Fiche terroir
Clos-Poulet
Saint-Malo
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Le terroir
Le Clos Poulet, dont le nom est la contraction du latin Pou- Alet, est un terroir à trois façades maritimes : la Manche au nord, la Rance à l’ouest, et la baie du Mont-Saint-Michel à l’est. Avec le marais Saint-Coulban au sud de Châteauneuf, il est presque « clos ». Deux villes ont une très grande importance pour le terroir : Saint-Malo, capitale du pays à l’entrée de la Rance, et Cancale, dominant la Baie du Mont-Saint- Michel. Cette deuxième ville est devenue riche grâce à la drague des huîtres et à la pêche à Terre-Neuve. Les femmes dirigent alors le bourg et le port de la Houle, et tiennent leur franc-parler de cette époque. Le pays est de langue gallèse, mais certaines familles connaissaient également la langue bretonne. Diverses influences se ressentent d’ailleurs dans les chansons recueillies ainsi que dans les instruments demusique utilisés jusque dans l’entre-deux guerres.
Communes du Clos Poulet
Cancale
Châteauneuf d’Ille-et-
Vilaine (en partie)
La Gouesnière
La Ville-ès-Nonais
Saint-Benoît-des-
Ondes
Saint-Coulomb
Saint-Guinoux
Saint-Jouan-des-
Guérets
Saint-Malo
(regroupant les
anciennes communes
de Saint-Malo-del’Isle,
Paramé et
Saint-Servan-sur-Mer)
Saint-Méloir-des-
Ondes
Saint-Père-Marc-en-
Poulet
Saint-Suliac
L’économie
Pendant cinq siècles, la pêche à la morue sur les bancs de Terre-Neuve a assuré richesse et prospérité à tout le pays. L’ouverture économique et culturelle provient également du fait que ce terroir appartenait à la « ceinture dorée » de la Bretagne : dans cette « ceinture » étaient cultivés primeurs, pommes de terre, choux, artichauts... majoritairement destinés à l’exportation vers l’Angleterre (fin XIXe et première moitié du XXe). Les deux grands secteurs économiques qu’étaient la pêche à Terre-Neuve et la culture légumière ont généré d’importants mouvements migratoires, y compris depuis les terroirs voisins, influençant la culture locale.
Carte postale : « Saint-Malo - Les Terre-neuvas dans le port ». Collection Le Carton VoyageurL’architecture
Les constructions sont essentiellement en granite, roche très présente dans la région. Les hôtels d’armateurs, retrouvés principalement à Saint-Malo, sont très luxueux car une partie servait d’entrepôt ou de place de négoce et l’autre constituait la partie habitation. Les façades sont richement décorées, avec des « bossages », des moulures horizontales ou encore des « modillons ». Suite au désastre de la Deuxième Guerre Mondiale (80% de la ville de Saint-Malo intra-muros fût détruite), une seule maison à façade en bois reste visible, rue Pélicot.
Maison à façade bois de la rue Pélicot, Saint-Malo. PhotoBreizhtrotter
Les habitations les plus remarquables de ce secteur restent les gentilhommières, ou « malouinières » : par contraste avec les hôtels des villes, souvent exigus, ces habitations de campagne sont vastes et lumineuses, entourées de verdure. 112 malouinières ont été répertoriées lors de l’Inventaire National de 1975. Les fermes-manoirs traditionnelles, l’architecture militaire de Vauban et la fonction résidentielle sont autant de sources d’inspiration pour ces constructions. Certaines demeures sont modestes (type « vides-bouteilles »), tandis que d’autres sont beaucoup plus princières. Ces dernières comprennent entre autres une cour d’honneur, un colombier, une chapelle souvent accolée au mur de clôture du domaine, et des jardins à la française. De véritables petites routes, ou rabines, entourées d’arbres permettent de circuler dans ces domaines. Comme dans nombre d’autres terroirs, des constructions communes telles que les fours à pain ou les lavoirs existaient. Il y avait également trois types des moulins : à vent, à eau (ruisseau) et surtout des moulins à marée sur la Rance (les plus originaux).
Le costume
L’arrivée du chemin de fer et l’explosion des bains de mer sur la côte d’Émeraude ont fortement influé sur le costume des femmes, qui suit la mode de l’époque dès le début du XIXe siècle. Ces costumes sont caractérisés par deux éléments : les châles et les devantières. Les châles ont d’abords été courts, puis longs et toujours avec de nombreux plis. Ces deux éléments caractéristiques disparaissent progressivement pour ne conserver que la base du costume : les femmes sont alors dites « en taille ». Un troisième élément caractérise ce terroir : le bonnet godronné, au repassage complexe, qui constitue la base de la coiffe. Chaque commune possède un bonnet (ou serretête, ou béguin) qui peut se différencier par : le nombre et/ ou la taille des godrons, la forme du fond du bonnet (rond ou triangulaire) ou encore la façon de nouer la bride. Les dimanches et jours de fête, une coiffe appelée « coq » se fixe par-dessus ce bonnet de base : les ailes sont épinglées à l’arrière et le fond est saillant. Cette coiffe permet également de se différencier des communes voisines par des ailes tuyautées ou non, ou par la présence d’un ruban ou de deux rubans « chuppés » (croisés) sur le devant de la coiffe.
Les hommes suivent eux aussi la mode de l’époque pour les différents éléments de leur costume : couvre-chef (chapeau haut de forme, chapeau melon, canotier...), redingote, habit, gilet… Comme presque partout en Haute-Bretagne, le costume traditionnel est abandonné dès 1870.
Ci-dessous : « Saint Malo - Un coin de la Halle aux poissons » Collection Le Carton Voyageur
Les danses principales
• Quadrille balancé
• Avant-deux en double front des Clos
• Avant-deux en quadrette des Clos
• Danse du bâton
• Ronde du balai
• Rondes à s’embrasser
• Quadrille de Cancale
Les avant-deux et les rondes sont les principales danses retrouvées en Clos Poulet, même s’il existe aussi quelques quadrilles et pilotées. Entre noces, assemblées, fin des travaux agricoles (appelées « nicolailles » en Clos Poulet), dimanches après-midi et pileries de la place, les occasions de danse étaient nombreuses.
L’accompagnement musical
Du XVIIe au début du XXe siècle, le violon est l’instrument de musique par excellence pour les grandes occasions. Apparu à la fin du XIXe siècle, l’accordéon supplante définitivement le violon dans les années 1920. Lorsqu’il y a peu de danseurs, comme pour les pileries de places ou bien la danse en famille le dimanche aprèsmidi, la vielle et l’harmonica accompagnent également la danse. La vielle a probablement été importée par les saisonniers du Penthièvre et du Poudouvre.
Bibliographie
• Bourde de la Rogerie H., Mélanges bretons et celtiques, 1927
• Buffet Henri-François, En Haute-Bretagne : coutumes et traditions d’Ille-et-Vilaine, des Côtes du Nord gallèses et du Morbihan gallo au XIXe siècle, 1954
• Chalmel Théodore, Saint-Père-Marc-en-Poulet, 1931
• Clérivet Marc, Danse traditionnelle en Haute Bretagne : Traditions de danse populaire dans les milieux gallos (XIXe-XXe siècle), 2013
• Collectif, Mariages en Bretagne, page 28, Kendalc’h Coop Breizh
• Delon Ch., Les peuples de la Terre, 1890
• Petout Philippe, Demeures malouines, 2001
• Rochereau Pierre, Coiffes et costumes des bords de Rance, 1989
• Stein Annick, La maison dans sa région - La Bretagne, 1990
Collecteurs
• Années 1980-2010 : Michel Colleu, Pierrick Cordonnier, Bertrand Le Brelot
• Années 1950 : Claudie Dubois et Maguy Pichonnet
• Entre deux guerres : Simone Morand
• Collectages anciens, fin XIXe - début XXe : Lucien Decombe, Adolphe Orain, Eugène Herpin
Collection Le Carton Voyageur