972, coiffée par sa grand-mère qui portait la coiffe tous les jours et qui a appris aux filles du cercle d’Audierne à se coiffer. On remarque le ruché sur le corsage. Collection Nadine Urvois
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Détails de costumes des années 1930.
Ruché en bord de tablier
Collection Nadine Urvois

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Détails de costumes des années 1930 .
Broderie richelieu et cordonnet
Collection Nadine Urvois
Odoo - Sample 1 for three columns
Détails de costumes des années 1930 .
Tablier de 1927, couleurs d’origine
Collection Nadine Urvois
Odoo - Sample 2 for three columns
Détails de costumes des années 1930.
Broderie au fil et chenille de velours sur un manchoù
Collection Nadine Urvois
Odoo - Sample 3 for three columns
Jibilinenn. Collection Nadine Urvois
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La coiffe de l’Île de Sein

Dans les temps les plus anciens, les femmes de l’île de Sein se coiffaient de blanc (ar palaür) et portaient des tabliers de couleur. La coiffe de deuil noire, dite « jibilinenn » (on trouve parfois le terme « chipilinenn »), ne devient coiffe habituelle qu’à partir de la catastrophique épidémie de choléra de décembre 1885 et janvier 1886. La coiffe se compose d’un bonnet de coton noir « bouned rik » qui enserre la tête et sur lequel on retrousse les cheveux en deux ou trois torsades et d’un second bonnet à coulisses. C’est cette coiffure que l’on garde à la maison, pour le travail… Couronnant l’ensemble, la jibilinenn en drap noir d’Elbeuf, avec sa large queue appelée « lostenn », et ses pans relevés et croisés sur le sommet de la coiffe sont retenus par des épingles à tête noire. Les femmes portant le deuil laissent pendre les pans de la coiffe, de même pour les femmes âgées.

Dernière mode de l’île de Sein, carte postale de Jean Kérisit d’Audierne.
Collection Nadine Urvois

Le châle

Il est principalement porté sur l’île de Sein. En mérinos noir, il pouvait être simple, ou bordé de dentelle pour les femmes les plus riches. Il est posé avec quatre plis à l’arrière
qui reviennent se croiser en trois plis sur la poitrine.

Î le de Sein, jeunes îliennes. Collection
Le Carton Voyageur
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Costume masculin

On trouve deux groupes d’hommes dans le Cap, les paysans « poch gwiniz » (sac de froment) et les pêcheurs « poch krank » (sac à crabes). Les paysans étaient mieux considérés dans la société que les pêcheurs. Ceux-ci portaient la tenue de marin pour tous les jours (vareuse et grand béret) et le costume de ville toujours avec le béret pour leur mariage. Les paysans quant à eux étaient reconnaissables grâce aux chapeaux à guides et gilets brodés.

Couple de l’Île de Sein vers 1920-1930.
Collection Ronan Follic
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Patron Guével et son fils Yves, pêcheurs d’Audierne vers 1920. Sur l’épaule, le père porte des « botoù kinoù », sabots-bottes. Autour des sabots on clouait des morceaux de vieilles voiles.
Collection Nadine Urvois
Odoo - Sample 2 for three columns
Couple d'Audierne, l'homme est en costume de ville avec béret.
Collection Nadine Urvois

Ressources

  • Creston René-Yves, Le costume Breton, Coop Breizh
  • Faussier Frédéric et Urvois Nadine, Costumes du Cap, Coop Breizh, 2017
  • Cornec Paul, Hyacinthe Le Carguet - Un passeur de mémoire en Cap Sizun, Editions du Cap Sizun, 2007
  • Talbot Jacques, Audierne et le Cap Sizun, Editions Alan Sutton
  • Goardon Henri, Le Cap Sizun autrefois, « Ar C’Hap gwechall », Editions LBS
  • Musée du Marquisat à Pont-Croix

Remerciements

  • Frédéric Faussier
  • Blandine Meil
  • Yannick Mener
  • Maryse Colin
  • Hervé Thomas