Le terroir
En bleu clair : Lanvénégen, Guiscriff, et Le Faouët font partie de la mode vestimentaire de l’Aven mais le répertoire dansé y est plus nuancé.
Le pays de l’Aven, ou Bro Aven, est l’un des grands terroirs traditionnel de la Cornouaille, occupant toute la partie sudest du Finistère, dont les frontières proposées par Jean-Michel Guilcher dans son ouvrage consacré à la tradition populaire de danse en basse-Bretagne, sont facilement identifiables puisqu’il s’agit de frontières naturelles :
• une frontière maritime s’étendant d’est en ouest, entre les plages du Pouldu, sur la commune de Clohars-Carnoët et la rivière de l’Odet marquant la limite occidentale du terroir
• à l’est, une frontière fluviale partant de l’embouchure de la Laïta en longeant le cours de cette rivière saline jusqu’à Quimperlé, et se prolongeant le long du cours de l’Ellé, sur les communes de Tréméven, Querrien et Saint-Thurien
• sur la commune de Scaër, le vieux massif granitique des Menez-Du, marquant la limite nord du terroir
• à l’ouest, en redescendant vers la côte la limite occidentales des communes de Tourc’h et d’Élliant frontalières du pays Glazig, celles de la commune de Saint-Yvi, et la campagne concarnoise se prolongeant vers le pays fouesnantais sur les communes de Saint-Évarzec, Gouesnac’h et Bénodet
Du point de vue culturel, nous sommes ici dans la région la plus méridionnale de la basse-Cornouaille. En fait, le terroir est formé de deux grands sous-terroirs qui sont le pays Fouesnantais et le pays Aven-Bélon dans lequel il faut encore distinguer le pays Melenig, situé dans la région d’Élliant et le pays Duig.
Communes de l’Aven
Bannalec
Baye
Bénodet
Clohars-Carnoët
Clohars-Fouesnant
Concarneau
Élliant
Fouesnant
Gouesnac’h
La Forest-Fouesnant
Le Trévoux
Locunolé
Melgven
Mellac
Moëlan-sur-Mer
Névez
Pleuven
Pont-Aven
Querrien
Quimperlé
Riec-sur-Bélon
Rosporden
Saint-Évarzec
Saint-Thurien
Saint-Yvi
Scaër
Tourch
Trégunc
Tréméven
Danses principales
Dans le pays de l’Aven, la danse est reine et le répertoire dansé y est riche et varié. La gavotte, danse majeure du terroir, y tient un rôle essentiel et moteur, puisqu’elle impose aux
autres danses qui s’y pratiquent, le pas et le style qui la définisse, et qu’elle peut ainsi se prévaloir « d’ouvrir le bal » en étant toujours la première danse de la suite traditionnelle. Elle est toujours suivie comme il se doit, d’une série de bals, et suivant la région et l’époque, d’une autre danse majeure bien connue des danseurs, sous le nom de « jabadao », encore appelée « dañs an diaoul » (danse du diable). Des danses dites mineures, telles que le jimnaska et le stoupig viennent enrcichir et compléter un répertoire déjà conséquent. Les occasions de danses sont nombreuses : noces, pardons et concours de danses, mais aussi lors de la fin des battages (gwastell dorn), ramassages de pommes, ou autres rassemblements festifs toujours prétextes à danser.
Ci-dessous, noce en Pays de Quimperlé vers 1910. Collection LM
Accompagnement musical
En pays de l’Aven, complaintes (gwerzioù), mélodies et airs à danser ont de tout temps rythmés la vie des gens de ce terroir. Bien que peu à peu remplacé par l’accordéon dans l’entre deux guerres, l’ensemble instrumental traditionnel « binioù-kozh - bombarde » y est resté l’accompagnement le plus prisé, notamment pour la danse. Des sonneurs encore célèbres aujourd’hui, tels que Mathurin Furic (dit Matilin An Dall) ou Auguste Salaün ont su d’ailleurs laisser leurs empruntes dans les mémoires. Le chant, bien que moins répandu, a su se maintenir, notamment dans la partie orientale du terroir, en pays dañs a ruz, où les gens les moins aisés de la société paysanne y avait recours pour se
divertir lors des veillées, des fêtes de quartiers ou lors des rassemblements famillaux tels que les fiançailles ou les noces. Il se pratiquait suivant la technique du kan ha diskan ou par la répétition alternée du phrasé. Même si beaucoup d’airs sont à jamais perdus de nos jours, fautes d’avoir été collectés, les thèmes anciens qui accompagnent toujours notamment le patrimoine dansé de ce terroir sont nombreux, riches et variés, à l’image des danses qui s’y pratiquent depuis longtemps.
Le costume
Le mode vestimentaire traditionnelle du pays de l’Aven est appelée Giz-Fouen. Le costume féminin de cette mode propose une unité de coupe et d’ornementation dont les nombreuses différences se focalisent essentiellement sur la coiffe. En effet, cette parure de tête, que René-Yves Creston définie comme une « coiffe à rubans », reconnaissable au montage très stylé de ses ailes empesées, offre un ensemble de variantes dont certaines, comme la coiffe dite de Moëlan, ne sont portées que sur une commune. À noter aussi le grand col tuyauté qui complète la parure. La vocation maritime de la frange littorale du terroir nous laisse à admirer également un mode vestimentaire porté par les ouvrières
d’usines de la ville de Concarneau dont la coupe et la coiffe sont à rapprocher des modes artisanes de la région de Douarnenez. Citons enfin, dans la région occidentale du terroir, le port sur la commune de Clohars-Carnoêt, d’une mode venue du proche pays lorientais, et sur la basse-ville de Quimperlé, d’une mode qui n’est pas sans rappeler celle rencontrée sur la commune de Moëlan. Le costume masculin retiendra l’attention par son chapeau au large bord, habillé d’un ruban de velours de soie noir orné sur l’arrière d’une belle boucle métallique ouvragée. Le gilet, jiletenn, à l’encolure « ras du cou » et la veste, chupenn, aux empiècements de velours de soie noir peuvent s’enrichir sur certaines communes de belles broderies comme c’est le cas notamment en pays Melenig dans la région d’Élliant.
Ressources
Principaux collecteurs
• Anne-Marie Colomer et Rolland Peron
• Jean-Louis Le Vallégant et les danseurs de Bannalec
• Évelyne et Gilles Le Meurlay
• Personnes ressources des cercles du pays de l’Aven
Bibliographie
• Guilcher Jean-Michel - La tradition populaire de danses en Basse-Bretagne
• Creston René-Yves - Le costume breton
• Fiches Kendalc’h collection Heritaj
Discographie
• ‘N droiat fest / Keltia musique - Daniel Miniou et Jean-Louis Le Vallégant
• Apprenez les danses bretonnes - vol 9. Bevillon/Gorce