Terroir
Le terroir de Plougastel est un des plus petits de Bretagne. En effet, seule la commune du même nom a des croyances, des costumes, des danses, des coutumes propres, qui se distinguent très nettement de ceux des terroirs environnants. Cette culture perdure même jusqu’à nos jours pour certains de ces aspects.
Commune du Pays de Plougastel
Plougastel-Daoulas
Situation géographique et historique
Plougastel est une paroisse de l’Armorique primitive fondée vers le VIe siècle. Au départ elle englobait les paroisses ou communes actuelles de Loperhet, Dirinon, Saint-Urbain, Saint-Thomas de Landerneau et le nord de Daoulas. Son bourg s’appelait Gwikastell. Le nom de « Plougastel » est mentionné pour la première fois au XIe siècle dans le cartulaire de Landévennec. Etymologiquement, ce nom signifie la « paroisse forteresse » en rapport à ses côtes, remparts naturels. Le nom de Daoulas y est accolé, bien que cette commune ne soit pas la plus proche, pour différencier de Plogastel-Saint-Germain commune du pays bigouden. Des indices témoignent du passé celtique de la presqu’île. En effet plusieurs menhirs sont disséminés sur le territoire et une statue du dieu de la fécondité se trouvait à la Fontaine Blanche, en réalité Feunteun Wenn, (ici gwenn signifie sacré et non pas blanc). Ce site est un exemple de la transformation de lieux de cultes païens en chrétiens lors de la christianisation de la paroisse. Plougastel est rattachée à l’évêché de Quimper depuis le XIIe siècle, elle est la paroisse la plus au nord des côtes de la Cornouaille. La commune limitrophe est Loperhet à l’est. Au nord, l’Elorn est la rivière qui sépare Plougastel de Brest. Pour rejoindre cette dernière à l’occasion des marchés, les Plougastels s’y rendaient tout d’abord en bateau, ce qui a entraîné plusieurs naufrages.
Famille de Plougastel vers 1930, par Raphaël Binet. Collection Musée de BretagneEn 1907 un bac à vapeur a été mis en place au Passage et enfin en 1930 le pont Albert Louppe a été construit suivi plus récemment en 1994 du pont de l’Iroise. Les Plougastels allaient également à Landerneau en chars-à-bancs pour se rendre aux marchés. De cet isolement séculaire, la commune a conservé de forts particularismes et traditions.
Le costume
La couleur des tissus est la première particularité que l’on peut citer en parlant des costumes de Plougastel. Certes les costumes bretons ont tous été colorés, mais Plougastel a conservé plus tard qu’ailleurs cet aspect. Il est vrai qu’à l’issue de la Première Guerre Mondiale les femmes ont adopté le noir, malgré tout, les hommes et les enfants ont gardé un vestiaire coloré. La multitude de couleurs existantes, dont l’association est parfois audacieuse, peut s’expliquer par le commerce maritime important au début du XXe notamment, et qui pouvait permettre un vaste choix de tissus. Les habitants de Plougastel étaient aisés financièrement, grâce à l’essor de la fraise, ce qui leur permettait d’acquérir plus facilement certaines étoffes.
L’autre particularité du costume de Plougastel réside dans le fait qu’il y ait seulement les habitants de la commune à le porter. Ce particularisme s’explique par le fait que Plougastel est une presqu’île, caractéristique géographique qui induit une plus faible influence culturelle des communes voisines. Les Plougastels sont restés très attachés à cette partie du patrimoine. Les hommes ont adopté des vêtements civils pour le travail pendant la Seconde Guerre Mondiale, cependant ils ont continué après cette période à revêtir leur costume lors de grandes occasions comme les mariages, les processions, les pardons. Un des derniers mariages où le mari et la femme portent le costume traditionnel date de 1957.
Beaucoup de fillettes portaient encore le costume au quotidien jusque dans les années 1950, mais le plus souvent sans le bonnet. Le dimanche et les jours de fêtes, les enfants endossaient l’habit traditionnel. Les femmes ont majoritairement porté le costume quotidiennement et jusqu’à leur mariage dans les années 1950-1960 (le dernier mariage avec la mariée en costume traditionnel daterait de 1965). Même au quotidien, toutes les pièces de costumes sont présentes, mais dans des matières plus simples. Seule la coiffe ne se porte pas journellement, simplement la sous-coiffe taledenn supporte les cheveux. Une partie des Plougastellenn a néanmoins porté le costume plus tardivement encore. En 1994, à l’initiative de Ouest France, une cinquantaine de femmes portant le costume traditionnellement sont photographiées. Les dernières d’entre elles se sont éteintes dans les années 2010. Le fait que le costume ait été porté plus tardivement qu’ailleurs permet de retrouver des pièces de la deuxième moitié du XXe siècle. Mais il n’est pas rare de découvrir des pièces ayant plus de cent ans, telles que des tabliers en pilpous, des krapoz et des gilets d’hommes colorés, grâce à l’esprit de conservation des Plougastels. En outre, il existe de multiples spécificités qui diffèrent des autres terroirs, dans la forme générale du costume, dans les pièces qui le composent, l’âge plus tardif qu’ailleurs auquel une fille quitte le bonnet pour la coiffe (vers 14 ans), par exemple.
Mariages collectifs
A la fin du XIXe et au début du XXe, Plougastel était célèbre pour sa culture de la fraise, pour son calvaire et pour ses mariages collectifs. La raison de ces mariages collectifs à date fixe est le rassemblement dans l’année de la célébration des mariages, contrainte par le rythme des travaux des champs (culture de la fraise) et les interdits religieux (le Carême, l’Avent, etc.). Ces astreintes laissent libres les mois de janvier et février pour célébrer les mariages, toujours un mardi. C’est pourquoi chaque année une vingtaine, une trentaine voire une quarantaine de couples s’unissaient le même jour à l’église, ce qui attirait une foule de curieux venus de Brest, des environs et même de Paris, dont des journalistes. Le spectacle était, disaient-ils, pittoresque. Il y avait environ 2 000 personnes à assister à cette attraction. Les mariages étaient arrangés grâce à un bazhvalan (bâton de genêt), ce négociateur réglait avec les deux familles les conditions du mariage. Fréquemment, des membres d’une fratrie épousaient les membres d’une autre fratrie. Sur la presqu’île, ce phénomène était appelé doubladenn pour deux couples et tripladenn pour trois couples. Cette singularité a valu à un homme de demander : « Pe hini eo va hini ? » (« Laquelle est la mienne ? »), le jour de son mariage, n’ayant jamais vu sa future femme auparavant. Cette tradition des mariages collectifs s’est prolongée tard sur la commune. Encore dans les années 1950 il était rare qu’il y ait un seul mariage le même jour à la même heure, par exemple, en 1931 sept mariages ont eu lieu le même jour et cinq mariages en 1954.
Danses principales
Les danses de Plougastel ont la particularité de commencer du pied droit pour la plupart. Jean-Michel Guilcher, dans La tradition populaire de danse en basse-Bretagne, a analysé la formule d’appuis de la gavotte dansée dans les communes cornouaillaises du nord de l’Aulne.
Mariés dansant la gavotte à Plougastel-Daoulas. Collection Le Carton Voyageur
Il définit précisément cette zone géographique au sud-ouest, à l’ouest et au nord-ouest en citant ses frontières naturelles (l’Aulne, la Rade de Brest et l’Elorn), les contours de cette zone étant plus flous à l’est. Il qualifie d’exceptionnelle cette formule d’appuis originale qui commence du pied droit, bien que le déplacement se fasse vers la gauche comme partout ailleurs.
Les danses principales collectées à Plougastel sont :
- La gavotte Plougastell, danse majeure du terroir, suivie généralement du bal, elle pouvait dans certaines occasions être clôturée d’un jibidi
- An Hini Vraz, gavotte des notables
- Dañs ar Seizenn, gavotte d’honneur ou danse des rubans, dansée en couples et qui faisait l’objet de concours, notamment lors des mariages.
Il existe sur le terroir Plougastell, plusieurs autres danses qui font partie intégrante du répertoire du cercle celtique Bleuniou Sivi depuis les années 1940. A l’heure actuelle, il devient de plus en plus ardu d’obtenir les sources pour ces danses.
- Dañs Ar Re Goz
- Gavotte Tinduff
- Torchou
- Montfarin
- Dañs an Elorn
- Gavotte Feuteun Wenn
- Piler Lann de Plougastel
Accompagnement musical
Le couple biniou-bombarde
Dans le récit de ses Missions, écrit en 1644, le Père Maunoir, évoque des danses au son du biniou et du hautbois à l’occasion de la récolte du lin à Plougastel, ce qui atteste d’un accompagnement instrumental dès l’Ancien Régime. Plus récemment, la presse écrite de la fin du XIXe et du début XXe témoigne de la présence du couple biniou bombarde qui jouait à l’occasion des mariages. Les musiciens accompagnaient le cortège le matin à la sortie de la messe puis après le repas et menaient la danse, comme ailleurs en Cornouaille à la même époque. Le dernier témoignage de la présence du biniou bombarde date de 1904, dans un article du journal Le Constitutionnel. Plusieurs articles font état de binious et bombardes enrubannés en 1902 et en 1904. Outre les témoignages écrits, plusieurs iconographies illustrent ces instruments.
L’accordéon
D’autres instruments ont accompagné la danse à Plougastel et le tournant du XXe siècle voit l’émergence de l’accordéon qui peu à peu supplante le couple biniou bombarde, comme dans bien d’autres terroirs. Jean-Michel Guilcher cite dans son ouvrage, La tradition populaire de danse en basse-Bretagne, deux Plougastels qu’il a collectés dans les années 1950, Jeanne Kerdraon (née en 1872) et Pierre Mallégol (né en 1876) « Nous avons connu l’accordéon avant le biniou. » « On voyait un sonneur peut-être tous les dix ans. » L’accordéon présente l’avantage d’accompagner seul les noces. Plusieurs photos dès les années 1910 attestent de la présence de l’instrument auprès des cortèges, également sur les photos de groupe du mariage. Le plus souvent l’accordéoniste n’est pas en costume de Plougastel. Dans un article paru dans Le Temps le 5 juin 1931, le journaliste parlant de tout autre sujet cite « l’accordéon de Plougastel » ce qui signifie que ce devait être un instrument typique. Un film produit par Pathé (société de production de cinéma française) suit une journée de mariage à Plougastel en 1931. Il y a deux noces ce jour-là. Après la sortie de la messe deux cortèges se forment avec chacun son accordéoniste. Les deux sont en civil, alors que les mariés et la plupart des invités sont eux habillés en costume traditionnel. Plus tard sur le film on assiste à la prise de la photo de groupe avec la présence de l’accordéoniste. Enfin, apparaît à l’image une scène de danse au cours de laquelle l’accordéoniste est filmé, jouant sur un accordéon chromatique touche piano. Son jeu semble très rapide et sans grande habileté technique. Il y a un montage dans le film, et on voit que l’autre accordéoniste joue également, mais nous n’avons pas le son.
Origine des musiciens
Sur chaque illustration collectée, que ce soit pour les sonneurs ou les accordéonistes, les musiciens sont en civil ou dans un costume d’un autre terroir. En effet, il semble que l’on faisait venir le biniou et la bombarde du pays Rouzig voisin pour les moments importants. Il existe un document pour corroborer ce fait : en 1895 a eu lieu un concours de sonneurs de couple à Brest, pour lequel concouraient 42 couples. Aucun couple de Plougastel n’y participe. En revanche il y avait des couples d’Irvillac, de Châteaulin, de Dinéault et deux du Faou à concourir. On faisait vraisemblablement aussi appel à des accordéonistes venant de communes alentour.
Accordéoniste devant le cortège des mariés. Collection Le Carton VoyageurLe chant
Dans les autres cas, la danse était accompagnée à la voix, au kan ha diskan (« kana da zañsal » dit-on à Plougastel), comme l’atteste Jean-Michel Guilcher dans sa thèse. Les chanteurs pouvaient s’installer sur un mur, sur une table ou être intégrés dans la danse.
Organisation sociale
La presqu’île a 157 villages divisée en six kordennad (cordelées) : Saint-Jean, Ilien, l’Armor, le Rozégat, le bourg campagne ou Feunteun Wenn, et le Douar-Bihan. Les découpages civils, tels que les sections de vote, ont adopté cette découpe ancestrale.
Il existe un autre système de division, les breuriezoù (que l’on peut traduire par ‘’frairies’’). La paroisse en comprend vingt-trois. Ce découpage ne tient pas compte des villages, parfois la moitié d’un village fait partie d’un Breuriez et l’autre moitié d’un autre. Les habitants d’un même Breuriez se doivent solidarité, aide et assistance. Par exemple lors d’un décès, un membre de chaque famille du même Breuriez que la personne décédée, ira à l’enterrement, même s’il s’agit de membre d’un village situé à plusieurs kilomètres. Idem pour les travaux des champs. Il n’y a aucune organisation interne, il n’y a pas de chef. Le 1er novembre, jour de la Toussaint, qui correspond à une fête celtique (Samhain) célébrant les morts, se déroule à Plougastel la cérémonie Gwezenn an Anaon (l’arbre des âmes), ou Gwezenn Avaloù (l’arbre à pommes). Cet arbre est taillé dans du houx ou du buis, dénudé et ses branches sont taillées en pic. Des pommes sont piquées sur l’arbre, la plus belle étant au sommet. Cet arbre a une grande valeur symbolique celtique puisque l’arbre est le symbole du savoir et plus particulièrement le pommier représente l’arbre de la vie éternelle dans les traditions celtes. Lors de cette cérémonie dédiée aux morts, la personne possédant l’arbre va faire le tour de l’assemblée composée des membres d’un même Breuriez, afin de le mettre aux enchères. Selon les Breuriez il y a des variantes, soit la personne mettant le plus d’enchères emporte l’arbre, soit dans certains Breuriez c’est prévu d’avance : une famille dont un membre est décédé dans l’année l’achète ou un couple n’arrivant pas à avoir d’enfant. L’argent récolté est destiné à célébrer des messes pour les morts du Breuriez de l’année. Une fois les enchères finies, le nouvel acquéreur prend l’arbre et l’ancien propriétaire prend la plus belle des pommes du sommet. Le nouveau propriétaire fait ensuite le tour pour distribuer les pommes à l’assistance.
Tous les ans l’arbre va de maison en maison. On ne retrouve de trace de cette tradition nulle part ailleurs en Bretagne, bien qu’elle devait y avoir lieu également. A Plougastel, elle s’est perpétuée jusqu’au cours du XXe siècle puis s’est étiolée avec le temps. A la fin des années 1970, l’Eglise s’est désolidarisée de ces pratiques relevant du paganisme et non pas du christianisme, ce qui a entraîné un arrêt de ces rassemblements après plusieurs siècles durant lesquels l’Eglise s’accommodait de cette tradition préchrétienne. Néanmoins les Plougastels ont relancé des Gwezennoù dans plusieurs Breuriez dans les années 1990, et depuis, tous les ans au moins trois Breuriez célèbrent l’arbre à pommes le 1er novembre.
Cérémonie du Breuriez à Kertanguy en 1954. Collection Daniel Gourvès
Architecture et patrimoine religieux
Les Plougastels étaient très croyants, cette ferveur se traduit par la présence de nombreux édifices à vocation religieuse.
Le calvaire
En 1598 une épidémie de peste s’est abattue sur Plougastel. Bien que de courte durée elle décima des villages entiers. La légende veut que le sieur de Kererault ait demandé à Dieu d’être le dernier à succomber, et ait fait le serment de faire ériger un calvaire si son souhait était réalisé. La peste cessa au moment de son décès le 27 septembre 1598, l’élévation de cet ex-voto fut donc entreprise et s’est achevée en 1604. Le calvaire est composé d’un soubassement en pierre jaune de Logonna et de personnages sculptés dans du granit de Kersanton : il s’agit de pierres venant de carrières proches. Polychrome au départ, ce monument est désormais nu, ce qui permet de percevoir la finesse de la sculpture dans les détails des personnages (barbe, cheveux, drapés de vêtements). Des scènes de la vie de Jésus sont représentées sur les quatre faces, elles ne sont pas regroupées dans un ordre chronologique, mais par thèmes. Cette œuvre dont l’auteur est inconnu a été classé monument historique en 1881. Au moment de la Libération de Plougastel les 23 et 24 août 1944 des bombardements se sont abattus sur la ville, l’église fut quasiment détruite, et le calvaire subit des dommages. John Davis Skilton Jr, lieutenant américain conservateur d’art dans le civil, fit mettre en sûreté les parties abimées. Il créa une association « Plougastel Calvaire Restauration Found » qui permit de restaurer le calvaire par le sculpteur Millet de 1948 à 1950.
Jeunes garçons devant le calvaire de Plougastel au début du XXe siècle, par Jean-Daniel René Valton. Collection Diane SoubigouLes chapelles
Sur la presqu’île il existe huit chapelles en plus de l’église du bourg : Saint Adrien, Sainte Christine, Saint Claude, Saint Guénolé, Saint Jean, Saint Languis, Saint Trémeur et la chapelle de Notre-Dame de la Fontaine Blanche (Feunteun Wenn). Du premier dimanche de mai au deuxième dimanche de septembre un pardon est célébré dans chaque chapelle. A cette occasion les habitants des alentours y assistent, hormis à l’occasion du pardon de Feunteun Wenn, dédié à la Vierge, le 15 août jour de l’Assomption, où toute la commune et même des personnes des communes environnantes, principalement Loperhet, viennent en masse. De plus, une multitude de petits calvaires sont parsemés dans la commune, notamment celui de Kroaz ar Vossen, la croix de la peste, située à l’endroit où se serait arrêtée la peste.
A gauche, les jeunes filles portant la statue de la Vierge et les bannières sont nommées les enfants de Marie et sont vêtues en blanc.
A droite, les femmes mariées portent la vénérée Sainte Anne. Collection Diane Soubigou
Langue
Plougastel est une commune où la langue bretonne a gardé une place importante jusqu’à nos jours. En effet une grande partie des enfants nés dans les années 1940 ont eu pour langue maternelle le breton. Ainsi il existe actuellement un assez grand nombre de locuteurs traditionnels. En outre, Plougastel est une des rares communes dont les habitants portent un nom breton, ainsi les habitantes de Plougastel sont appelées Plougastellenn et les habitants les Plougastels. Au niveau linguistique aussi il existe quelques particularités. Par certains aspects, le breton de Plougastel diffère de celui du pays Kernevoden et se rapproche du breton léonard. Par exemple « vous » se dit « c’hwi » en Léon et à Plougastel, et « fwi » à Loperhet. De plus le breton de Plougastel se différencie par le vocabulaire employé, et la prononciation de certains mots. En tout état de cause, au sein même de la vaste presqu’île qu’est Plougastel (elle occupe 16 km dans sa plus grande longueur, et 7 km dans sa plus grande largeur), des différences subsistent. Depuis les années 1990 plusieurs filières bilingues ont vu le jour à Plougastel de la maternelle jusqu’au collège, via les organismes Dihun (bilingue privé) et Div Yezh (bilingue public) et tout récemment à la rentrée 2017, Diwan (immersif), ce qui permet à la commune de Plougastel d’être classée dans les 10 premières villes bretonnes en terme d’élèves bilingues.
Activité économique
Le lin
Aux XVe et XVIe siècles la culture du lin et du chanvre et le commerce des toiles (en particulier des toiles fines dénommées « Plougastel blanches ») enrichit Plougastel, les toiles s’exportent jusqu’en Angleterre et en Hollande et dans la péninsule Ibérique, mais les manufactures créées par Colbert à partir de 1675 entraînent le déclin de cette activité toilière. Cette activité persiste toutefois aux XVIIe et XVIIIe siècles où la seule paroisse de Plougastel fournit encore 60 pièces de lin chaque semaine.
La fraise
Au milieu du XVIIIe siècle, Plougastel va connaître un bouleversement dans son agriculture, avec l’apparition d’une variété de fraise, la Blanche du Chili, rapportée par l’ingénieur en Génie maritime Amédée François Frézier d’une mission spéciale en Amérique du Sud en 1714. La terre de Plougastel est propice à la culture de la fraise, en effet elle est argileuse, le climat de la presqu’île est doux et protégé des vents par la rade de Brest. La culture de la fraise et son commerce vont alors connaître un essor, et vont faire la réputation de Plougastel en France et à l’étranger. La seule commune produisait près du quart de la production française de fraises au début du XXe siècle.
Les activités maritimes
Presque tous les habitants étaient agriculteurs. Pour la plupart d’entre eux, ils vivaient toute l’année sur le produit de la vente de leurs fraises dont la production ne dure que quelques mois. Certains d’entre eux avaient une activité parallèle l’hiver, la pêche à la coquille Saint-Jacques. En effet il n’était pas rare qu’un homme soit marin-pêcheur et agriculteur. Les nombreux ports : le Caro, Pont Callec, Porz Meur, L’Auberlac’h, Tinduff, accueillaient les coquillers. La propriété du maërl et du goémon pour la fertilité du sol fut découverte à la fin du XIXe siècle. Leur ramassage occupait certains bateaux d’octobre à avril. Cette double activité agricole et maritime valut à Plougastel sa devise « War Zouar ha War Vor » qui signifie « Sur Terre et Sur Mer ».
Pêche à la coquille Saint-Jacques en rade de Brest en 1955. Par Henrik Vandenlerberghe (DR), retouchée par René Cohat. Collection Jean-Louis KeromnèsSources
- Bodénès Louis-Marie, Plougastel-Daoulas, ses villages, ses traditions, 1978
- Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en basse-Bretagne, 1963
- La Borderie Arthur de, Le cartulaire de Landévennec, coll. « Histoire de Bretagne », 1889
- Parades Bernard de, Plougastel-Daoulas, illustré et édité par Jos Le Doaré, n°32 de la collection « Reflet de Bretagne », 1954
- Quintin Marie-Joseph et Hervé, Les Fraises de Plougastel, 2004
- Quintin Marie-Joseph et Hervé, Le Pays Plougastel, 2010
- Les Amis du Patrimoine de Plougastel, Plougastel-Daoulas - Patrimoine architectural et statuaire, 1987
- La Vie Illustrée du 22 janvier 1904 n°275 – « La cérémonie annuelle des mariages à Plougastel-Daoulas »
- Musée de la Fraise et du Patrimoine de Plougastel