Fiche de danse

Gavotte du Bal-Léon mode Plouarzel

Terroir

Bas-Léon

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Une première fiche technique a été élaborée à partir des données recueillies lors du collectage mené dans les année 1973-1975 et d’après les éléments noté par J.M Guilcher. Cette fiche a été retravaillée en 1991 par Erwan Tanguy et Ghislaine Fur, et mise à jour en 2015.

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Famille de danses

Gavotte

Structure de la danse

Danse unique

Accompagnement traditionnel

Chant

Forme de la danse

Epreuve terroir du championnat de la Saint-Loup 2015 par Eskell an Elorn de Landerneau, par Frédéric Harnois

Appellation

Cette gavotte se retrouve dans la partie occidentale du Bas-Léon, ce qui explique son nom.

Situation géographique et historique

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Limites du Bas Léon : Le Bas Léon est généralement situé par les chercheurs à l’ouest d’une ligne Brest-Plouguerneau. Cette ligne ne semble toutefois pas établie de façon rigide, les communes de Guipavas, Le Relecq-Kerhuon, Plabennec, Kersaint- Plabennec, Le Drennec, Lanarvilly, Kernilis peuvent également être considérées comme faisant partie du Bas-Léon.
Territoire de la Gavotte du Bas-Léon : Le territoire de la gavotte du Bas-Léon se situe dans un périmètre délimité : à l’ouest et au sud, par la côte et quelques petites îles à part Molène, à l’est par les communes de Milizac, Saint-Renan et Saint-Pierre-Quilbignon (aujourd’hui quartier de Brest) et au nord par Landeda où ne subsiste que la forme en cortège.
Terroir de la Gavotte mode de Plouarzel : la mode dite de Plouarzel s’étend sur les communes de Plouarzel, Lampaul-Plouarzel, Trezien (aujourd’hui dépendant de Plouarzel) et tout ou partie de la commune de Ploumoguer.

Informateurs, témoignages et transmission

Il est à rappeler que le collectage a été effectué auprès des personnes âgées de 80 à 90 ans à cette époque déjà. Seules des formes résiduelles de la danse de cette région ont été trouvées et annotées. (Informateurs 1973-1975: René et Louis Hall, Anita et Colette Frelaut, Erwan Tanguy).

Occasion de danse

Comme dans toute la Bretagne, tout rassemblement (grands travaux, veillées...), chaque fête (mariage...) étaient l’occasion de danser. Toutefois, les positions du clergé limitant strictement les possibilités de danse ont contribué à la disparition complète des danses dans tout le Bas-Léon d’aujourd’hui. A propos de la ronde aux trois pas du Léon, Hélène et Jean-Michel Guilcher dans les Annales de Bretagne LIX de 1952 écrivent : « Une des principales occasions de danse était les aires neuves. Du premier juin aux battages, c’était tantôt dans une ferme tantôt dans une autre, grande réunion de parents, de voisins, d’amis, venus aider à refaire l’aire à battre. On tassait l’argile fraîche aux pieds en dansant... La danse était aussi pratiquée non seulement dans les fêtes : mariages, pardons, foires, feux de la Saint-Jean, mais encore en toute occasion dans la vie courante, sur la plage, aux champs en gardant les bêtes, sur la place, en famille, etc. Il n’était pas toujours nécessaire que garçons et filles fussent réunis : les hommes autrefois dansaient souvent ensemble entre eux. »

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Epreuve terroir du championnat de la Saint-Loup 2015 par Eskell an Elorn.

Origine et famille de danse

Comme le précise Jean-Michel Guilcher, cette danse fait partie de la famille des gavottes. Cependant son historique en Bas-Léon n’est pas simple à définir. Il est certain qu’elle était très en vogue dès 1850 dans ce terroir, mais il est difficile de savoir si elle y est de très ancienne tradition, ou si elle s’est développée suite à des emprunts effectués au cours du XVIIIe siècle.

Forme et structure de la danse

En Bas-Léon, la forme fondamentale est la ronde. Parfois elle est seule en usage, parfois s’y associe une autre forme, soit la chaîne ouverte, soit le cortège. Sur le territoire de la mode de Plouarzel, seule la forme en rond semble subsister en 1973-1975.

 
 

Tenue et mouvement des bras

Les modes bras avant de la gavotte du Bas-Léon, auxquelles appartient la mode de Plouarzel, se dansent par la main ; soit la main droite dessus et la gauche dessous (cf. gavottes de Cornouaille), soit le garçon porte la main des cavalières, soit les cavalières portent la main des cavaliers.
La danse étant une danse paysanne non codifiée de façon stricte, il n’a pas été possible en 1973-1975 d’élucider la façon précise dont les mains étaient tenues sur le territoire de la mode de Plouarzel. Nous pouvons toutefois remarquer qu’il ne semble pas y avoir eu de façon unifiée et généralisée de se tenir la main. Les bras sont ballants, souples près du corps, mais ils ne sont pas collés à ce dernier. Le mouvement se fait à partir de l’épaule et non des coudes. Il est régulier d’avant en arrière et plus accentué aux temps 3 et 4 et au temps 7. L’amplitude est alors relativement importante et prend son élan par l’élévation des bras (bras parallèles au sol) pour redescendre vers le sol. Les bras alors ne dépassent que peu la ligne du corps. Le mouvement est tonique.

Technique de pas

La formule comprend 8 temps avec un pas subdivisé aux temps « 3 et 4 », un appui contenu aux temps 7-8 et une alternance régulière des appuis. Le démarrage de la danse s’effectue avec les pieds orientés de 3/4 gauche.

Temps 1 : Le pied gauche se pose en appui réel, orienté de 3/4 gauche, sur la ligne de danse

Temps 2 : Le pied droit vient se poser, sans le croiser ni le dépasser, à proximité du pied gauche. La pointe du pied droit est orientée légèrement vers la gauche. ou vers le centre.

Temps 3 : Le pied gauche se pose en appui réel sur la ligne de danse, mais il est orienté cette fois-ci 3/4 droite. Le corps est également orienté de 3/4 vers la droite.

Temps et : Le pied droit vient rejoindre, sans le dépasser, le pied gauche en position parallèle.

Temps 4 : Le pied gauche se déplace sur la ligne de danse, sa pointe est orientée légèrement vers la gauche alors que le corps (épaule et hanche) reste orienté de 3/4 droite.

Temps 5 : Le pied droit se pose sur la ligne de danse à proximité du gauche. Sa pointe et le corps sont orientés vers le centre.

Temps 6 : Le pied gauche se pose sur la ligne de danse pointe orientée de 3/4 gauche. Le corps est également tourné dans cette direction.

Temps 7 : Le pied droit se pose en avant de la ligne de danse, pointe orientée de 3/4 gauche.

T emps 8 : Le pied droit reste en appui contenu. La pointe du pied gauche se retrouve en appui fictif sur le sol, le talon est décollé. Les 2 pieds ainsi posés forment une ligne.
La danse alors semble être attirée vers le centre du rond.

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Remarque : En raison de l’amplitude donnée par le mouvement de bras, le talon du pied droit peut légèrement décoller du sol.

Rappel des orientations des corps (tête, épaules et hanches) :
- de 3/4 gauche : aux temps 1 - 2 - 6 - 7 - 8
- de 3/4 droite : aux temps 3 et 4
- vers le centre : au temps 5

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Style

Les pieds sont bien à plat, ancrés dans la terre, avec une surrection du corps aux temps 7-8, provoquée par le mouvement des bras et la position du corps. Le corps a tendance à se courber sous l’influence du mouvement des bras et les épaules donnent l’impression de s’avancer aux temps 3 et 4 et aux temps 7-8. Le corps est souple durant toute la danse.
Le déplacement se fait vers la gauche, sur la même ligne de danse (excepté au temps 7). Il est celui d’une marche régulière. La progression est contenue sans à coups.

Epreuve terroir du championnat de la Saint-Loup 2015 par Eskell an Elorn de Landerneau

Accompagnement musical

Soliste et chœur dans la danse à l’heure actuelle ; violon à la fin du siècle dernier et au début de ce siècle (Guilcher). Au XVIIe et au XVIIIe siècle les danses se font toujours soit au son de la musette, soit à la voix». (Le Gonidec en 1806). «Beaucoup plus rarement sont mentionnés la clarinette (région de Saint-Renan), la vielle (Lanildut) et le biniou (on signale un sonneur de biniou à Saint-Pierre-Quilbignon, aujourd’hui quartier de Brest, en 1895) (...).

Epreuve terroir du championnat de la Saint-Loup en 2015 par Eskell an Elorn de Landerneau.
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Le chant est plus communément utilisé. Il est diversement réparti entre les danseurs. En plus de l’alternance soliste-chœur, on connaît, en cas de chanson à refrain, l’alternance de deux solistes pendant le couplet, le chœur se chargeant du refrain ; l’alternance d’un chœur d’hommes et d’un chœur de femmes, chaque chœur disant une fois l’ensemble couplet-refrain ; la même alternance réservant le couplet aux hommes, le refrain aux femmes. Nous n’avons jamais eu connaissance de formules chantées préludant à la danse, rien n’indique que la chanson soit un constituant essentiel du divertissement (Guilcher).
Le Bas-Léon a suivi l’influence des chants du Pays Pagan, qui a été et demeure toujours, un terroir où la danse est très présente. Le Pays Pagan ne semble pas avoir été aussi profondément influencé que le Bas-Léon par les positions du clergé en ce qui concerne la danse. Il ressort en effet des collectages de 73-75 que les chants du Pays Pagan se retrouvent dans tout le Bas-Léon. Y ont-ils été toujours présents ou se sont-ils substitués à d’autres plus spécifiques au Bas-Léon ? Quoi qu’il en soit, le Pays Pagan a constitué un élément phare et attractif pour le Bas-Léon en ce qui concerne les chants à danser, Bas-Léon où les traditions chantées et dansées ont actuellement disparu en quasi-totalité, ce qui n’est absolument pas le cas en Pays Pagan.
Les paroles et les airs se retrouvent indifféremment d’un pays à l’autre, chantés toutefois avec un caractère différent. Jean-Michel Guilcher note que la danse constituait la caractéristique principale du divertissement, les chants étaient donc secondaires. Il remarque aussi que souvent les airs chantés ne correspondent pas du tout aux caractéristiques des différents types de gavotte dans le Bas-Léon, ce qui n’empêche pas les danseurs, imperturbablement, de poursuivre leur danse.
Il parait donc y avoir une certaine dichotomie entre le chant et la danse. Ceci a également été vérifié lors des collectages de 1973-1975 et plus tardivement lors de collectages à l’île Molène, qui, bien que ne faisant pas partie du terroir de la gavotte, se situe en Bas-Léon. Sur le territoire de la mode de Plouarzel : l’accompagnement musical vérifié en 1973-1975 est celui du soliste auquel le chœur répond. Le soliste est dans la ronde et chante en dansant. Les chants sont le plus souvent en breton, il existe toutefois des paroles en français, mais sans aucun intérêt. Le tempo vérifié en 1973-1975 est plus lent que dans la mode dite « du Conquet » qui occupe un territoire plus au sud. Il est celui d’une marche solennelle, le métronome se situant entre 100 et 108 (Allegretto).

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Mode vestimentaire

Le groupe vestimentaire du Bas-Léon est un des plus étendu de Bretagne, après les modes vestimentaires du comté nantais et du bassin rennais. La base du costume féminin se compose d’une camisole, le plus souvent en lainage fin ou satinette de coton, parfois agrémentée de plis ou de dentelle et d’une jupe dont la longueur diminuera avec le temps. Le tablier de couleur plutôt sobre, peut avoir une bavette de taille grande ou moyenne, sous laquelle est fixé le châle. Ce dernier est la pièce maîtresse du costume. On en distingue quatre types différents. Enfin, les femmes portent une coiffe appelée « choukenn » ou « penn paket ».
Les hommes quant à eux, portent des pantalons à pont, une chemise blanche à col droit, un gilet noir en drap et une veste noire, courte également en drap de laine. Un chapeau à guides avec une boucle à l’arrière termine l’ensemble.

Jeune femme du Bas-Léon.
Collection Cartopole de Baud.

CD de référence

Kan ha diskan - Erwann Tanguy et Raymond Le Lann

  1. N’am euz mui nemet deg miz

  2. Nag en tu all da Bariz

  3. Fandivoudigou tralala


Couturières bretonnes environs de Lannilis, Plouguerneau, Landéda.
Collection Cartopole de Baud.
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Ressources

  • Danses de toutes les Bretagnes - Volume IV : Le Léon - DVD - Kendalc’h
  • Guilcher Jean-Michel, La tradition populaire de danse en Basse-Bretagne, Coop Breizh - Chasse-Marée/Armen, 1995 (première édition : 1963)
  • Creston René-Yves, Le costume breton, Coop Breizh, 1993

Remerciements

  • Rédaction de cette fiche : Erwann Tanguy, aidé par Ghislaine Fur et Ronan Autret
  • Collectage et transmission : Anita et Colette Frelaut, René et Louis Hall
  • Conseils sur le terroir : Annie Le Goaster

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.