Famille de danses
Gavotte,
quadrille,
rondes
Structure de la danse
Suite bipartite,
Danses uniques
Accompagnement traditionnel
Couple kozh
Chant
Accordéon chromatique
Formes des danses
Situation géographique et historique
Situé à l’extrême sud-ouest de la Cornouaille, le Cap fait partie de ce que l’on appelle la basse Cornouaille. Il compte douze communes riches de leurs différences, qui sont Primelin, Audierne, Esquibien, Cléden-Cap-Sizun, Plogoff, L’Île de Sein, Goulien, Beuzec-Cap-Sizun, Plouhinec, Confort-Meilars, Mahalon et Pont-Croix. C’est le Goyen (rivière) qui sépare naturellement le Cap Sizun du pays Bigouden. Ce terroir a pendant longtemps été isolé, les seuls points de contact avec le reste du monde ne se faisant que lors de foires et marchés à Audierne et Pont-Croix.
G A V O T T E D U C A P
Appellation
Cette gavotte est appelée gavotte du Cap, car pratiquée
dans le Cap Sizun. Certains anciens danseurs se souviennent d’avoir nommé cette danse la gavotte « tournéevirée », en lien sans doute avec les figures.
Informateurs, témoignages et transmission
• Les Korollerien, groupe de danse d’Audierne, créé en
1954 par monsieur Jamet
• Le cercle Askol Glaz d’Audierne, crée en 1967 par
Joël Le Gall
Occasion de danse
Comme partout en Bretagne, chaque rassemblement de
population est une occasion de danse (fêtes, mariages,
grands travaux, foires…).
Origine et famille de danse
Il s’agit d’une gavotte avec une subdivision en 3 et 4, que l’on peut rattacher à la famillea des gavottes du sud Cornouaille et notamment à la gavotte bigoudène. En effet, au début du XXe siècle, la gavotte du Cap n’apparaîssait pas comme différente des gavottes du pays Bigouden (danse en cortège de couples, même subdivision…). Au fil du temps, les habitants du Cap Sizun ont sans doute ressenti le besoin de se démarquer et on fait évoluer leur danse.
Forme et structure de la danse
La gavotte se danse en couple le cavalier à gauche, la cavalière à droite, et forme ainsi un cortège. De leur main libre, les femmes tiennent discrètement leur tablier, alors que les hommes tiennent leur vareuse (ou gilet) ou parfois replient leur bras libre dans le dos. Cette gavotte possède deux figures (le tourné et le viré) qui se réalisent alternativement une fois sur deux. Le quadrille quant à lui se danse en ronde de deux couples.
Technique de pas : la gavotte
La gavotte possède deux figures réalisées alternativement : le tourné et le viré.
1e figure : le tourné
Temps 1 : la jambe droite est tendue vers l’avant avec une légère flexion pour effectuer un talonné (posé). L’amplitude du mouvement ne doit pas être exagérée. Il s’agit d’un appui fictif du pied droit. Le pied gauche reste en appui au sol.
• Les bras montent au niveau de la poitrine, le coude légèrement plié et vers le bas.
Temps 2 : changement d’appui avec un tombé sur le pied droit (appui réel du pied droit). Le pied gauche reste légèrement en arrière.
• Les bras descendent (balancement).
Temps 3 et 4 : petits pas : gauche - droite - gauche. Lecavalier et la cavalière, tout en continuant la progression, s’orientent afin de se retrouver face à face au temps 4 pour le salut. Ce salut ne doit pas être forcé.
• les bras remontent (balancement), « s’arrêtent au milieu » sur le temps 3. Au temps 4 , le bras suit le mouvement du corps (cavaliers face à face) sans exagération en allant légèrement vers l’arrière. Le mouvement est dynamique mais le salut est discret.
Temps 5 - 6 - 7 - 8 : tourné en pas marché bien posé et sans précipitation : droite - gauche - droite - gauche. Le tourné s’effectue vers l’extérieur pour le cavalier (sens antihoraire) et pour sa cavalière (sens horaire). Le mouvement de bras permet de donner l’élan pour la figure.
• Les danseurs se lâchent les bras pour effectuer la figure (prise d’élan). Les bras restent au niveau de la poitrine.
2e figure : le viré
Temps 1 : la jambe droite est tendue vers l’avant avec une légère flexion pour effectuer un talonné (posé). L’amplitude du mouvement ne doit pas être exagérée. Il s’agit d’un appui fictif du pied droit. Le pied gauche reste posé au sol.
• Les bras montent au niveau de la poitrine, le coude légèrement plié et vers le bas.
Temps 2 : changement d’appui avec un tombé sur le pied droit (appui réel du pied droit). Le pied gauche reste légèrement en arrière.
• Les bras descendent (balancement).
Temps 3 et 4 : petits pas : gauche - droite - gauche. Le cavalier, tout en continuant la progression, se prépare
pour faire tourner sa cavalière.
• Les bras remontent naturellement au temps 3 puis redescendent au temps 4.
Temps 5 - 6 - 7 - 8 : le cavalier fait tourner sa cavalière sous son bras (sens antihoraire). Elle tourne en gardant le pas : droite - gauche - droite - gauche. Le mouvement est plus souple. Pendant le tourné, l’homme marque le pas sur place.
• Les bras montent pour faire tourner la cavalière (sens contraire des aiguilles d’une montre). Le garçon fait glisser la main de sa cavalière dans la sienne sans la lâcher, les mains restent toujours en contact pendant cette figure. Les danseurs attendent le temps 1 suivant pour reprendre leur position de main initiale. La danse progresse jusqu’au temps 4. La progression doit rester modérée.
Q U A D R I L L E D U C A P
Technique de pas : le quadrille
Dans le Cap, la gavotte est suivie d’un quadrille, qui se rapproche de ce que l’on appelle communément le bal à 4. Pour le quadrille, les couples se retrouvent par deux afin de former des petites rondes fermées de 4 personnes. Il se compose d’une balade (de 16 temps) et de deux figures (de 32 temps). Les deux figures sont dansées alternativement.
Balade
Elle se fait sur 16 temps en pas de gavotte normale avec une subdivision en 3 et 4. Les bras se balancent. Au temps 16, les couples se retrouvent face à face.
1e figure : traversé (schéma)
A la fin du 16e temps de la balade, les couples sont face à face.
Temps 1 à 4 : cavaliers et cavalières se lâchent et traversent en croisant le couple d’en face. Les cavalières passent à l’intérieur et les cavaliers à l’extérieur. Chacun avance sur 4 temps en gardant le pas de la gavotte.
Temps 5 à 8 : le cavalier et la cavalière se retrouvent et pivotent à deux pour se retrouver à la place de départ de l’autre couple. Pour le tourner la cavalière avance et son cavalier recule, il l’accompagne en la prenant par la taille (bras droit du cavalier dans le dos de sa cavalière). Ils se tiennent main gauche dans main gauche à hauteur de poitrine. Cette figure dure 32 temps, elle est donc répétée 4 fois. Sur les deux derniers temps de la figure, les couples reprennent
leur place dans la ronde et donnent une impulsion avec les bras d’avant en arrière avant de repartir sur la balade.
2e figure : permutation des cavalières
Temps 1 à 4 : les couples reculent progressivement en se tenant main droite (de l’homme) dans main gauche (de la femme). Cavalier et cavalière se retrouvent face à face au temps 4 et se saluent.
Temps 5 à 6 : les couples reviennent.
Temps 7 à 8 : le cavalier lance sa cavalière en donnant une impulsion pour la faire tourner, celle-ci pivote sur le pied droit au temps 7 et 8, pour faire un demi-tour en reculant. et se retrouve donc avec l’autre cavalier. Les cavalières font un demi-tour en se croisant face à face.
Pour les 8 temps qui suivent, les nouveaux couples formés reculent 4 temps (cavalier et cavalière se retrouvent face à face comme dans les 4 premiers temps), puis avancent sur 4 temps en saluant le couple d’en face au temps 8. Les couples refont une seconde fois ces 16 temps, à la fin de cette figure chaque cavalière a retrouvé son cavalier initial. Sur les deux derniers temps les couples se remettent en ronde, et donnent une impulsion des bras d’avant en arrière, comme pour la figure précédente.
Style
Cette gavotte garde l’esprit des danses de basse Cornouaille. La danse est dynamique. Les mouvements ne doivent pas être exagérés (ni trop grands, ni trop secs), ils restent fluides et posés. Le style des hommes est plus prononcé que celui des femmes qui sont plus dans la retenue et l’élégance.
Accompagnement musical
Le chant était l’accompagnement le plus utilisé dans la presqu’île du Cap Sizun. Toutefois lors d’évènements importants (mariages, processions…) des couples de sonneurs (biniou/bombarde) venaient de Quimper et du pays
Bigouden pour animer les fêtes. Malgré une forte implantation des sonneurs de couple en basse-Bretagne, le Cap Sizun ne possédait pas de sonneurs à demeure. Après le chant et les sonneurs, c’est bien plus tard que l’accordéon chromatique a fait son entrée dans l’animation des noces,
fêtes de villages… Le tempo de la gavotte et du quadrille est le même, c’est-à-dire environ 145 noires à la minute.
D A N S E R O N D E
Cette danse est communément appelée « ronde à trois pas » dans les autres régions. C’est une danse que l’on retrouve sur tout le littoral breton, dans le pays Bigouden elle s’appelle « rond Bigouden ». Dans le Cap on lui a donné le nom de « danse ronde », à ne pas confondre
avec la dañs round.
Technique de pas
Temps 1 : pied gauche vers la gauche
Temps 2 : on ramène le pied droit
Temps 3 : pied gauche vers la gauche
Temps 4 : on ramène le pied droit, mais sur 1 temps et demi et on finit pieds joints. On peut compter deux croches noires, soit G D G GD (joints).
Tenue et mouvement des bras
Les bras balancent normalement. Au temps 3 ils sont remontés au niveau de la poitrine et vont deux fois vers l’arrière, pendant le temps qui correspond au deuxième ramené du pied droit. Ce mouvement fait penser aux gestes que font les rameurs.
Tri martolod
R O N D D E L ’ Î L E D E S E I N
Chacune des îles du Ponant a son rond, elles varient peu d’une île à l’autre. Le rond de l’île de Sein comprend une partie balade et une partie figure.
Balade
En rond, le déplacement est latéral, le corps légèrement tourné vers la gauche. Les bras se balancent et accompagnent le déplacement. Sur la reprise de la dernière phrase, on accélère le mouvement en petits pas courus (en suivant la musique).
Figure
Le rond devient un cortège qui tourne dans le sens des aiguilles d’une montre. À la fin de la reprise de la dernière phrase, le cavalier lâche sa cavalière de gauche pour se tourner vers le centre et sans lâcher sa cavalière il la prend par la taille. La cavalière tient également son cavalier par la taille. Le cortège tourne en pas d’écoliers. A la fin du refrain, le cavalier se place à droite de sa cavalière. Durant toute la chanson il changera de cavalière à chaque refrain.
Le p’tit matelot
D A N S E D E S C U I S I N I È R E S
La danse des cuisinières serait une survivance des anciennes danses de glaives que l’on rencontre dans les pays d’origine celtique. En Auvergne par exemple on la retrouve sous une forme assez proche, réalisée avec des bâtons ou des foulards. En Cornouaille elle est également présente en pays Rouzig sous le nom de « danse des baguettes ».
1e figure (danse à deux)
Partie A (16 temps)
Les partenaires, face à face, tiennent dans chaque main l’extrémité du torchon, les mains au niveau de la poitrine. Les danseurs « rondent » à gauche, en pas de gavotte en 3 et 4, les mains toujours au niveau de la poitrine. Sur les premiers 8 temps, chacun avance d’un demi-tour et au
16ème temps chacun a retrouvé sa place.
Partie B (16 temps ou quelquefois 32 temps selon al fantaisie des sonneurs)
Sans lâcher les torchons et en les gardant bien parallèles, les deux partenaires pivotent sur eux-mêmes, toujours en pas de gavotte. Les bras sont élevés jusqu’au-dessus de la tête lorsque les danseurs sont dos à dos, ils s’abaissent lorsqu’ils sont face à face. Les bras dessinent un cercle.
2e figure (danse à trois)
La danse à trois s’effectue comme la danse à deux en pas de gavotte. Avec son torchon, une cavalière rejoint un couple. Chacune des deux danseuses tient le torchon de la main droite.
Motif A
Reprise du mouvement de la figure à deux, mais à trois. Le bras gauche des filles tient le tablier.
Motif B
Passage des filles (pont) : sur les 8 premiers temps le cavalier fait passer sa cavalière de droite dessous pendant que la cavalière de gauche passe dessus, tout le monde allant en face en même temps. On inverse le mouvement du 9e au 16e temps.
3e figure
Reprise de la figure à deux.
4e figure
Reprise de la figure à trois avec l’homme du deuxième couple.
CD d’accompagnement
1. Gavotte du Cap - chant - Erwan Tanguy et Raymond Le Lann
2. Gavotte du Cap - couple kozh - Kervarec-Gonidec à la Noz Kalon 2017 à Quimper
3. Gavotte du Cap - bagad Beuzeg ar C’hab
4. Quadrille du Cap - couple kozh - Kervarec-Gonidec à la Noz Kalon 2017 à Quimper
5. Quadrille du Cap - bagad Beuzeg ar C’hab
6. Danse ronde - chant - Erwan Tanguy et Raymond Le Lann
7. Danse ronde - bagad Beuzeg ar C’hab
8. Rond de l’île de Sein - chant - Erwan Tanguy et Raymond Le Lann
9. Danse des cuisinières
Mode vestimentaire
Le costume du Cap Sizun et de l’Île de Sein se compose d’un corsage le plus souvent noir, agrémenté de deux rangées de trois plis verticaux à l’avant et d’une discrète
dentelle qui en habille l’encolure. Un col blanc, dont seule la bordure est visible, est placé sous le chemisier. La jupe, froncée à l’arrière, tend à raccourcir avec le temps. Un châle pouvait aussi agrémenter le costume mais plutôt sur l’Île de Sein. Enfin, le tablier finit l’ensemble, c’est en général la pièce la plus riche du costume. La coiffe appelée Kapenn, possède deux ailes qui sont relevées et épinglées au-dessus de la tête. Les hommes du Cap, portent selon qu’ils vivent sur la côte ou plus dans les terres le costume de pêcheur ou de paysans.
Ressources
• Musée du Marquisat à Pont-Croix
• Talbot Jacques, Audierne et le Cap Sizun, Ed. Alan Sutton
• Goardon Henri, Le Cap Sizun autrefois, « Ar C’Hap gwechall », Ed. LBS
• Dossier stage terroir Kendalc’h, Le Cap Sizun, janvier 2004
Remerciements
• Raymond Le Lann et Erwan Tanguy
• Frédéric Faussier
• Gildas Le Bihan
• Pierre-Marie Kervarec et René Gonidec
• L’ensemble des Bruyères de Beuzec-Cap-Sizun