Fiche de danse

Gavotte ordinaire du pays Kernevodez

Terroir

Rouzig - Kernevodez

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Cette fiche de danse a été rédigée en septembre 2016 par Gilles Le Goff et Jacqueline Lecaudey-Le Guen. Elle est le fruit des recherches et collectages débutés en 1967 par Gilles Le Goff, référent de cette danse.


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Famille de danses

Gavotte

Structure de la danse

Suite bipartite

Accompagnement traditionnel

Kan ha Diskan
Chant dans la danse
Accordéon diatonique ou chromatique
Accordéon accompagné de cuivre(s) sous forme de jazz-band

Forme de la danse

Gavotte sur la place de Saint-Eloy en 1947.
A l’accordéon : Jacques Yvenat, dit « Jakig Boher ».
Collection Gilles Le Goff

Appellation

Gilles Le Goff a toujours entendu parler auprès des gens du pays, notamment de Marie Pérès (sa grand-mère), de tro gavotenn (tour de gavotte) ou de troiad gavotenn (tournée de gavotte) : « Deus ganin ‘ta Jop, d’ober un dro gavotenn ! » (viens donc avec moi, Jop, faire un tour de gavotte), puisque c’etaient souvent les femmes qui choisissaient leur cavalier. La gavotte, également connue sous le nom de gavotte d’Hanvec, décrite dans cette fiche est celle qui était dansée pour les occasions ordinaires dans le pays Kernevodez. Kernevodez est le féminin de Kernevod qui signifie homme de Cornouaille. On retrouve ce terme dans un livre ancien (environ1870) qui parle des «kernevod» de la montagne d’Arrée et dans le livre (évolution du costume en Cornouaille Léonnaise) du docteur Charles Laurent, originaire de Hanvec.

Situation géographique et historique

Le pays Kernevodez ou Kernevodenn se situe au nord de la Cornouaille, sur le versant ouest des Monts d’Arrée entre Aulne et Elorn jusqu’au bord de mer avec le pays Rouzig au sud, le Léon au nord, le pays Bidar et le Poher à l’est. La zone de danse de la gavotte Kernevodez se limite aux communes de Daoulas, Logonna-Daoulas, L’Hôpital-Camfrout, Irvillac, Hanvec, Le Faou, Rumengol (rattachée en 1970 à la commune du Faou), Saint-Eloy, Saint-Urbain, Dirinon et Loperhet. Les communes de Hanvec et Rumengol, où ont été réalisés beaucoup de ces collectages, se trouvent en plein cœur du pays Kernevodez. La forêt du Cranoù, vendue à Louis XIV par les seigneurs locaux du XVIIe siècle pour construire la flotte royale, fut un centre de brassage de population car le roi fit venir ses bûcherons d’autres forêts du royaume. Le travail du bois attirait aussi de nombreux sabotiers et bûcherons venus de communes plus lointaines, ceci jusqu’en 1900 environ. Les pardons de Rumengol, très populaires, où se vendaient les chansons sur feuilles volantes, drainaient aussi des milliers de pèlerins, des commerçants, des mendiants...

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Informateurs, témoignages et transmission

La gavotte Kernevodez, située au centre des pays de gavottes du pied droit, allant de Loqueffret à Plougastel a été recensée par Jean-Michel Guilcher, sous l’appellation «gavotte du nord de l’Aulne». Cette gavotte, très populaire, a été dansée par les gens du pays jusqu’aux années 1975, puis délaissée en 1978 après le décès du dernier musicien traditionnel. Job Yvinec a joué de la bombarde jusqu’en 1925 et détenait le répertoire local, tant en airs qu’en rythme. Il s’était converti à l’accordéon diatonique après la disparition de son compère. La tradition de la gavotte s’est également estompée par la venue des festoù-noz, effaçant ce style particulier qui a malgré tout survécu jusqu’à nos jours par le maintien d’un petit tour de danse au repas annuel des anciens.
Gilles Le Goff a souvent vu danser dans sa famille et son voisinage et a commencé à pratiquer lors de quelques occasions, après grandes journées de battage, noces, fêtes… Puis vers les années 1967-68, il a rassemblé tous les renseignements concernant les danses, chants et musiques du pays Kernevodez auprès de personnes nées entre 1878 et 1914 :

  • A Rumengol : Marie Pérès, dite « Pèch », (1890-1981), couturière et repasseuse de coiffes au bourg, Marie-Jeanne Deniel (≈1895-≈1980), ménagère au bourg - Hervé Jauny (1905-1971), bedeau et menuisier - Michel Pérès (1898-1995), menuisier - Marie Morvan (Mme François Péres), dite « Marie gorrequer », (1900-1990) - Louis Béon (≈1900-≈1980), sabotier - Jean-Marie Brenaut, dit Janhic Vraz, (1878-1970) sonneur de biniou - Françoise Guillerm, dite «Soaz Cheun», (≈1900-≈1980), ouvrière au bourg
  • A Hanvec : Marianna Leroy (1900-1985), ménagère - Marianna Morio (1913-2004), journalière agricole - Hervé Le Menn, dit «Veig ar Menn», (1899-1973), Yves Le Cann, dit «Cheun ar C’hann», (≈1915-≈1980), instituteur au bourg - François-Marie Galéron (1907-2010), agriculteur - Jean Herrou (1919- 2011), cheminot, Marguerite Hétet, dite «Marc’harid Maréchal», son époux étant maréchal ferrand, (1900-2000) - Mmes Le Gall, Hascoët, Kerautret, Le Moigne - M. et Mme Jean Le Menn - Jean Pouliquen (né en 1930), agriculteur : c’est la dernière personne en vie à avoir appris à danser adolescent avec ses parents et voisins, les soirs de grandes journées de récolte. Il est aussi le dernier à avoir organisé, en tant qu’adjoint au maire, le concours « War ar zeienn » pour le «repas des vieux» dans les années 1980.
  • A Saint-Eloy : Marianne Férec, dite «Nan-na Kerhéré», (≈1905-≈1990) - Jean-Marie Le Nard (1895-1980), agriculteur - Joseph Yvinec, dit «Jop», (1898-1978), agriculteur, joueur de bombarde puis d’accordéon diatonique
  • A l’Hôpital-Camfrout , Jacques Cornou, dit « Jakig jazz » (≈1915-2000), accordéoniste dans un jazz-band
  • A Dirinon : Mme Kerdraon (70 ans à l’époque), Gilles Le Goff l’avait questionnée en 1970 lors d’une fête à Dirinon où elle avait remporté le premier prix au concours de la gavotte « war ar zeienn »

Yves Le Cann et le groupe de danseurs « Laboused Koat ar C’Hranou » de Hanvec ont également œuvré à faire perdurer cette danse.

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Noce à Irvillac, famille Le Bras, environ en 1925.
Collection  Gilles Le Goff

Occasion de danse

La gavotte simple était dansée pour les occasions ordinaires : travaux collectifs (battages,  « peur zorn » (à l’époque, plusieurs fermes se regroupaient pour battre le blé et pendant plusieurs jours la batteuse tournait de ferme en ferme. Un grand repas de fin de battages clôturait ces jours de travail.), « ambleudadeg ed du » (foulage du blé noir), « leur nevez » (aire neuve)…), les assemblées et les fêtes. Contrairement à la gavotte d’honneur pratiquée les jours de noces (mariés, gens d’honneur et famille) ou de grands évènements (cérémonies…) ou à la gavotenn war ar zeienn (gavotte de concours) lors d’évènements festifs, dans le but de gagner un prix.

Odoo image and text block              Région de Hanvec-Lopérec-Quimerc'h, en 1905 environ.
                                      Collection Gilles Le Goff

Origine et famille de danse

C’est une danse de la famille des gavottes, qui se danse en chaînes ouvertes au nord de l’Aulne, avec déplacement à gauche comme partout ailleurs. La gavotte en Bretagne d’après Jean-Michel Guilcher est une survivance du trihori : d’abord les appuis correspondent dans cette forme de bretonne, ensuite l’éthymologie  est proche. L’ancien nom latin du trihori (saltatio trichorica) s’apparente plus que certainement au tri c’hoari breton, devenu Dañs tro.

Forme et structure de la danse

Cette gavotte simple prend la forme de plusieurs chaînes courtes de 10 à 20 personnes maximum, accompagnées généralement au chant, occasionnellement par des musiciens. Ces chaînes évoluent sans ordre particulier à la volonté du meneur. L’homme est positionné à gauche de sa cavalière. Les danseurs sont positionnés les uns derrière les autres, tout en veillant à être bien écartés. Notons que le meneur se permet des mouvements de jambe plus enlevés, ainsi que des retours sur lui même en lâchant sa cavalière pour faire changer de sens à la chaîne. Il s’agit ici d’une suite puisque la gavotte est systématiquement suivie d’une marche en chaîne (une partie marchée puis une partie en pas de gavotte) nommé « bale ziskuiz » ou « laridé ». Parfois, elle peut aussi être enchaînée avec une danse monfarine (laeradeg) ou un jibidi. Le corps des danseurs est toujours orienté de biais dans le sens de la danse, regardant vers le dos du danseur précédent, avec un mouvement de hanches vers la gauche au premier temps et un léger mouvement vers la droite aux temps 5 et 6.

TRO GAVOTENN

Tenue et mouvement des bras

Les danseurs se tiennent par le petit doigt, parfois par le majeur ou l’index, et très exceptionnellement par la main. Bras écartés, les mains effectuent des mouvements pouvant aller du niveau des hanches au haut des cuisses mais ne dépassant jamais le haut des hanches. Les épaules et les coudes ne doivent pas être relevés. Le meneur de la chaîne peut tenir sa cavalière par le petit doigt, son coude est alors à l’intérieur de l’avant-bras gauche de la fille. Il peut aussi donner le bras à sa cavalière (avant-bras droit de l’homme replié) soit avec posé de la main de la cavalière sur l’avant-bras du cavalier, soit avec tenue par la main ou le petit doigt. Le meneur en général bat la mesure avec le bras gauche écarté, parfois levé, mais peut aussi changer de posture en tenant le revers ou le bas de sa veste, plus rarement la main sur la hanche ou posée sur la main de sa cavalière. Le descriptif suivant est une moyenne des façons de faire, car ces mouvements de bras étaient plus ou moins amples selon les personnes et leur écart dans la chaîne.

Temps 1 : Les mains s’abaissent au niveau du haut des cuisses pour remonter au temps 2.

Temps 3/4 5/6 : Les mains effectuent de courtes saccades ponctuant les mouvements du corps.

Temps 7 : Les mains s’abaissent fortement, très bas, le bras tendu vers l’arrière des cuisses.

Temps 8 : Les mains remontent au niveau des hanches.

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Technique de pas

Toute la danse est « suspendue », les prises d’appuis se font surtout sur les demi-semelles, les talons n’étant en contact avec le sol qu’à la fin des prises d’appuis. Le style vertical fait monter sur les demi-semelles. Notons qu’en-dehors du temps 1, le pied droit ne devance jamais le pied gauche.

Gavotte sur la place de Saint-Eloy en 1947 ou 1948.
Collection Gilles Le Goff
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Temps 1 : Départ du pied droit, posé franchement au sol, en demi-plante, talon très légèrement soulevé au ras du sol, avec mouvement fort de la hanche vers la gauche. Le pied gauche est en appui fictif, son talon décollé du sol.

Temps 2 : Surrection très nette sur le pied droit (le talon se soulève). La jambe gauche peut se replier en arrière chez les cavaliers (le pied gauche n’est alors plus au sol). Pour les cavaliers ou cavalières, le talon du pied gauche peut aussi se lever, ou le pied gauche frappe sur la cheville droite avec pivot sur le pied droit en demi-plante avec léger mouvement de hanche vers la doite dans le sens des aiguilles d’une montre.

Temps 3 : Le pied gauche est posé au sol en avance de 30 à 50 cm, le pied droit est sur sa pointe en appui fictif, le talon nettement décollé.

Temps 4 : Prise d’appui du pied droit venant chasser le pied gauche sur environ 20 cm.

Temps 5 et 6 : En suspension et sur place. Les pieds et jambes restent écartés durant ces deux temps, les pieds faisant deux suspensions sur leurs plantes, le pied gauche quasiment à plat, le pied droit reste en arrière sur le bout du pied au sol, talon levé, pouvant effectuer un très léger chassé vers la gauche. Les hanches effectuent une légère rotation de gauche vers la droite afin que le corps amorce la position du temps 7.

Temps 7 : Le talon du pied droit se repose au sol, entraînant le poids du corps vers l’arrière. Celui-ci se retrouve dans la position finale du léger mouvement vers la droite amorcé aux temps 5 et 6. Le pied gauche sur sa pointe, et soit le talon tourne vers la droite avec un léger chassé pour les cavalières, soit le pied gauche vient croiser le pied droit et peut se décoller entièrement ou partiellement du sol pour les cavaliers.

Temps 8 : Le pied gauche prend un appui à plat en s’écartant vers la gauche. Le pied droit reste en arrière sur la pointe du pied en position pour décoller du sol et reprendre le temps 1 dans un retour de hanche vers la gauche.

Style

Le style de la danse est très souple et enlevé, avec une suspension du corps sur les genoux légèrement pliés comme ressorts et les pieds souvent sur demi-semelles. Le corps est droit, parfois même très légèrement cambré en arrière, jamais en avant, et doit se positionner de biais, face au dos du danseur précédent, avec le regard porté vers le sens de la danse. La progression de la danse est importante sur les quatre premiers temps de la danse (1 mètre à 1,50 mètre) et quasiment sur place pour les quatre derniers temps. Les mouvements des jambes et pieds sont aussi menés par l’élan du corps (et non l’inverse).  Ces formules de pas et style sont une approche moyenne des façons de faire, chaque personne, selon son âge, sa conformation, son hameau ou sa commune ayant un pas et un style pouvant être un peu différent, mais qui se retrouvait toujours sur la forme de la danse. Gilles Le Goff a relevé plus de dix façons de faire le pas sur la même commune, ce qui laisse une certaine liberté d’expression, tout en conservant l’esprit de base, sans pour autant en faire une danse différente. Les hommes, en général, faisaient des mouvements de jambes plus importants que ceux des femmes qui, elles, dansaient plus près du sol. Notons que le meneur se permet indéniablement des mouvements plus exubérants et plus fantaisistes. Parfois, l’un des danseurs ou chanteurs  s’écriait « Cheñchomp mod : bragoù bras a-raok ! » (« changeons de façon : les grandes culottes devant ! » - référence aux culottes des femmes) : c’est alors que l’homme et la femme du couple meneur inversaient leurs positions pour mener un court temps de danse.

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Gavotte sur la place de Saint-Eloy en 1947.
A l’accordéon : Jacques Yvenat, dit « Jakig Boher ». Collection Gilles Le Goff

BALE DISKUIZH

Partie marchée

Les danseurs se tiennent par le doigt, en chaînes courtes dans la forme où ils étaient en dansant la gavotte précédente, en marchant plus ou moins rapidement selon l’air. Départ du pied droit, bras avec mains au niveau des hanches abaissés au temps 1, suivi d’un balancement bas-haut durant les 16 ou 32 temps de la marche selon l’air. Le couple meneur ne se tient plus par le bras comme pour la gavotte mais par le doigt. Au dernier temps, un temps de pause est marqué avant la reprise de la partie dansée. Lorsque le bal était précédé ou suivi d’un jibidi, le pas de marche pouvait être remplacé par des pas de polka, départ du pied droit. Les mains sont alors à hauteur des hanches et effectuent un mouvement de baissé-levé sur chacun des temps.

Partie dansée

Cette partie du bale diskuizh correspond à la gavotte : même pas et mêmes mouvements de bras.

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Gavotte de la noce des trois soeurs Gourmelon le 10 octobre 1920 à Rumengol.
Photo de famille de Gilles Le Goff

Variantes

Ces deux danses font l’objet d’autres fiches de danse :

  • Gavotenn vraz -  Grande gavotte d’honneur du pays Kernevodez dansée en cortège de quadrettes et suivie de bals à deux et en ronde, parfois d’un jibidi ou d’une autre danse
  • Gavotenn war ar zeienn (gavotte sur les rubans) - gavotte de concours dansée en chaîne de couples qui se séparaient au changement d’air pour effectuer les figures du concours.

Accompagnement musical

Il n’y avait pas de long appel à la danse comme dans le Poher, mais généralement quelques phrases (maximum un couplet), parfois même sur un autre air que celui de la gavotte. Certains musiciens, Job Yvinec notamment, entammaient directement la danse. Le rythme est très saccadé avec des appuis très forts sur certains temps. Le tempo est fixe et oscille de 144 à 161 à la noire (analyse sur une quinzaine d’airs de collectage), l’idéal étant 152-154, hormis pour la partie marchée du bal où des variations importantes ont pu être constatées. Concernant la gavotte qui nous intéresse ici, le chant est l’accompagnement le plus dominant. Il peut être sous la forme kan ha diskan avec les chanteurs se tenant à coté des danseurs ou avec un chanteur dans la danse, le refrain étant alors repris par les danseurs. Les chansons, souvent légères ou humoristiques, sont généralement composées par ces mêmes chanteurs ou empruntent aussi un répertoire de feuilles volantes. Au XIXe siècle, Jean-Marie Le Scour, originaire du village de Boudourec à Hanvec écrivit de nombreuses chansons parmi lesquelles Metig ha kloareg koad ar c’hrannoù, An hini a garan. Le tuilage est systématique. Au cours d’une danse, les chanteurs recouraient de temps en temps à un double tuilage permettant de relancer l’énergie des danseurs et de tonifier l’ensemble. Le kaner reprend alors le début du couplet qu’il vient de chanter en même temps que les diskanerien. Citons plusieurs exclamations des chanteurs entendues à la fin des années 1960 pour dynamiser les danseurs : « Ale, ma hon, ma hon ! » (hop là, ça vient, ça vient !), « Ale, stlak ho galochoù ! » (hop là, claquez vos galoches !). Hervé Le Menn (Veig ar Menn) a assuré le maintien de cette tradition de chant en écrivant et collectant des chansons dans les années  1930-1940, ainsi que son neveu Yves Le Cann qui édita en 1950 le livret de chansons Digor an abadenn.
De façon plus exceptionnelle, des instruments de musique pouvaient également porter cette danse :

  • dans la majorité des cas, un accordéon seul, diatonique ou chromatique si l’opportunité se présentait d’avoir la présence d’un musicien, ou lors d’un bal.
  • occasionnellement, des formations de style jazz-band, lors de bals, avec un ou plusieurs instruments accompagnant l’accordéon (saxophone, clarinette, trompette, batterie...)
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Mode vestimentaire

Le costume du pays Kernevodez était porté sur les communes de Rumengol, Hanvec, Saint-Eloy, L’Hôpital-Camfrout, Irvillac, Daoulas, Logonna-Daoulas, Loperhet, Dirinon et Saint-Urbain.

Costume des femmes

Il est quasiment identique à celui porté dans les pays Bidar et Rouzig, seules les coiffures sont différentes. La coiffe carrée appelée « koeff kernevodez » ou « koeff daoulas » dont les plis donnaient une forme de toiture bien prononcée, avec les « troñsoù » (larges ailes) plaqués sur les côtés qui était portée sur toutes ces communes, a été progressivement délaissée au profit de la coiffe à ailes ouvertes, dite « koeff kastellin » depuis le début du XXe siècle dans les communes plus au sud (Rumengol, Hanvec, L’Hôpital-Camfrout). La « koeff berr » (ou « koeff bourlok » ou « koeff noz ») en forme de bonnet phrygien qui était portée dans les communes plus au nord (Irvillac, Dirinon, Saint-Urbain) a progressivement disparu après la guerre 1914-1918 remplacée par la « koeff kernevodez ». Le « kapig du », (petite cape noire), coiffe de travail ou d’hiver, était en tissu de coton ou laine, bordée de velours. Elle entourait la tête jusqu’aux épaules.

Couple en costume ordinaire porté à Hanvec dans les années 1950.
Collection Gilles Le Goff

Costume des hommes

Dans les communes de Rumengol, Hanvec, Saint-Eloy plus au sud-est du pays Kernevodez, le costume masculin était identique à celui des pays Bidar et Rouzig : gilet bordé de velours ouvert en cornes, chupen à basques, deux rangées de boutons de jais avec fausses boutonnières et turban en tissus de laine bleu, chapeau à large ruban aux bords relevés sur les côtés à la «cow boy». Au nord-ouest, dans les sept autres communes, le costume masculin était différent : gilet de la même coupe que le précédent, mais avec les «cornes» repliées en revers, chupen court avec deux petites rangées de boutons sur les côtés et bas des manches, col droit de velours et revers larges parfois de velours turban bleu ou à rayures ou carreaux, pantalon à pont à carreaux ou rayures pour les deux modes.

CD de référence

  1. Gavotte Paotr Sant Alar - chant - Jean-Marie Le Nard de Kergoarem et Marianne Ferrec (Nan-na Kerhéré) de Saint-Eloy - collecté en 1970 à Rumengol lors d’une veillée au moulin de Touloudu et chanté par Gilles Le Goff.

  2. Bale diskuizh Entre Paris-Versailles (grande gavotte de l’armistice 1918 à Rumengol)  - chant - Marie Péres (Mme Pennec) - collecté en 1968 et chanté par Gilles Le Goff

  3. Suite gavotte - Accordéon - Job Yvinec - enregistré par Gilles Le Goff dans un bal à la gare d’Hanvec en 1969

Job Yvinec animant un bal en 1968.
Collection Gilles Le Goff
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Ressources

Chants et musique

Vidéo

  • Concours de gavotte «War ar zeienn» sur la place de Rumengol en 1947, films de l’abbé Bothorel
  • Collection Jean-Michel Guilcher : film des années 1950, tourné à Hanvec notamment
  • Collection Gilles Le Goff : François Marie-Galeron (87 ans) et Soaz Salaün (84 ans) à Hanvec en 1994 - Marianne Morio (90 ans) et Gilles Le Goff (56 ans) à Hanvec en 2003 - Jean Pouliquen (80 ans) à Hanvec en 2005

Bibliographie

  • Le Menn Hervé, Toniou biniou, K.A.V (Kenvreuriezh ar viniaouerien), Gavottes simples, gavottes War ar zeienn, Monfarines (Laeradeg), Pilerlan, 1940
  • Le Cann Yves, Digor an abadenn, Pays de Hanvec, 1950
  • Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, Coop-Breizh – Chasse-Marée/Armen, 1995 (première édition : 1963)
  • Montjarret Polig, Toniou breiz izel (receuil de partitions regroupant diverses gavottes de Hanvec)
  • Le Menn Hervé, Istor Hanveg : Parrez ha kumunn, Editions La Baule, 1974
  • Bro / Pays Kernevodez, Editions Centre du Patrimoine Oral de Cornouaille / Dastum bro Gerne, 2011
  • Le Scour Jean-Pierre-Marie, Feuilles volantes, Hanvec, 1850
  • Guide touristique de la MAIF-Bretagne, 1967, page 127
  • Laurent Charles, Evolution du costume en Cornouaille Léonaise-Pays Kernevodez, 1970
  • Divers cahiers et feuillets manuscrits

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Remerciements

  • Informateur et référent de la danse : Gilles Le Goff
  • Coordination du projet et rédaction de la fiche :
  • Jacqueline Lecaudey-Le Guen
  • Relecture : Michel Guillerme
  • Iconographie : Gilles Le Goff
  • Ecriture de la danse : Bernard Langlois

Noce des trois soeurs Gourmelon le 10 octobre 1920 à Rumengol, position de départ de la gavotte.
Photo de famille de Gilles Le Goff


Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.