Mariage à Ploubalay en 1910.
Collection : Marie-Thérèse Guyader
Situation géographique et historique
Le terme Poudouvre (pays des eaux) vient de l’association de deux mots bretons « plou » (paroisse) et « dour » (eau), ce qui semble assez évident quand on sait que ce terroir est délimité par deux rivières : la Rance à l’est, qui sépare le Poudouvre du Clos Poulet et l’Arguenon à l’ouest qui forme la frontière avec le Penthièvre. Le Poudouvre dépendait jusqu’à la Révolution de l’évêché de Saint-Malo.
Costume féminin
Dans le Poudouvre, le costume s’est perdu très tôt. Ainsi à la fin de la Première Guerre Mondiale les jeunes femmes ne portent déjà plus ni le costume, ni la coiffe. On peut retrouver localement quelques femmes en costume durant l’entre-deux guerres, mais cela tient surtout à la présence de repasseuses de coiffes dans le village.
Corsage
Dans les modes les plus anciennes et jusqu’aux années 1870 environ, les femmes portent un chemisier appelé camisole, en lin, sur lequel elles ajustent un corselet de couleur sombre (selon Lalaisse) (avec ou sans manche) lacé sur le devant. A partir de la fin du XIXe siècle, les femmes adoptent les modes citadines, ajout d’une guimpe, puis enfin caraco (ou taille) ajusté (souvent baleiné) à col montant orné de petits boutons de verre ou de dentelle.
Jupe ou « cotillon de d’ssus »
Au XIXe siècle, les jupes sont confectionnées en tiretaine (mélange laine et lin) à dominante bleue, même si d’autres couleurs ont également été utilisées (gris, rouge, violet…). Généralement cette tiretaine était obtenue à partir de la laine détricotée des chandails des terre-neuvas. Cette jupe très lourde et quasiment inusable était munie d’un large pli horizontal au niveau des genoux, appelé « gopte » qui servait de réserve de tissu et qui permettait de rallonger la jupe quand le bas était trop abimé. A la fin du XIXe siècle, la couleur noire se généralise, et la forme de la jupe évolue avec la mode du moment, on trouve notamment de nombreuses jupes à panneaux. Cependant, il n’est pas rare de trouver sur les photos des années 1900-1910 des femmes (souvent les plus jeunes et parfois même les mariées) portant des ensembles jupes et caraco de couleur claire (vert amande…).
Tablier ou « devantière »
Au milieu du XIXe siècle, les tabliers sont comme les jupes fabriqués en tiretaine, les couleurs restent sombres, mais toutefois un peu plus vive que celles des jupes. La fin du siècle voit l’apparition et la diffusion au début du XXe siècle de nouveaux tissus sur le marché comme le coton, la moire, la soie, le taffetas… Les tabliers portés lors de grandes occasions (mariages, cérémonies…) sont souvent plus travaillés et agrémentés de dentelles, broderies ou guipures… Le plus souvent, le tablier a une forme arrondie dans le bas, et de très nombreux petits plis marquent la ceinture qui est garnie de passementerie, dentelle, ou perle qui soulignent la finesse des plis. La piécette diminue avec le temps, jusqu’à totalement disparaître dans les dernières modes (vers 1910).
Châle
Les plus anciens témoignages que nous possédons font état d’un petit châle carré, en couleur avec des motifs, on peut notamment les voir sur les dessins de François-Hippolyte Lalaisse. Cette forme de châle a progressivement été abandonnée au profit d’un châle plus grand, tombant alors au niveau des reins, une fois plié. De forme carrée, il est systématiquement monté avec au minimum trois plis qui reviennent sur la poitrine et sont fixés sous la piécette du tablier. Ce sont les couleurs sombres (noir ou bleu nuit) qui prédominent. Les châles sont alors confectionnés en tissu broché, lainage léger ou velours et peuvent parfois être brodés. On peut noter la présence de quelques châles cachemire. Au tournant du XXe siècle, cette pièce disparait progressivement de la garde-robe des femmes du Poudouvre qui lui préfère la pèlerine ou le collet.
Femme de Pleudihen, coiffe de Plancoët.
François-Hippolyte Lalaisse, vers 1850
Les coiffes
Comme dans beaucoup d’autres terroirs, la coiffe en pays de Rance et Poudouvre est l’élément qui disparaît le dernier. Jusque dans les années 1950 quelques vieilles femmes ont pu porter la coiffe. Plusieurs coiffes différentes ont été portées dans le Poudouvre. Dinan apparait comme le carrefour de plusieurs modes. Ainsi, on retrouve des coiffes rennaises au sud-est (catioles et polkas), d’autres aux bonnets carrés s’apparentant aux coiffes Lamballe et Moncontour au sud-ouest du territoire, la cônette à la limite entre Poudouvre et Penthièvre et enfin le coq (aussi appelé loq) dans la plus grande partie de cette région.
Entre le milieu du XIXe siècle et le milieu des années 1950 la coiffe rétrécit énormément. Cependant cela n’a pas d’effet sur la coiffure qui reste la même. Il s’agit de deux tresses qui se croisent en bas de la nuque et sont ensuite remontées ensemble sur le haut de la tête. Un bonnet ou petite coiffe recouvre ensuite le sommet de la tête, un lien resserre l’ensemble et une mentonière vient se nouer sur le côté gauche du visage. La coiffe est ensuite posée sur cet ensemble, les deux ailes sont alors rebrassées et épinglées bout à bout entre elles à l’arrière. Le fond de la coiffe, aussi appelé cuve est particulièrement remarquable avec sa série de petits plis, qui lui donne l’allure d’une crête de coq. Enfin, pour finir l’ensemble un ruban libre de satin est ajouté à l’arrière de la coiffe et vient pendre élégamment dans le dos. Pour les modes les plus anciennes, l’ensemble est réalisé en toile plus ou moins grosse.
Jeune fille des bords de Rance portant la « barque renversée ».
Collection : Le Carton Voyageur
Collection : Marie-Thérèse Guyader
Collection : Marie-Thérèse Guyader
Collection Marie-Thérèse Guyader
Collection Marie-Thérèse Guyader
Collection : Le Carton Voyageur.
La coiffe portée est le coq.
Collection : Le Carton Voyageur.
La coiffe portée est le coq.
Progressivement, ce sont le tulle de coton et la dentelle qui s’imposent sur la coiffe, le filet brodé a aussi pu être utilisé. Les coiffes les plus anciennes possédaient des ailles de 15 à 19 cm de large et pouvaient atteindre un mètre d’envergure. Avec son rétrécissement la coiffe a changé de nom, et on retrouve alors l’appellation « barque renversée ». Au quotidien, les femmes portent uniquement le bonnet, qu’elles recouvrent parfois d’une « cravate », fichu noué au niveau de l’oreille gauche. Enfin, il est à noter qu’il existait des spécificités locales dans certaines communes pour le montage des coiffes.
Costume masculin
Collection : Le Carton Voyageur
Les femmes de gauche portent la "cravate".
Les hommes ont très tôt porté le costume de ville avec un chapeau de feutre en hiver ou un canotier de paille en été, les pantalons sont réalisés en drap du pays ou en tissu rayé gris ou noir. Nous pouvons toutefois mentionner le port d’une veste particulière jusqu’à la fin du XIXe siècle appelée le « touron ». Il s’agit d’une veste courte, souvent en drap marron, garnie de deux rangées de boutons et portée ouverte sur le gilet. La cravate est de mise, ou bien un petit noeud de ruban forme ficelle, mais aussi le « mouchoué d’cou » soigneusement plié. Certaines corporations (marchands de bestiaux, cultivateurs aisés) portent des blouses amples bleues ou noires. Enfin, il existait aussi autour de la Rance une petite corporation de gabariers qui portait un pantalon spécifique et assez remarquable afin de se protéger lors des manipulations de chargement : les braies. C’est en fait une sorte de pantalon large, non resserré et qui arrive au niveau des genoux.
Gabarier « La tenue des gabariers a toujours beaucoup amusé car en revêtant leurs vêtements d’un cotillon de grosse toile de lin écrue pour les protéger, ils semblaient «avoir mis leur caleçon pardessus leurs braies». La légende a permis d’expliquer cet étrange costume : une nuit de Noël, un gabarier fut pris de compassion pour l’ermite de l’île-au-Monie, privé de chauffage. Il décida donc d’aller lui-même ravitailler le pauvre moine en bois. Pour l’en empêcher, sa femme lui cacha ses braies. Mais le gabarier, têtu et courageux, partie quandmême «en queue de chemise». C’est en mémoire de cette oeuvre charitable que les gabariers perpétuèrent
cette tenue. » Extrait de «Mémoire en images, les bords de la rance maritime » de Béatrice Courtois aux éditions
Alan Sutton.