Fiche de danse

Gavotenn War ar Zeienn

Terroir

Pays Rouzig - Kernevodez

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Cette fiche de danse a été rédigée en 2018 à partir des éléments soumis par Gilles Le Goff. Elle est le fruit de ses recherches et collectages débutés en 1967.

 
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Famille de danses

Gavotte

Structure de la danse

Danse unique

Accompagnement traditionnel

Binioù Kozh-Bombarde
Accordéon diatonique ou chromatique
Accordéon accompagné de cuivre(s) sous forme de jazz band

Forme de la danse

Ci-contre : concours de gavotte Kernevodez war ar zeienn à Rumengol à Pâques 1947, par Fañch Pérès et Louise Jacq. Captures d’écran d’un film de l’abbé Bothorel, collection Gilles Le Goff

Appellation

Gavotenn war ar zeienn (seizenn = zeienn en dialecte cornouaillais) qui signifie « gavotte sur les rubans » est une gavotte de concours. On retrouvait cette forme de gavotte sur tout l’ouest de la Cornouaille, du pays Glazig à Plougastel, sous les noms de gavotenn war ar butun, dañs ar mouchouer, gavotenn war ar prizioù selon les secteurs, et actuellement, hélas, dans les cercles celtiques sous l’appellation erronée de « gavotte d’honneur », terme qui désignait les grandes gavottes en cortèges de quadrettes dansées lors des mariages et cérémonies en l’honneur des mariés ou personnalités. La tradition était de remettre des rubans de différentes couleurs aux couples de danseurs. Danser « sur les rubans » c’est donc danser dans le but de gagner les rubans distribués aux meilleurs couples durant la danse, ces rubans étaient remis aux juges après la danse afin d’obtenir des prix (bien que Gilles Le Goff précise que des mouchoirs avaient remplacé les rubans lors des derniers concours fin des années 1960--). Ces rubans de diverses couleurs représentaient les trophées du concours et chaque couleur en fonction du classement permettait de gagner divers cadeaux :
• Pour les hommes : paquets de tabac, bouteilles de bon vin…
• Pour les femmes : paniers garnis, mouchoirs, épingles, tabliers du dimanche, paquets de café, boites de gâteaux… Mais jamais d’argent. Dans une émission radio avec Charlez Ar Gall en 1969-1970 à Rumengol, Marie-Jeanne Deniel lui avait confié qu’à son dernier concours à Rumengol, elle avait gagné un « disglavier » : un parapluie. Dans le livre de Jean- Michel Guilcher, La tradition populaire de danse en basse- Bretagne, dans lequel la gavotte du nord de l’Aulne est longuement décrite, un paragraphe est consacré à la gavotte de concours sous l’appellation de « dañs war ar seizenn ».

Situation géogaphique et historique

Odoo image and text block                 Zone connue de pratique de la danse et de son extention possible

Le pays Kernevodez ou Kernevodenn se situe au nord de la Cornouaille, sur le versant ouest des Monts d’Arrée entre Aulne et Elorn jusqu’au bord de mer avec le pays Rouzig au sud, le Léon au nord, le pays Bidar et le Poher à l’est. La zone de danse de la gavotte Kernevodez se limite aux communes de Daoulas, Logonna-Daoulas, L’Hôpital-Camfrout, Irvillac, Hanvec, Le Faou, Rumengol (rattachée en 1970 à la commune du Faou), Saint-Eloy, Saint-Urbain, Dirinon et Loperhet. Les communes de Hanvec et Rumengol, où ont été réalisés beaucoup de ces collectages, se trouvent en plein coeur du pays Kernevodez. La forêt du Cranoù, vendue à Louis XIV par les seigneurs locaux du XVIIe siècle pour construire la flotte royale, fut un centre de brassage de population car le roi fit venir ses bûcherons des forêts de Camors (56) et du Gâvre (44) ainsi que d’autres forêts du royaume (renseignements fournis par monsieur Le Foll, instituteur de Rumengol et passionné d’histoire locale). Le travail du bois attirait aussi de nombreux sabotiers et bûcherons venus de communes plus lointaines-(Scaër, Châteauneuf du Faou, Edern) ceci jusqu’en 1900 environ. Les pardons de Rumengol, très populaires, où se vendaient les chansons sur feuilles volantes, drainaient aussi des milliers de pèlerins, des commerçants, des mendiants...

Informateurs, témoignages et transmission

À Rumengol (prononcé en breton du pays « Reminngol »)
• Jean-Marie Brenaut, dit Janhic Vras (1878-1970), bûcheron et sonneur de biniou, du Cosquer
• Marie-Anne Brenaut, fille de Jean-Marie Brenaut (1909-2012), épouse Abalain
• Hervé Jauny (1905-1971), menuisier, Gorrequer
• Marie-Jeanne Deniel, dite Mar’Jan, (1892-1978), ménagère au haut du bourg, épouse de Fañch Bonniven
• François Pérès, dit Fañch, agriculteur, Gorrequer
• Marie Morvan (1900-1990), agricultice, Gorrequer, épouse de Fañch Pérès
• Louise Morio (1895-1972), madame Jacq, Pennavoas
• Vincent Deniel, dit Visant ar ‘Hosper, agriculteur, Lincosper
• Maryvonne Jauny, dite Maryvonne paotr yac’h, vendeuse de cierges, bas du bourg
• Louis Béon (≈1900-≈1980), sabotier, de Kerlavarec
• Marie Pérès, dite Pèch (1890-1981), couturière au bourg
• Francis Le Bour, dit Cissebour, bas du bourg
• Marie Buzaré, épouse Perrigaud, bas du bourg
• Françoise Guillerm, dite Soaz Cheun, (≈1900-≈1980), ouvrière au bourg
• Charles Le Lann, dit Charlot, débit de boisson, le bourg et Jeanne Guillerm, dite Jannik Cheun, son épouse
À Hanvec
• Hervé Le Menn, dit Veig ar Menn (1899-1973) de Pennarunn
• Yves Le Cann, dit Cheun ar C’hann (1915-1980), instituteur au bourg
• Marianna Morio (1913-2004), journalière agricole de Kervel
• Marianna Leroy (1900-1985), ménagère de Kroaz Hent Boudouguen
• François-Marie Galéron (1907-2010), agriculteur de Kernellac’h
• Francoise Salaun, dite Soaz (1912-1998), le bourg
• Marguerite Hétet, dite Marc’harid Maréchal, (1900- 2000) de Kar Hent Daoulas, dit Karn Daoulas
• Anna Guillerm (1919-14/11/2017), agricultrice à Kervel, épouse de Jacques Morio
• Jean Pouliquen (né en 1930), agriculteur au Pont Neuf
• Nicolas Kerneis, dit Kolahig (1900-1998), agriculteur, Pen ar Hoat ar Gorre
• Jean Herrou, dit Petit Jean, (1919- 2011), accordéoniste et cheminot, Le Pont Neuf
• Victor Herrou (1921-2008), accordéoniste, chauffeur d’engins, le bourg
• Yvonne Floch (madame Le Gall), buraliste, et sa soeur madame Hascoët
• Jean Crenn, le bourg
• Marguerite Le Moigne, dite Guiguite, (née en 1931), employée en boulangerie, le bourg
• Mimi Salaun (madame Kerautret) et Jeanne Salaun, (madame Le Menn) sa soeur (nées en 1935 et en 1932) et Jean Le Menn, mari de Jeanne
• Françoise Jambois, dite Soaz-mouton, de Boudouguen à Hanvec
À Saint-Eloy
• Joseph Yvinec, dit Jop (1898-1978), agriculteur, joueur de bombarde puis d’accordéon diatonique
• Marianne Férec, dite Nan-na Kerhéré (≈1905-≈1990), blanchisseuse, journalière agricole
• Jean-Marie Le Nard (1895-1980), agriculteur de Kergoarem
• Christian Guénan, bureau de tabac
À l’Hôpital-Camfrout
• Jacques Cornou, dit Jakig Jazz (≈1915-2000), musicien : accordéon et saxophone dans un jazz-band
À Dirinon
• Mme Kerdraon (70 ans à l’époque), Gilles Le Goff l’avait questionnée en 1970 lors d’une fête à Dirinon où elle avait remporté le premier prix au concours de la gavotte war ar zeienn
Au Faou
• Emilie Quillien (1900-1991) (Milie Le Guern de son nom de jeune fille), lavandière

À Brest
• Naig Raviart, fille de Jean-Michel Guilcher

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Concours de gavotte Kernevodez war ar zeienn à Rumengol à Pâques 1947. La première danseuse est Mme Inizan, agricultrice au village du Stum à Rumengol, la deuxième est Maryvonne Jauny du bourg de Rumengol, accompagnée de Vincent Deniel de Lincosper.
Capture d’écran, collection Gilles Le Goff

Occasion de danse

La gavotte war ar zeienn était dansée à l’occasion de concours organisés lors des fêtes locales, des fêtes patronales ou des bals et dans le but de recevoir un prix, offert à la fin du concours aux meilleurs danseurs.

À Rumengol
Jusqu’aux années 1950/1960, un concours de gavotte war ar zeienn était organisé lors des fêtes locales aux environs de paques, un film de 1947 illustre bien les différents pas pratiqués, par les hommes en particulier lors d’un de ces concours, le sonneur de binioù, Janhic Vraz, (Jean Marie Brenaut) du Cosquer à Rumengol, avait cessé de sonner car des rubans n’étaient pas remis à certains couples qui d’après lui étaient aussi méritants, voire plus, que les autres.

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En 1969-1970, Charles Le Gall, lors d’émissions en langue bretonne chez Marie Pérès, avait demandé aux personnes présentes de danser war ar zeienn, plusieurs couples accompagnés par Jop Yvinec à l’accordéon, avaient fait une superbe prestation, en particulier Hervé Jauny qui faisait danser sa cavalière Marie Jeanne Deniel, en effectuant diverses figures tournées et sautées. Marie Morvan, (Marie Gorrequer, madame Fañch Pérès) racontait que dans sa jeunesse elle se baissait en dansant car son mari, Fañch, qui était très grand et mince, sautait en lançant la jambe au-dessus de sa tête, (anecdote pouvant toujours actuellement, être confirmée par leurs filles).

Entre deux gavottes à Saint-Eloy en 1973 :
Au-dessus, concours de gonflage de ballons. A gauche, course à l’oeuf avec Nanna Férec et Mme Nédélec qui porte la coiffe carrée. Elle était bigoudène à l’origine et s’était mise à la mode du pays étant jeune, lorsque ses parents avaient émigré du pays Bigouden à Saint-Eloy). Collection Gilles Le Goff

À Saint-Eloy
Cette gavotte était également dansée après le repas des anciens jusque dans les années 1970/75 accompagnée par Jop Yvinec à l’accordéon, devant chaque bistrot. Le patron était alors tenu d’offrir à boire aux danseurs à la fin de la prestation, des jeux étaient organisés entre chaque tour de danse, (course à l’oeuf, gonflage de ballons, etc), (renseignements transmis à Dastum par Christian Guenan, dont les parents étaient tenanciers d’un café et Joëlle et Gilles Le Goff témoins de la scène). Il arrivait également que les récompenses soient remises par les entreprises, les maires ou les notables locaux.

À Hanvec
Dans les années 1930, lors des fêtes communales, étaient organisés des concours de danses, courses, jeux divers et défilé avec un char garni de fougères et de genêts, sur lequel un couple de sonneurs jouait avant d’animer les concours. On ne sait par quel hasard ce char s’est enflammé, les sonneurs ont dû descendre rapidement et continuer à pied en sonnant, jusqu’au lieu du concours, (anecdote de Jean Herrou, né en 1919). Jusqu’à la fin des années 1960 un concours se déroulait dans la salle de danse du restaurant de Fañch ‘n hotel, (François Morio). Ce lieu n’a plus été utilisé après qu’un des danseurs ait fait céder le plancher par l’énergie de ses sauts (anecdote de Jean-René Brenaut, électricien à Hanvec). À la gare de Hanvec c’était l’organisateur lui-même, Charles Person, entrepreneur négociant de la région qui détenait des hangars de stockage à pommes de terre, haricots verts, petits pois près de la gare d’Hanvec, qui remettait les prix. Dans un de ces hangars, à la fin des récoltes début septembre, un grand bal était organisé durant lequel, entre valse, tango, slow, rock’n roll, twist, gavotte, polka piquée et pilerlan. Il y avait un concours de gavotte war ar zeienn précédé d’un éliminatoire, ainsi que l’élection de Miss Haricot Vert jusqu’en 1972-73, élue non pas à la beauté mais au poids de haricots récoltés au champ. Yvette Le Stanc se souvient qu’elle-même trichait durant les cueillettes en mettant des cailloux dans le fond des sacs pour les rendre plus lourds. La gagnante se devait de faire un tour de gavotte (tro dro gavotenn), (madame Marianna Le Roy de Kroaz Boudouguen à Hanvec élue en 1970). Le dernier concours a eu lieu en 1972 ou 1973 car un incendie s’étant déclaré durant le bal, il fut interdit par la suite dans le hangar de la gare d’Hanvec. Fin d’une tradition.

Origine et famille de danse

C’est une danse de la famille des gavottes, qui se danse en chaîne ouverte au nord de l’Aulne, avec déplacement à gauche comme partout ailleurs. La gavotte en Bretagne d’après Jean-Michel Guilcher est une survivance du trihori : d’abord les appuis correspondent dans cette forme de bretonne, ensuite l’étymologie est proche. L’ancien nom latin du trihori (saltatio trichorica) s’apparente plus que certainement au tri c’hoari breton, devenu dañs tro. La gavotte war ar zeienn était dansée à Hanvec fin XIXe début XXe siècle sous forme d’une ronde de gavotte ordinaire, au centre de laquelle des juges remettaient les rubans aux meilleurs danseurs, (référence Hervé Le Menn ainsi que dans le livre Hanveg parrez ha kumun). Cette ronde par la suite s’est ouverte en une ou plusieurs chaînes formée de couples meneurs se tenant par le bras, chaque couple donnant le doigt ou la main au couple suivant. La mode des danses modernes en couples (valse, polka, mazurka) dès les années 1910 et surtout après la guerre de 1914-18 a fortement influencé le fait de danser en couples séparés.

Forme et structure de la danse

Cette danse concours débute en gavotte ordinaire (tro dro gavotenn) sur le premier thème de la musique, avec un pas dynamique, enlevé, souple dans une ou plusieurs chaînes selon le nombre de concurrent, le nombre de tours éliminatoire… On y retrouve les mêmes caractéristiques « forme et structure » de la gavotte ordinaire avec le même positionnement les uns derrières les autres, la même évolution à la volonté du meneur. Chaque couple est en position de meneur, le bras de la cavalière sous celui du cavalier, et donne le doigt ou la main au couple suivant.

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Au changement d’air, chaque couple se sépare en abandonnant la position de meneur par le bras et la danse passera de la chaîne au cortège de couple pour danser war ar zeienn en se tenant par le doigt et c’est à partir de ce moment que les couples sont jugés. Les juges se positionnent dans la danse et effectuant un pas de gavotte et en agitant très haut les rubans devant chaque couple choisi, avant de leur remettre un ruban les couples dansent sous une forme de ronde, souvent par obligation car c’était aussi un spectacle autour duquel les gens se pressaient en encourageant les danseurs par des sifflements pour les motiver. La première partie de la danse étant quasiment la même que le « tro dro gavotenn », la gavotte ordinaire, nous consacrerons la suite de l’analyse sur le cortège de couples.

Le couple meneur vient de se separer de la  chaîne de couples.Capture d’écran, collection Gilles Le Goff
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Formule d’appui du pas de la gavotte ordinaire du pays Kernevodez, voir fiche de danse correspondante.

Tenue et mouvement des bras

Les couples se tiennent par le petit doigt, parfois par le majeur ou l’index, et très exceptionnellement par la main. Bras écartés, les mains effectuent des mouvements pouvant aller du niveau des hanches au haut des cuisses ou parfois très haut, bras levé jusqu’au-dessus de la tête, avec toujours un abaissement très fort au temps 7. Le couple bat la mesure de façon souvent plus enlevée que dans la gavotte ordinaire. Les épaules et les coudes ne doivent pas être relevés cependant. Le cavalier de la chaîne tenant très souvent sa cavalière par le petit doigt, son coude est alors à l’intérieur de l’avant-bras gauche de la fille. Il peut aussi donner le bras à sa cavalière (avantbras droit de l’homme replié) soit avec posé de la main de la cavalière sur l’avant-bras du cavalier, soit avec tenue par la main ou le petit doigt. Le cavalier en général bat la mesure avec le bras gauche écarté, parfois levé, ce qui lui permet de s’équilibrer lors des mouvements et des pas très enlevés, mais peut aussi changer de posture en tenant le revers ou le bas de sa veste, voire dans sa poche de pantalon, très rarement la main sur la hanche ou posée sur la main de sa cavalière. Le descriptif suivant est une moyenne des façons de faire, car ces mouvements de bras étaient plus ou moins amples selon les personnes, leur morphologie, l’envie, l’équilibre…
Temps 1 : Les mains s’abaissent du niveau des hanches au niveau des cuisses pour remonter au temps 2.
Temps 3-4-5-6 : Les mains effectuent de courtes saccades ponctuant les mouvements du corps.
Temps 7 : Les mains s’abaissent fortement, très bas, le bras tendu vers l’arrière des cuisses.
Temps 8 : Les mains remontent au niveau des hanches.

Style

Toute la danse est « suspendue, rebondissante », l’homme fait danser sa cavalière, la met en valeur. Les prises d’appuis se font surtout sur les demi-semelles, les talons n’étant en contact avec le sol qu’à la fin des prises d’appuis. Le style vertical fait monter sur les demi-semelles. Notons qu’en-dehors du temps 1, le pied droit ne devance jamais le pied gauche.

Technique de pas

Pas de base

Temps 1 : Départ du pied droit, posé franchement au sol, en demi-plante, talon très légèrement soulevé au ras du sol, avec mouvement fort de la hanche vers la gauche. Le pied gauche est en appui fictif, son talon décollé du sol.
Temps 2 : Surrection très nette sur le pied droit (le talon se soulève). La jambe gauche peut se replier en arrière chez les cavaliers (le pied gauche n’est alors plus au sol). Pour les cavaliers ou cavalières, le talon du pied gauche peut aussi se lever, ou le pied gauche frappe sur la cheville droite avec pivot sur le pied droit en demi-plante avec léger mouvement de hanche vers la droite dans le sens des aiguilles d’une montre.
Temps 3 : Le pied gauche est posé au sol en avance de 30 à 50 cm, le pied droit est sur sa pointe en appui fictif, le talon nettement décollé.
Temps 4 : Prise d’appui du pied droit venant chasser le pied gauche sur environ 20 cm.
Temps 5 et 6 : En suspension et sur place. Les pieds et jambes restent écartés durant ces deux temps, les pieds faisant une subdivision suspendue sur leurs plantes, le pied gauche quasiment à plat, le pied droit reste en arrière sur le bout du pied au sol, talon levé, pouvant effectuer un très léger chassé vers la gauche. Les hanches effectuent une légère rotation de gauche vers la droite afin que le corps amorce la position du temps 7.
Temps 7 : Le talon du pied droit se repose au sol, entraînant le poids du corps vers l’arrière. Celui-ci se retrouve dans la position finale du léger mouvement vers la droite, amorcé aux temps 5 et 6. Le pied gauche sur sa pointe, et soit le talon tourne vers la droite avec un léger chassé pour les cavalières, soit le pied gauche vient croiser le pied droit et peut se décoller entièrement ou partiellement du sol pour les cavaliers.
Temps 8 : Le pied gauche prend un appui à plat en s’écartant vers la gauche. Le pied droit reste en arrière sur la pointe du pied en position pour décoller du sol et reprendre le temps 1 dans un retour de hanche vers la gauche.

Variantes

Tout comme la gavotte ordinaire, la gavotenn war ar zeienn s’effectue en 8 temps. Les femmes gardent un pas de gavotte ordinaire voire légèrement plus enlevé. Leur pas s’adapte aux différentes figures effectuées par le cavalier. Les hommes quant à eux vont pouvoir s’exprimer avec des pas plus personnels, plus amples et des figures acrobatiques qui respectent néanmoins le style et les codes de la gavotte ordinaire. Les couples ne dansent pas de façon mécanique et encore moins rigide, ils doivent évoluer de façon naturelle, souple et enlevée (lak an dañs da vransellañ : faire la danse se balancer) avec des moments calmes et d’autres plus mouvementés (dañs vrieskenn (breskenn=excité), relancés par le jeu des musiciens. Chaque cavalier a son pas personnel pour se démarquer de son voisin. Jusqu’en 1975, il a été collecté 6 façons différentes sur les communes de Rumengol, Hanvec, SaintÉloy et L’Hôpital-Camfrout de danser la gavotenn war ar zeienn pour les hommes et 4 façons différentes pour les femmes.
Il n’y a pas deux danseurs de gavotte Kernevodez qui dansent de la même façon. Chaque personne selon son âge, son corps, son hameau ou sa commune a un pas et un style qui peut lui être propre. Il est important de garder une certaine liberté d’expression, tout en conservant l’esprit de base de la danse. Le pas de base, très enlevé, est entrecoupé de pas et de figures spécifiques. Voici différentes formules d’exemple que l’on retrouve le plus souvent comme pas dits « spécifiques » :

1. Pas de la femme

Pas 1
Temps 1 à 6 : Identiques à la gavotte Kernevodez ordinaire, en faisant attention à ne pas croiser au temps 4 le pied droit devant le pied gauche.
Temps 7 : Tout en étant en suspension, la jambe gauche vient s’aligner devant la jambe droite, les deux pieds restent au sol. Le talon du pied gauche est légèrement orienté vers la droite.
Temps 8 : Décroisement des jambes en gardant l’appui sur le pied gauche et en frottant les pieds au sol. Et 1 : Le pied gauche recule légèrement en frottant le sol, le pied droit passe devant le pied gauche en formant un léger arrondi. Le pied droit vient se poser franchement (voire frapper) au sol au temps 1. N.B. : La danse progresse uniquement sur les quatre premiers temps, les autres se dansent sur place.

Pas 2 : « pas suspendu »
Il a été collecté à L’Hôpital-Camfrout. Un autre pas qui peut être dénommé « le pas suspendu » : Du temps 1 au temps 4, la femme reste en appui sur le pied droit et marque les temps 2 et 4 par un levé de talon. La jambe libre gauche reste suspendue, pied levé vers l’avant, et marque légèrement la pulsation sur les temps 3 et 4. Cette formule de pas spécifique est notamment réalisée lors des figures où l’homme progresse peu.

Pas 3
Une troisième variante est remarquée chez Mme Le Gall (tenancière du bureau de tabac de Hanvec) et Mme Hascoët (sa soeur). Elles ont appris ce pas avec leur mère dans les années 1930. Ce pas est le même que celui de la gavotte ordinaire avec pour seule différence : un croisé du pied droit à l’arrière du pied gauche au temps 4. La hanche droite et le haut du corps tournent légèrement sur ce même temps.

Pas 4 : « pas croisé »
cette quatrieme variante etait parfois executée par marie jeanne deniel a certains moments de la danse sur les temps 7-8 et 1. Ce pas peut etre denommé « pas croisé ». Ce pas est effectué sur place en petits sauts,les pieds glissant au temps 7 le pied droit recule en glissant vers l’arriere du pied gauche qui lui meme glisse en avancant vers la droite ,puis inversement au temps 8 ou les 2 pieds se retrouvent en glissant, cote a cote ecartés,le pied droit se levant a ce meme moment en croisant le pied gauche qui pivote avec un leger retour du corps vers la gauche pour etre posé au temps 1.

2. Pas de l’homme

Ces pas n’étaient pratiqués que par moments dans la danse, motivés par des reprises fortes de la musique, ou par les interpellations d’encouragement des spectateurs avant de reprendre un pas plus calme, puis de l’élan, pour les effectuer.

Pas 1
Il s’agit du pas utilisé par François (ou Fañch) Pérès de Gorrequer, né en 1990 à Rumengol. Il a été observé sur un film de 1947 réalisé par l’Abbé Bothorel. Après une prise d’appui sur le pied droit au temps 1, le danseur effectue un claquement des deux talons (Skolpad) en sautant vers l’avant au temps 2, avant de retomber au temps 3 sur les 2 pieds. Au temps 4, le danseur atterri sur la jambe droite pour retomber au temps 5. Au temps 5 et 6, les pieds et jambes restent écartés durant ces deux temps, les pieds faisant une subdivision suspendue sur leurs demi-plantes, le pied gauche quasiment à plat, le pied droit reste en arrière sur le bout du pied au sol, talon levé, effectuant un très léger chassé vers la gauche. Les hanches effectuent une légère rotation de gauche vers la droite. Au temps 7, le talon du pied droit se repose au sol, entraînant le poids du corps vers l’arrière. Le pied gauche sur sa pointe, et soit le talon tourne vers la droite avec un léger chassé pour les cavalières, soit le pied gauche vient croiser le pied droit et peut se décoller entièrement ou partiellement du sol pour les cavaliers. Le corps amorce son orientation dans le sens de progression par un léger mouvement vers la gauche. Au temps 8, le pied droit reste en arrière sur la pointe du pied en position pour décoller du sol et reprendre le temps 1 dans un retour de hanche vers la gauche.

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Pas 2
Il s’agit du pas d’Hervé Jauny né à Rumengol en 1905. La caractéristique de son pas est le lancer vif de sa jambe gauche au temps 2. Sa jambe se plie d’abord vers l’arrière puis se lance d’un mouvement rapide, jambe tendue sur le côté gauche en effectuant une légère rotation. Sur ce même temps 2, son corps se penche naturellement sur le côté droit. le pied gauche revient vers la droite et se pose rapidement en demi-semelle au temps 3 pour se lever en repliant la jambe gauche très haut en arrière au temps 4 pour se poser au temps 5. Le pied droit reste en suspension sur demi semelle jusqu’au temps 6. La jambe gauche levée effectue un croisé très haut et fort devant la jambe droite au temps 7.

Les deux photos , pas 2, par Hervé Jauny et Marie Morvan Ci-dessous, pas 2 avec lancé de jambe gauche. Capture d'écran, collection Gilles Le Goff.

Pas 3
Ce pas est particulier au secteur de Hanvec et peut être dénommé « pas avec saut pieds joints ». Entre autres, il est pratiqué par Jean Pouliquen, né vers 1930, du village de Pont-Neuf à Hanvec, filmé en 2005. Le danseur commence au temps 1 par un saut vers l’avant en appui sur les deux pieds légèrement écartés. Au temps 2, l’appui est pris en reculant sur le pied droit, tandis que la jambe gauche est repliée vers l’arrière ce pas figure aussi dans un film de Jean-Michel Guilcher à Hanvec.

Pas 4
Ce pas peut être dénommé « pas balancé » et se danse quasiment sur place. Il était dansé par plusieurs personnes de Rumengol. La danse étant toujours le reflet de la société, en constante évolution, il peut être supposé que ce pas ait été influencé par les nouvelles danses comme le charleston ou le swing. Après avoir pris appui sur le pied droit au temps 1, la jambe gauche tendue est écartée sur le côté gauche au temps 2 (le lever de la jambe dépend du dynamisme du danseur). Au temps 3, la jambe gauche vient chasser la jambe droite, puis au temps 4, la jambe droite vient chasser la jambe gauche. Après avoir pris appui sur le pied droit au temps 5, la jambe droite tendue est écartée sur le côté droit au temps 6. Au temps 7 la jambe droite vient chasser la jambe gauche, puis au temps 8, la jambe gauche vient chasser la jambe droite. Durant ces 8 temps le torse reste droit et ce sont les hanches et les jambes qui effectuent le balancement

Pas balancé (4) d’inpiration jazz/swing/ charleston. La danseuse est Louise Jacq. Captures d’écran, collection Gilles Le Goff
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Pas 5
Il est très proche du pas de la gavotte ordinaire, mais plus rebondissant. On retrouve également ce pas dans la figure du bal à deux. Francis Le Bour (dit Cissebour) de Rumengol et François-Marie Galeron de Kernellac’h à Hanvec, né en 1907 et décédé en 2010, exécutaient ce genre de pas. Au temps 2, 3 et 4, les jambes sont repliées vers l’arrière. Au temps 5, un double appui franc sert d’élan pour faire un arrondi de la jambe droite vers l’arrière au temps 6, tout en étant en appui sur le pied gauche. Le croisé de la jambe gauche levée devant la jambe droite, au temps 7, est bien marqué.

Pas n°5, dit « pas de Cissebour » (Francis Le Bour) avec saut les pieds levés vers l’arrière. Captures d’écran, collection Gilles Le Goff

Pas 6
Un sixième pas a été collecté et filmé par Jean-Michel Guilcher à Loperhet. Ressemblant au pas de Fañch Pérès (pas 1), il est caractérisé par un entrechoquement des deux talons entre le temps 1 et le temps 2. Ce pas est, tout comme le décrit Jean-Michel Guilcher dans son livre La tradition populaire de danse en basse-Bretagne : « très vigoureux, très ample, et rebondissant ».

1. Diverses figures

Les figures 1 (en partie) et 3 se pratiquaient aussi pour la gavotte ordinaire.

Figure tournée en reculant (Hervé Jauny et Marie-Jeanne Deniel en 1968)
Le cavalier se retourne face à sa cavalière et danse sur 8 ou 16 temps face à elle en reculant. Au 8ème ou 16ème temps il donne sa main (ou doigt) gauche a la main gauche de sa cavalière, puis avance sur 8 temps en dansant à l’arrière de sa cavalière. Au 8ème temps il reprend la main gauche de sa cavalière dans sa main droite en la faisant tourner par l’arrière et le couple se retrouve en sens inverse du cortège. Le cavalier danse alors en tournant et d’un mouvement ample du bras, mène sa cavalière dans le bon sens du cortège.

Figure tournée sur place (Hervé Jauny et Marie-Jeanne Deniel en 1968)
Le couple se donne les deux mains et danse en tournant sur place.

Figure tournée cavalier seul (vu chez Naïk Raviart dans film tourné aux environs de Hanvec-Lopérec)
Le cavalier se sépare de sa cavalière et danse en tournant sur place, les bras levés et claquant des mains.

Accompagnement musical

Airs
La gavotte war ar zeienn débutait toujours par un air de gavotte ordinaire durant environ 1/4 du temps de la danse, et qui était suivi d’un pot-pourri d’airs très enlevés, enrichis de reprises fortes et d’ornementations afin de motiver les danseurs. C’est au début de ce pot-pourri que les couples se séparaient et dansaient war ar zeienn.

Instruments
Le biniou, la bombarde et le tambour, parfois accompagné du fifre étaient les instruments qui menaient les danses jusqu’au début de XXe siècle, (renseignements Marie Pérès et Hervé Le Menn). L’accordéon diatonique avait déjà fait son apparition vers 1905, mais le couple biniou bombarde s’est maintenu jusqu’aux années 1930-1940 pour les occasions d’importance, (fêtes patronales d’Hanvec).

À Rumengol Janhic Vraz, né en 1878, à la fin des années 1940 et au début des années 1950 sonnait seul au biniou pour les concours de danse, car il n’avait plus de compère de bombarde. Il montra son biniou à Gilles Le Goff en 1969, qui était celui de son grand-père avec qui il avait appris à jouer vers 1880 et qui lui avait transmis son répertoire. Il allait à pied sonner jusqu’à 20 km à la ronde, de Plougastel à Châteaulin et de Lannedern à Argol.
Vers 1925, Jop Yvinec (né en 1898, sonneur de bombarde de Saint-Eloy-Le Trehou jusqu’aux années 1920, après la disparition de son compère sonneur de binioù) a transféré son répertoire à l’accordéon diatonique, qu’il a continué à pratiquer jusqu’en 1975-1978.
Dans les années 1930-1940 avec la mode du jazz, du ragtime et du swing, (eux même issus du « cake walk » dansé aux états unis au XIXe siècle par les esclaves mimant sous forme humoristique les danses de leurs maîtres, qui offraient un morceau de gâteau aux meilleurs danseurs), les formations style jazz band toujours avec accordéon accompagné de saxophone ou trompette, clairon, clarinette selon l’opportunité, ont apporté un nouveau souffle aux concours de gavotte, les musiciens créaient, adaptaient ou incluaient certains airs plus modernes dans la suite d’airs traditionnels, qui de par ce fait, transmettaient leur influence (du type charleston, jazz swing) au style de la gavotte (renseignements fournis par Jacques Cornou (Jakig Jazz) de L’Hôpital-Camfrout, Jean Herrou et Victor Herrou d’Hanvec, et Jop Yvinec de Saint-Eloy-Le Tréhou). Des années 1950-1955 aux années 1970, seul l’accordéon (diatonique ou chromatique) accompagnait les concours de danse.

CD de référence

1. Gavotte war ar zeienn : binioù kozh et bombarde jusqu’aux années 1930. Interprétée ici par Cédric Moign et Tristan Gloaguen lors de finale Kernevodez en 2014 à Menez Meur à Hanvec. Cette gavotte est jouée dans le pur style des anciens sonneurs du pays Kernevodez vers 1910-1920 (comme Jean-Marie Brenaut (dit Janhic Vraz, 1878--1970) au biniou et Jop Yvinec (1898-1978) à la bombarde, qui sont la référence, avec ce jeu saccadé typique et ornementé pratiqué au nord de l’Aulne. Cédric Moign (de Rumengol) et Tristan Gloaguen (de Châteauneuf-du- Faou) ont fait beaucoup de recherches et d’écoutes d’enregistrements anciens et de témoignages collectés par Gilles Le Goff (de Rumengol), avec lequel ils ont longuement étudié cette transmission, afin d’être au plus proche du style d’origine.

2. Gavotte war ar zeienn , poules qualificatives Kernevodez war ar seienn sonnée en 2016 à Hanvec par Cédric Moign et Hervé Irvoas fils (de Châteauneufdu- Faou), qui ont pour cela travaillé avec Gilles Le Goff. Le deuxième air a été collecté par Polig Montjarret au Faou et à Hanvec en 1950.

3. Gavotte war ar zeienn : accordéon diatonique et saxophone des années 1930 aux années 1950. Interprétée ici par Hyacinthe Le Hénaff (de Quimper) à l’accordéon et Tristan Gloaguen au saxophone lors du concours de duos libes à Gourin en 2017. Ils se sont inspirés des témoignages transmis à Gilles Le Goff par Jacques Cornou (dit Jakig Jazz) de L’Hôpital- Camfrout, Jop Yvinec de Saint-Eloy-Le Tréhou, et Jean et Victor Herrou de Hanvec, ayant tous été musiciens dans des jazz band dans les années 1930-1940. Leur suite est composée d’airs de gavottes chantées collectées en particulier à Rumengol, Hanvec et Saint- Eloy, d’airs joués par Jop Yvinec, et d’un air de ragtime issu de cake walk, ancêtre du jazz, charleston et swing, ce qui était pratique courante à cette époque dans les jazz band qui adaptaient les airs modernes aux pas de la gavotte.
• Air collecté auprès de Victor Tromeur accordéoniste toujours en activité, né en 1922 à Brasparts
• Air de Job Yvinec, accordéoniste originaire de Le Tréhou/ Saint Eloy (1898-1980)
• Je vous supplie ma demoiselle, chant français-breton enregistré par Gilles Le Goff en 2001 auprès de Sébastien Le Bras d’Hanvec (1919-2013)
• Ar galonig ardan (le petit coeur ardent) chanté Mme Pennec, grand-mère de Gilles Le Goff née en 1890 à Rumengol
• Air enregistré à Quimerch, joué par un accordéoniste inconnu dans les années 1960 (Dastum)
• Air de Job Yvinec, accordéoniste originaire de Le Tréhou/Saint Eloy (1898-1980)
• Fig Leaf Rag de Scott Joplin : air de Ragtime choisi sur les conseils de Gilles pour souligner l’éventuel influence du Cake Walk sur les acrobaties des danseurs du pays Kernevodez
• Foar Sant Mikel (foire de la Saint Michel) enregistré par Gilles Le Goff en 2001 auprès de Sébastien Le Bras d’Hanvec (1919-2013)
• Air de Job Yvinec, accordéoniste originaire de Le Tréhou/ Saint Eloy (1898-1980)
• Air du Faou N° 1105 noté par Polig Monjarret dans le Tonioù Breiz Izel édité par BAS en 1984, sonné par Hervé Irvoas et Cédric Moign à Menez Meur en 2016
• N’eo ket brav jackou (c’est pas beau Jacques) enregistré auprès de François Marie Galéron d’Hanvec (1907-2010)
• Son ar boulañjer (la chanson du boulanger) apprise par Gilles Le Goff auprès de Louis Béon, de Rumengol, en 1969

4. Gavotte war ar zeienn : accordéon diatonique seul des années 1950 aux années 1975-1980. Jouée à l’accordéon diatonique à la salle Morio à Hanvec en 1966 lors d’un concours de gavotte war ar zeienn par Jop Yvinec (1898-1978, de Saint-Eloy-Le Tréhou, ancien joueur de bombarde jusqu’en 1920). Jop Yvinec est le dernier musicien de tradition ancienne qui a pratiqué son art jusqu’a la fin de ses jours en animant les bals, concours de gavotte ou repas des anciens. I a ainsi permis que la gavotte du pays Kernevodez ne soit pas oubliée. Il était agriculteur et sonneur de bombarde jusque dans les années 1920. Après la disparition de son compère, sonneur de biniou, il a continué à jouer son répertoire à l’accordéon diatonique, tout en conservant le jeu ornementé de sa bombarde et le rythme saccadé des danses du pays.

A gauche, Janhic Vraz au biniou, Francois Le Pape de Hanvec (village de Lanvoy) à la bombarde, lors d’une noce à Rumengol en octobre 1920.
Au centre, Jop Yvinec dans les années 1930 puis en 1968 sur la droite. Collection Gilles Le Goff
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Mode vestimentaire

Costume des hommes
Dans les communes de Rumengol, Hanvec et Saint-Eloy, plus au sud-est du pays Kernevodez, le costume masculin était identique à celui des pays Bidar et Rouzig : gilet bordé de velours ouvert en cornes, chupen à basques, deux rangées de boutons de jais avec fausses boutonnières et turban en tissu de laine bleu, chapeau à large ruban aux bords relevés sur les côtés à la « cow boy ». Au nord-ouest, dans les sept autres communes, le costume masculin était différent : gilet de la même coupe que le précédent, mais avec les « cornes » repliées en revers, chupenn court avec deux petites rangées de boutons sur les côtés et bas des manches, col droit et revers larges parfois de velours, turban bleu ou à rayures ou carreaux, et pantalon à pont à carreaux ou rayures pour les deux modes. Le costume traditionnel a été porté par les hommes âgés jusqu’aux années 1925-1930. Après la guerre 1914-1918, les jeunes hommes l’ont delaissé au profit d’un habit de ville, mais en conservant, pour beaucoup d’entre eux, le chapeau traditionnel qui etait encore porté par certains dans les années 1960-1965.

Couple de mariés en 1935 à Irvillac, la femme porte la coiffe carrée Kernevodez. Ce costume était porté sur les communes de Rumengol, Hanvec, Saint-Eloy, L’Hôpital-Camfrout, Irvillac, Daoulas, Logonna-Daoulas, Loperhet, Dirinon et Saint-Urbain. Collection Gilles Le Goff
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Costume des femmes
Il est quasiment identique à celui porté dans les pays Bidar et Rouzig, seules les coiffures sont différentes. La coiffe carrée appelée « koeff Kernevodez » ou « koeff Daoulas », dont les plis donnaient une forme de toiture bien prononcée, avec les « troñsoù » (larges ailes) plaqués sur les côtés. Initialement portée sur toutes ces communes, elle a été progressivement délaissée au profit de la coiffe à ailes ouvertes, dite « koeff Kastellin » depuis le début du XXe siècle dans les communes les plus au sud (Rumengol, Hanvec, L’Hôpital-Camfrout). La « koeff berr » (ou « koeff bourlok » ou « koeff noz »), en forme de bonnet phrygien, qui était portée dans les communes plus au nord (Irvillac, Dirinon, Saint-Urbain), a progressivement disparu après la guerre 1914-1918, remplacée par la « koeff Kernevodez ». Le « kapig du » (petite cape noire), coiffe de travail ou d’hiver, était en tissu de coton ou laine, bordée develours. Elle entourait la tête jusqu’aux épaules.

Ressources

Chants et musique
• Dastum : Enregistrement famille Le Menn de Hanvec, années 1950-1960, enregistrements Gilles Le Goff Rumengol-Hanvec, année 1960-1970
• Pays Kernevodez, Dastum bro Gerne, 2011
• Différents collectages disponibles à Dastum

Vidéo
• Concours de gavotte « War ar zeienn » sur la place de Rumengol en 1947, films de l’abbé Bothorel
• Collection Jean-Michel Guilcher : film des années 1950, tourné à Hanvec notamment
• Collection Gilles Le Goff : François Marie-Galeron (87 ans) et Soaz Salaün (84 ans) à Hanvec en 1994 - Marianne Morio (90 ans) et Gilles Le Goff (56 ans) à Hanvec en 2003 - Jean Pouliquen (80 ans) à Hanvec en 2005

Bibliographie
• Le Menn Hervé, Toniou biniou, K.A.V (Kenvreuriezh ar viniaouerien), Gavottes simples, gavottes War ar zeienn, Monfarines (Laeradeg), Pilerlan, 1940
• Le Cann Yves, Digor an abadenn, Pays de Hanvec, 1950
• Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, 1963
• Montjarret Polig, Toniou Breiz Izel (recueil de partitions regroupant diverses gavottes de Hanvec)
• Le Menn Hervé, Istor Hanveg : parrez ha kumunn, éditions La Baule, 1974
• Bro / Pays Kernevodez, éditions Centre du Patrimoine Oral de Cornouaille / Dastum bro Gerne, 2011
• Le Scour Jean-Pierre-Marie, Feuilles volantes, Hanvec, 1850
• Guide touristique de la MAIF-Bretagne, 1967, page 127
• Laurent Charles, Évolution du costume en Cornouaille Léonaise - pays Kernevodez, 1970
• Divers cahiers et feuillets manuscrits

Remerciements

• Informateur et référent de la danse : Gilles Le Goff
• Rédaction de la fiche : Gilles Le Goff, Michel Guillerme
• Relecture : Michel Guillerme
• Iconographie : Gilles Le Goff
• Écriture de la danse : Bernard Langlois
• Participation à la captation : Yvette Le Stanc
• Étude musicale : Cédric Moign, Tristan Gloaguen, Hyacinthe Le Henaff

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.