Groupe vestimentaire
Le groupe vestimentaire du Bas-Léon est un des plus étendu de Bretagne, après les modes vestimentaires du comté Nantais et du bassin Rennais.
Jeune fille de Lannilis en costume de petit dimanche vers 1905. Collection Ronan Autret
Situation géographique et historique
Le Bas-Léon est un terroir situé à l’ouest de l’évêché du Léon. Il est bordé par la Manche, la mer d’Iroise, la rade de Brest et le cours de l’Elorn. Sa limite orientale est une ligne Landerneau - Lesneven. Ce terroir comporte une cinquantaine de communes auxquelles viennent s’ajouter l’île Molène et l’île d’Ouessant malgré sa mode vestimentaire particulière.
Costume féminin
Le Bas-Léon est un pays de grands châles. Une théorie laisse penser que, contrairement à ce qui est régulièrement présenté, les châles ne seraient pas venus des Indes par Lorient, où cette mode n’est pas répandue. Il est suggéré que le grand châle aurait été introduit par «les caboteurs faisant le trafic saisonnier (légumes, oignons, pommes de terre, blé) entre la Bretagne et l’Angleterre, dont les fabriques auraient fourni la matière première.» (René-Yves Creston, Le Costume Breton, page 168).
La camisole
Les femmes portent généralement une camisole de couleur noire (sauf pour les mariages et les communions où elle était blanche), en lainage fin ou en satinette de coton, parfois en satin de soie dans les familles aisées, avec en général un col ras-du-cou et des poignets droits ou boutonnés. Cette camisole peut s’orner sur le devant de plis ou de dentelle. Avec le grand châle des dimanches ou de cérémonie, elles ajoutent parfois une petite broche sur l’avant de la camisole.
La jupe
En 1900, la jupe est longue et cache les chevilles. Elle est en mérinos noir, parfois en satinette de coton épaisse, froncée sur l’arrière et à plis plats sur le devant. Elle s’est raccourcie au cours des années.
Le tablier
Il n’y a pas de restriction de couleur pour les tabliers, mais les couleurs restent plutôt sobres. Ils sont en soie, satin, moire, crêpe ou velours floqué. Il a une grande ou moyenne bavette, selon les communes, qui s’attache sur les plis du châle et peut être brodée (broderie Richelieu notamment, à partir des années 1920). Le tablier peut être brodé, perlé ou de dentelle, doublé dans ce cas d’un tissu coloré pour souligner les motifs de la dentelle.
Le châle
Le grand châle en laine mérinos
Il est porté de Pâques à la Toussaint, brodé en fil de soie, ton sur ton ou de couleur plus soutenue pour contraster avec le fond du châle. Il est bordé de franges travaillées en macramé formé de lacet de soie, parfois de fils de soie à partir des années 1925-1930. L’importance de la broderie était proportionnelle à la richesse de la femme. Les couleurs sont diverses : blanche pour les mariages et les communions dans les famille aisées (on en retrouve peu car ils été teints comme nous le dirons plus loin), beige, vert, bordeaux, marron, violet, rouge, bleu ou noir. Dans les familles très riches qui pouvaient posséder un châle de chaque couleur, ce qui était très rare, les jeunes femmes pouvaient ainsi suivre la couleur de l’étole des prêtres au cours de l’année liturgique.
Châle de cérémonie léonard des années 1920.Collection War ‘l Leur
La couleur la plus courante est le beige, car, à défaut de pouvoir posséder plusieurs châles de couleurs différentes pour suivre la liturgie, le beige permettait d’être toujours accordé au temps liturgique, comme l’est l’étole dorée des prêtres qui peut remplacer toutes les autres couleurs. Après leur mariage, les femmes teignent leur châle de couleur en noir, soit à la naissance du premier enfant, soit un an après le mariage. Ceci bien entendu si la famille ne possède pas déjà de châle noir. Les châles de couleur sont en effet portés uniquement par les femmes jeunes. Nombre de familles ne possèdent qu’un châle noir, qui sera du coup aussi utilisé le jour du mariage. La pointe du châle arrive au niveau des chevilles. Il était courant dans une famille que les filles se partagent un même châle. Ainsi, on raconte que, parfois, elles allaient à des messes différentes afin de pouvoir se présenter chacune avec le châle de la famille. Lors des mariages ou des grandes cérémonies, les familles pouvaient se prêter entre elles les châles brodés. Dans les familles peu fortunées ou lors des deuils, le châle était noir et sans broderies, mais avec des franges de macramé.
Le châle cachemire
Parfois appelé « tapis », il est porté dans le Bas-Léon par les riches paysannes propriétaires et plus souvent par les familles d’armateurs, ces derniers l’offraient à leur fiancée ou leur femme. Ilse démocratise par la suite. Il y avait deux sortes de châles tapis, ceux tissés en Inde, les plus prisés et les plus chers, et ceux tissés à Lyon. On en recense beaucoup lors des mariages au début du XXe siècle. Cependant, il est fréquemment loué pour l’occasion, car trop onéreux pour de simples paysans. Dans les familles fortunées, le châte tapis sera porté jusqu’à la fin des années 1920, voire le début des années 1930.
Le châle d'hiver
Le châle porté en hiver, de la Toussaint à Pâques, est plus court. En laine plus épaisse, il est soit uni, soit comportant des motif tissés dans la trame. Il peut être à carreaux, soit ton sur ton, soit de plusieurs couleurs, d’où son nom de « châle tartan ». Il comporte de courtes franges assez épaisses formées des fils de trame torsadés.
Le châle de tous les jours
Pour les jours ordinaires, le châle est moins grand et sans broderie ni franges, ou carrément petit, arrivant au milieu du dos, appelé « mouchoir ». Il peut être à careaux, notamment sur la côte.
La choukenn ou penn-paket
La coiffe typique du Bas-Léon est appelée la « choukenn » ou « penn-paket ». Cette coiffe est une « supellinenn » de la famille des coiffes dites « laitières » car elles étaient portées par les femmes de la campagne. Cette forme archaïque fut conservée tardivement dans le Bas-Léon. Elle est portée dans les zones rurales du nord de Landerneau et dans tout le Bas-Léon, et comme son sobriquet l’indique (« penn paket » que l’on peut traduire par « tête empaquetée »), elle recouvre toute la tête. C’est la coiffe typique des campagnes du du Bas-Léon. Les artisanes des bourgs pouvaient porter quant à elles une coiffe particulière, dite « marmotte ».
Penn paket brodée main vers 1920. Collection War ‘l LeurLa cornette
Cette coiffe est portée principalement pour les grandes cérémonies par les familles aisées dans tout le Bas-Léon, lors des communions, des pardons et des mariages. C’est la base de la coiffe archaïque dite « supellinenn », les ailles vont rester larges et longues même si elles diminueront régulièrement au cours du XXe siècle. Cette coiffe est richement brodée, et comme la choukenn est posée sur une sous-coiffe. La camisole portée avec la cornette s’orne souvent de dentelle blanche autour du cou et sur le devant. S’il s’agit d’un mariage en châle blanc ou d’une communion, la camisole est entièrement blanche, en satin généralement.
Costume masculin
Au début du XXe siècle, les hommes portent des pantalons à pont de couleur noire, en drap feutré pour les cérémonies. Pour les jours ordinaires, ils peuvent porter un pantalon rayé gris ou à carreaux. La chemise est blanche à col droit avec parfois un ruban autour du cou aussi appelé nœud twist. Par-dessus, ils portent un gilet noir, en drap, avec un col droit, et fermé par 4 ou 5 boutons. Sur le gilet, la veste est courte et noire en drap de lainage feutré également, avec un col droit montant, et les revers cousus. Le bas des manches peut être boutonné. Elle reste ouverte mais compte quand même 4 à 5 boutons sur le côté. Enfin les hommes portent un chapeau : il s’agit d’une calotte entourée d’un ruban de velours pendant sur l’arrière, appelé « guides », retenu par une boucle pouvant être en zinc, cuivre, argent ou vermeil selon la richesse de celui qui le porte . La ciselure de la boucle représente parfois la profession de la personne. Après la première guerre mondiale, le costume traditionnel masculin est rapidement abandonné et remplacé par le costume de ville mais en gardant souvent le chapeau à guides. Les derniers hommes portant le costume de ville avec le chapeau traditionnel ont été observés à la fin des années 1970. Les pêcheurs portent la tenue de marin, semblable sur tout le littoral, vareuse de toile épaisse, souvent portée avec un large béret Basque.
Couple de Ploudalmezeau en costume de1900 Collection Ronan Autret
Ressources
- Annales de Bretagne LIX de 1952 - Hélène et Jean-Michel Guilcher
- Le Costume Breton - René-Yves Creston - page 168
Remerciements
- Marie-Thérèse Perros, de Saint-Renan, repasseuse et collectionneuse (1937-2011)
- Francine Gueneguès, de Locmaria-Plouzané, brodeuse et qui fait de la ré-application de broderie sur coiffe (née en 1926)
- Anita et Colette Frélaut
- Louis et René Hall
- Annie Le Goaster
Collection Ronan Autret.
Collection Ronan Autret.