Fiche de danse

Galop de Basse-Indre

Terroir

Pays de Nantes - Basse-Loire

Vidéos et misique

 

Rédacteurs

Cette fiche a été rédigée par Michel Guillerme en 2012 et réactualisée en 2016, en collaboration avec Yvette Peaudecerf, qui a été désignée en tant que référente de cette danse. Elle a participé, avec d’autres jeunes du cercle celtique de Basse-Indre aux côtés de Jacques Praud, aux recherches sur le terrain sur les danses de Basse-Indre, Haute-Indre et Indret.


Contenu
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Famille de danse

Fonds moderne

Structure de la danse

Danse unique

Accompagnement traditionnel

Orchestre champêtre
Accordéon

Forme de la danse

Café de la Terrasse.
Collection Madelaine Guého-Chardron

Appellation

On retrouve le terme de « galop » dès 1825 pour ce qui concerne la danse comme partie non obligée du quadrille, mais venant en clôture de celui-ci. Le terme originel est « galopade » et se définit ainsi : « figure finale de la contredanse ». Les autres caractéristiques sont la vivacité et la pratique en couples. Ici, nous l’avons appelé de Basse-Indre, car c’est justement dans cette commune qu’il a été retrouvé et qu’il se pratiquait à la suite de son propre quadrille à cinq figures (traversée des dames, avant-quatre/avant-deux/avant-quatre, poule, pastourelle, boulangère.)

Situation géographique et historique

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Nous sommes là en « Basse-Loire », c’est-à dire la partie des territoires des rives de la Loire comprise entre Nantes et l’embouchure. Le terme d’« estuaire » n’est jamais évoqué. Il est à noter, car ceci ne se vérifie que très rarement, que la Loire en qualité de fleuve, ne représente aucunement une limite, une frontière, les danses par exemple se pratiquaient des deux côtés de l’eau. La zone d’extension va de Haute-Indre à Couëron (rive droite) et au Pellerin (rive gauche). À Sautron, limite nord de la Basse-Loire, le galop est inconnu. Oui, nous sommes là dans un pays de pêcheurs, on pêche principalement la civelle, le saumon, la lamproie, l’alose, et l’anguille... Et l’on passait allègrement et sans restriction d’un côté à l’autre du fleuve. Ce sont les femmes qui vendent le poisson, d’où cette armée, véritable caste, de poissonnières bonnes vivantes. Basse-Indre au début du XXe siècle était encore le plus grand centre de pêche de la Basse-Loire.

Informateurs, témoignages et transmission

C’est aux alentours des années 1960, au moment de la création du cercle celtique des Iles-d’Indre en 1963 autour de Jacques Praud, qu’ont été commencées les prospections. C’est ainsi que le quadrille et donc le galop ont été appris auprès de Monsieur et Madame Le Denmat de Basse-Indre et Monsieur et Madame Souchay de la Chabossière en Couëron. Monsieur Souchay pratiquait également l’accordéon.

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Occasion de danse

Quadrille et galop sont des danses, comme partout ailleurs en Bretagne, liées aux réjouissances (noces, bals...). On dansait près des quais, notamment au Café de la Terrasse, qui possédait une belle salle de danse et qui a été immortalisé en décor sur de nombreuses photographies de mariages.

Origine et famille de danse

Comme on le sait le quadrille dit « français », issu des contre-danses du XVIIIe siècle, a fait suite à ce qu’on appelait « pots pourris », c’est-à dire un assemblage de contredanses. Petit à petit, on formalise l’ensemble à cinq figures où sont obligatoires et dans l’ordre quatre figures : le pantalon, l’été, la poule, la pastourelle. La cinquième figure reste libre, mais c’est très souvent un galop (1850). Ici, particulièrement, le quadrille de Basse-Indre possède une cinquième figure, la boulangère, qui est une danse en rond et un ajout tardif. Ainsi, le galop peut très bien être dansé à la suite du quadrille ou seul, de manière indépendante.

P oissonnière nantaise.
Collection Michel Guillerme

Forme et structure de la danse

Il se pratique en cortège (déplacement dans le sens des aiguilles d’une montre) en nombre pair avec un couple meneur.

Tenue et mouvement de bras

La promenade

La cavalière se tient à la droite de son cavalier, main droite dans main droite, les avant-bras à hauteur de la taille, légèrement décollés du corps. Le bras gauche est ballant.

Le tourniquet

Les mains des danseurs s’accrochent « en chaise », main sur le poignet de la personne qui précède. Le bras gauche est ballant. Lors du salut, à la fin de la figure, les deux partenaires se tiennent main droite dans main droite et orientés de ¾ dans le sens de progression du cortège et non strictement face à face.

Aquarelle de P.C. Trigo (1850-1914).
Collection Michel Guillerme
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Figures

La danse se compose d’une promenade et d’une figure.

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Technique de pas

La promenade

Cette première partie se déroule en 16 temps, départ pied gauche. La progression s’effectue en pas subdivisés (gauche-droite-gauche, droite-gauche-droite...

Position des mains lors du tourniquet.         -La promenade. Photo extraite de "Danses de toutes les Bretagnes - volume VIII - Quadrille de Haute-Bretagne"

Le tourniquet

Il s’effectue sur 16 temps, départ pied gauche. Dès le temps 1 les couples impairs se retournent sur leur droite pour former rapidement avec les couples pairs un moulinet, alternativement homme/femme. Le pas est un pas sautillé (12 temps). A partir du temps 13, le moulinet « se défait », les couples se séparent et le cortège se reforme, le pas devient marché en quatre temps. S’ensuit un salut en deux temps, léger marqué du pied droit puis pose en avant du talon gauche, jambe tendue.

Position des mains lors du tourniquet.
-Le tourniquet. Photo extraite de "Danses de toutes les Bretagnes - volume VIII - Quadrille de Haute-Bretagne"
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Position des mains lors du tourniquet.
-Le salut. Photo extraite de "Danses de toutes les Bretagnes - volume VIII - Quadrille de Haute-Bretagne"

Style

Cette danse est une danse de Basse-Loire, ceci signifie que le style général est dit « chaloupé ». Ce style est nettement marqué dans la partie promenade, à savoir que le corps, effectue à partir du bassin un mouvement contrarié par rapport au buste et, en partie, à l’axe des épaules, l’ensemble avec une certaine « rondeur ». Le pas de la promenade est fait strictement à plat sur tous les appuis (ce n’est pas de la polka) et même on évoque un style « talonné », à savoir que la prise d’appui se fait d’abord sur le talon. La progression est constante, et les pieds sont toujours dirigés latéralement, et non orientés dans le sens de progression. L’homme est meneur et cela est manifeste dans sa tenue de bras, il mène sa cavalière franchement

Accompagnement musical

L’accompagnement est uniquement instrumental. Il varie sensiblement selon les époques. A la fin du XIXe siècle et jusqu’à la guerre 1914-1918, le petit orchestre champêtre (violon, piston, clarinette) accompagnait quadrille et galop. Par la suite, l’accordéon qu’il soit diatonique, plus tard, chromatique, l’a supplanté. Le jeu est coloré, vif et alerte. Le tempo est constant et se situe entre 100 et 110 noires à la minute.  Comme pour le quadrille, le galop pouvait être accompagné au piano mécanique.

CD de référence

  1. Galop de Basse-Indre - Accordéon - Yves Mornet - 2012

 
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Mode vestimentaire

Odoo - Sample 1 for three columns
Femme de Basse-Indre vers 1870.
Collection Madeleine Guého-Chardron
Odoo - Sample 2 for three columns
Dormeuse de Basse-Indre.
Collection Michel Guillerme
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Du point de vue des modes vestimentaires, l’ensemble du territoire du Comté nantais présente une très grande homogénéité, à l’exception de certaines modes spécifiques. Les modes vestimentaires en usage en Basse-Loire et tout particulièrement à Basse-Indre s’inscrivent parfaitement dans cette affirmation.
Les hommes de Basse-Indre pour se marier ou assister aux grandes cérémonies familiales, ont depuis fort longtemps adopté les modes citadines à l’instar de quasiment tous les hauts Bretons.
La mise des femmes pour leur mariage, ou ceux auxquels elles assistent et plus couramment pour sortir, est comme dit plus haut, fort ressemblante à celle des femmes des campagnes, bourgs et villes de ce vaste terroir qui va d’Ancenis à la Roche-Bernard, et du Grand-Fougeray à Clisson. Jusqu’au tout début du XXe siècle, la toilette a été complète.
Avant les années 1880, époque où apparaissent les caracos en satin ou soie, quelquefois très richement travaillés à la mode en vigueur, les femmes portent sur la plupart des photographies des caracos de couleur plus ou moins foncée en lainage, très ajustés, aux manches étroites et droites, et aux cols et emmanchures rehaussées de velours. Les jupes godronnées à l’arrière sont généralement noires, en beau lainage.

Couple de Basse-Indre vers 1870-1880. Collection Yvette Peaudecerf

Pour le mariage, il n’est pas rare de porter un châle blanc en tulle. Ce châle couvre les épaules et la pointe dans le dos dépasse à peine le haut de la jupe. Les autres châles plus couramment portés sont des pointes, fixés à trois ou quatre plis maximum. Le tablier de style nantais à grande bavette baleinée se fixant de part et d’autre des épaules, sur les plis du châle, termine cette mise. La coiffe appartient à cette grande famille des dormeuses qui n’est que particularités. Alors que tous les terroirs au nord de la Loire ont perdu leur dalais (dentelle sous le pignon), ici comme à Nantes et à Orvault il a été conservé. Une autre caractéristique est la passe, plus longue que partout ailleurs. Paillée, bien sûr, cette dormeuse présente un « méplat » sur le dessus. Enfin et surtout, on la reconnaîtrait entre toutes les familles par son pignon triangulaire rentré. La dormeuse de Basse-Indre est portée avec sa passe parfaitement appliquée sur le haut de la tête et le chignon non-natté fait relever le dalais sur les deux côtés, signe bien identifiable sur les photographies.
Le déclin de la toilette complète se produit au tournant des XIXe et XXe siècle et les jeunes femmes vont alors adopter « la taille », la tenue des bourgeoises et de celles qui les imitent.

Ressources

  • Guilcher Jean-Michel, La Contredanse - Un tournant dans l’histoire française de la danse, Editions Complexe et Centre National de la Danse, 2003
  • Vadon-Le Bras Catherine, Queuille Jean-Paul, Mémoire d’une ville - Nantes - Les Poissonnières, C.M. D. 9, 1998
  • Danses de toutes les Bretagnes, volume 8, quadrilles de Haute-Bretagne, Kendalc’h, 2014

Remerciements

  • Historique - Danse : Michel Guillerme avec la collaboration d’Yvette Peaudecerf
  • Costume : Michel Guillerme
  • Partition et tablature : Yves Mornet et Guy Burban

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.