Fiche de danse

Suite de Châteauneuf

Terroir

Dardoup

Vidéos et musiques

 

Rédacteurs

Cette fiche a pour origine un travail réalisé par le châteauneuvien Andrev Birrien, appuyé par Jacqueline Le Guen, en collaboration avec Georges Le Meur et son fils Yann. La commission Danse de Kendalc’h (Marie-Hélène Conan, Michel Guillerme) l’a plus tard complétée sous les conseils d’Hervé Irvoas. En 2015, Yann Le Meur a entrepris, en collaboration avec Lenaig Le Meur-Courtas (référente Kendalc’h), une nouvelle rédaction enrichie, notamment, sur le plan contextuel.

 


 
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Famille de danse

Gavotte

Structure de la danse

Suite tripartite

Accompagnement traditionnel

Couple Biniou/Bombarde

Forme de la danse


Journée d’étude la gavotte Dardoup, 1975 (Madeleine Le Meur).
Collection Famille Le Meur

Appellation

La suite, que les  gens appelaient autrefois « la gavotte et les bals », constitue une forme de danse élaborée que pratiquaient les danseurs émérites du pays Dardoup à l’occasion, en général, de leur venue au chef-lieu (Châteauneuf-du-Faou) lors d’événements importants. Cette suite étant aussi pratiquée lors des mariages, elle peut relever de ce qui se nomme, ailleurs, « danse d’honneur ».

Situation géographique et historique

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Aire d’influence de Châteauneuf, le pays Dardoup constitue les marches sud de la « Montagne », terroir ainsi dénommé parce que situé entre les Monts d’Arrée au nord et les Montagnes noires au sud. Celles-ci séparent le pays Dardoup haut-cornouaillais des terroirs sud-cornouaillais de l’Aven (Fouesnant, Pont-Aven) et du Glazig (Quimper). Le pays Dardoup regroupe au sens strict Châteauneuf-du-Faou, Plonévez-du-Faou, Collorec, Saint-Goazec et Laz. S’y sont plus ou moins adjointes, avec le temps, l’ouest de Saint-Thois et, concernant la gavotte, l’est de Landeleau, où les femmes arborent toutefois la coiffe du Poher. Les limites naturelles du Dardoup sont les Montagnes Noires au sud ainsi que les rivières Ster Goanez à l'Ouest et Ster Ellez au Nord-Est.

Informateurs et témoignages

Au cœur de la chaîne de transmission se trouve Georges Le Meur (1927-2011). Dans les années 1950, il apprend « la gavotte et les bals » avec son père Guillaume Le Meur (1893-1958), artisan châteauneuvien ayant jadis remporté 14 concours de gavotte, avec sa cavalière Amélie Hie, avant de se voir appeler dans le jury aux côtés du vieux docteur Le Gall, proche de l’Union Régionaliste Bretonne (URB). Georges Le Meur l’apprendra à ses enfants.  A partir de 1957, il enseigne, d’abord aux jeunes du prestigieux cercle celtique châteauneuvien Roz-Aon, puis à tous les cercles de Kendalc’h en 1964, année où la suite est programmée au concours de Guingamp. Entre 1975 et 1978, un groupe de jeunes, fondateurs des Despunerien bro Dardoup, organise des stages de danse où se révèle un excellent vieux danseur de gavotte et bals, Jean-Louis Le Du (1899-1993), natif de Kerzalic, près de Pont-Pol en Châteauneuf (côté Saint-Thois). Du côté de la gavotte proprement dite, dans les années 1950-60-70 les occasions de voir s’exprimer des vieux bons danseurs étaient nombreuses. Organisant ou accompagnant des festou-noz campagnards ou des concours, Roz-Aon puis Despunerien ont mis en lumière et valorisé les bons danseurs qui ont pu ainsi faire école. Le grand facteur, Reun Moign, menant la gavotte quand il ne la chantait pas, illuminait les abadennoù de sa remarquable prestance. Et les excellentes danseuses, telle Marie Autret, étaient légion.

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Occasion de danse

La suite de Châteauneuf se pratiquait lors d’événements importants auxquels participaient généralement des sonneurs : mariages, grandes foires et pardons, notamment quand s’y déroulaient des concours. Cette forme élaborée était par conséquent beaucoup moins courante que celle de la gavotte classique, en chaîne ouverte longue, qui se dansait fréquemment après les grands travaux campagnards (battage, ramassage de pommes de terre) où un couple de chanteurs faisait l’affaire.

Concours de danse, Pont du Roy,1900

Origine et famille de danse

La gavotte en quadrette, première figure de la suite tripartite, fait partie de la grande famille de la gavotte des montagnes ancrée en Haute-Cornouaille et connue sous l’appellation générale de dañs-tro signifiant qu’elle se danse en ronde. Toutefois, contrairement à ce qui transparaît parfois dans la thèse de J.M. Guilcher, la gavotte Dardoup ordinaire s’effectue depuis longtemps sous la forme d’une chaîne ouverte qui, de surcroît, s’est resserrée à l’extrême dans le cas de la suite d’honneur lors des circonstances extraordinaires. Les deux autres parties de la suite se rattachent à la famille, plus grande encore, des bals cornouaillais sophistiqués. Le bal à huit, notamment, relève d’une forme universelle de jabadao, pratiqué dans toute la Basse-Cornouaille et dans le sud de la Haute-Cornouaille.

Forme et structure de la danse

La suite, se déroule, après un appel à la danse (galv) permettant aux couples de se constituer, sous une forme tripartite : gavotte (garçon — fille — fille — garçon) ; bal à 4 ; bal à 8.
La gavotte est dansée en chaîne courte intégrant deux couples mixtes. La suite présente dans sa forme une similitude avec celles des terroirs voisins (Aven, Glazig, Rouzig).

Tenue et mouvement des bras


Gavotte

Les danseurs se tiennent bras dessus, bras dessous, à angle droit. Les bras marqueront les temps 1, 3, 7/8 dans un mouvement induit par celui du corps. Chaque danseur(euse) saisit de sa main droite la main gauche de son(sa) voisin(e) de droite dont il(elle) recouvre intégralement l’avant-bras. Les mains se situent légèrement au-dessus du niveau de la taille.

Fête du stang 1979 : Roland Quillec et Lenaig Le Meur (photo Dédé Hellec), Collection Famille Le Meur
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Technique de pas

Gavotte

Temps 1 : Prise d’appui du pied gauche à gauche.

Temps 2 : Le pied droit vient prendre sa place avec un léger décollé.

Temps 3 et 4 : Le pied gauche s’écarte et le pied droit prend alors sa place pour se poser aussitôt. Le mouvement est glissé. Ce n’est pas un chassé. Il y a toujours un pied en contact avec le sol.

Temps 5 : Le pied droit rejoint alors le pied gauche.

Temps 6 : Le pied gauche avance toujours de côté.

Temps 7 : Le pied droit rejoint le gauche, croisant parfois le devant du pied gauche avec une bonne prise d’appui…

Temps 8 : … entraînant une surrection corporelle accompagnée d’un fléchissement de la jambe gauche se traduisant par un soulèvement mesuré du pied gauche.

La gavotte Dardoup se caractérise par ce pas légèrement décollé aux temps 3 et 4 (pouvant, selon les danseurs, être un peu retardé, sans jamais devenir un 4 et 5). Ceci s’accompagne parfois d’un petit mouvement de recul, plus ou moins prononcé, du pied droit au temps 5, ayant pour fonction de rééquilibrer le corps. On pourrait y voir un très léger « paz dreñv », ce pas en arrière connu en Aven. La flexion des genoux donne à la danse une allure souple.

Formule d’appui de la gavotte

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Particularité de la gavotte en quadrette

La réduction à 4 du nombre de danseurs offre au meneur une liberté démultipliée de création et d’improvisation. Les premiers et derniers danseurs laissent ballant leur bras libre, le long du buste, le laissant accompagner naturellement le mouvement du corps aux tps 1, 3, 7/8. Les quadrettes occupent l’espace, sans se suivre. Les meneurs sont les danseurs remarquables reconnus pour leur dextérité et leurs prouesses inventives. Ils peuvent à l’occasion exécuter un tour sur eux-mêmes sans forcément lâcher vraiment leur cavalière. Il appartient au garçon fermant la chaînette, danseur qui joue un rôle essentiel, de stabiliser la quadrette et de rétablir l’équilibre du déplacement lors des figures personnalisées qu’exécute le meneur. Les deux filles, au centre de chaîne, assurent l’harmonie et la cohérence de l’ensemble.

Bal à quatre

Le bal à 4 comprend une balade par couple et une partie dansée (figure) par deux couples qui s’entrecroisent. Le pas de base de la figure est la gavotte. La figure du bal à 4 met particulièrement en valeur les cavalières qui rivalisent, dans leurs déplacements, de grâce et d’élégance. Les cavaliers guident les cavalières, s’essayant eux-aussi à la distinction. A la fin de la gavotte en quadrette, les deux couples se séparent et se font face, prêts pour le bal à 4. Cavalier et cavalière se tiennent par la main droite, le bras gauche du cavalier en position basse décontractée, la main gauche de la cavalière. Les deux couples ainsi formés se déplacent circulairement sur la gauche en marchant. En fin de balade : arrêt sur place, avec remontée des bras droits à mi-hauteur pour commencer la partie dansée, la figure.

Temps 1 : Séparation des cavalières de leurs cavaliers

Temps 2 : Les filles s’avancent vers le couple d’en face, en donnant la main gauche à la cavalière et la main droite au cavalier, tandis que les garçons restent sur place ou reculent légèrement, pour mieux permettre le déplacement de leur cavalière. Le bras droit des garçons accompagne celui des filles.

Temps 3 : Les filles progressent en avant vers la gauche, en exécutant le pas de gavotte. Elles se retrouvent, pendant quelques dixièmes de secondes, au centre d’une ligne brisée dans laquelle les cavaliers et cavalières se tiennent tous la main. Les garçons conduisent les deux filles.

Temps 4 : Les filles amorcent leur retour vers leur cavalier, en tournant le dos au garçon d’en face. Elles lâchent la main droite qui tenait le garçon d’en face puis la main gauche qui tenait la cavalière d’en face.

Temps 5 : Les cavalières progressent vers leur cavalier en lui présentant la main gauche.

Temps 6 : Les garçons tournent sur eux-mêmes et font tourner leurs cavalières. Cavaliers et cavalières se tiennent par la main gauche.

Temps 7 : Les cavaliers et les cavalières terminent leur rotation et…

Temps 8 : ... reprennent leur place initiale, avant d’enchaîner sur la mesure suivante qui s’exécute de manière identique.

Cette figure s’effectue quatre fois sur une période de 8 temps chacune. Au 32e temps, le cavalier et la cavalière se retrouvent en position de départ tout en changeant les positions des mains de manière à se tenir de nouveau tous les deux par la main droite, en position basse, pour reprendre la balade.
A noter que c’est le cavalier qui fait tourner sa cavalière autour de lui en effectuant un tour sur place. Le cavalier est « pivot ». Un bon moyen de réussir cette figure est de se servir de son bras gauche pour aider la danseuse à effectuer les temps 5 à 8 en l’attirant vers soi. Ceci a pour effet de s’opposer à la force centrifuge qui la ferait s’éloigner de lui.
Dès que les filles ont une main libre, elles tiennent leur jupe. Durant la figure, le pas de gavotte est pratiqué tout au long des déplacements. A chaque formule de 8 temps, les cavaliers s’orientent d’un nouveau 1/4 de tour en restant quasiment sur place. Ainsi, à la fin des 32 temps, ils sont revenus à leur place initiale en ayant effectué un tour complet. Comme chaque couple effectue un quart de tour à chaque formule de 8 temps en prenant la place du couple de gauche, au 32e temps chacun est revenu à sa place de départ.

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Bal à huit

En fin de bal à quatre, deux groupes de quatre danseurs se rejoignent, en intercalant garçons et filles, et forment un cercle. La danse va s’effectuer en deux parties, la balade dansée puis le bal proprement dit, ici appelée figure.

La balade dansée
En cercle, les 8 danseurs se déplacent vers la gauche sur le pas de la gavotte, les bras se balançant d’avant en arrière en position basse. Au bout de 2 fois 8 temps démarre la figure.

La figure
Les cavalières :
La fille lâche le danseur placé à sa droite et se laisse guider par son cavalier (danseur à sa gauche) qui la mène en face de lui aux temps 3 et 4. Elle le salue à ce moment d’une discrète  inclinaison de la tête. Puis elle termine les  derniers temps de la mesure en reculant -  en tournant sur son épaule gauche - et prend la place, face au centre, de la fille qui se trouvait à gauche de son cavalier au temps 8 précédent. Le « lancé » de filles au temps 5 est plutôt un « lâché » de main de la part du cavalier et n’a lieu qu’au  cours de la première mesure de la figure.
Durant les déplacements des 3 mesures suivantes, les filles sont toujours tournées face au centre et passent de dos devant les cavaliers qui reculent. Leur déplacement se fait latéralement et en arrondi (voir schéma), sans regroupement au point central du cercle. Au temps 8 de chaque mesure, chaque fille prend la place de la cavalière précédente. Ces déplacements durent 32 temps, jusqu’à ce que chaque cavalière ait retrouvé son cavalier initial, à sa gauche. Durant les déplacements, les filles ont les mains à la jupe.

Les cavaliers :
A partir du salut mutuel, ils reculent en dansant pour laisser passer les filles (temps 3 et 4), les bras naturellement ballants ; cavaliers et cavalières se saluent discrètement et avancent légèrement vers le centre. Ainsi, avancés et reculés se succèdent jusqu’au temps 16.
Aux temps 8, les cavaliers peuvent dépasser légèrement la ligne de danse de départ, hormis au 32e temps, où ils doivent revenir à leur place initiale pour former un cercle parfait.
Tous les déplacements et figures s’effectuent sur un pas de gavotte. Dans la balade dansée, il ne faut pas oublier que le déplacement est latéral, face au centre.

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Suite Dardoup ordinaire

Suite Montagne Dardoup des circonstances ordinaires

La gavotte est dansée en chaîne longue ouverte. Une fois achevé l’appel à la danse (galv), la suite Montagne se déroule en trois parties :

  1. La première gavotte (ton kentañ, ou ton simpl),

  2. Le tamm-kreiz (morceau du milieu) ou tamm-diskuizh (de repos), ou dañs an avaloù bihan (danse des petites pommes de terre) : partie du milieu, sans importance, consacrée au repos a pris la place de l’ancien bal à deux de la Montagne),

  3. La deuxième gavotte (ton diwezhañ ou ton doubl), deux fois plus longue dans la 2ème phrase musicale que dans le ton simpl : 16 temps au lieu de 8.

Tamm kreiz châteauneuvien

Il se compose d’une balade marchée librement sur le côté et d’une figure exécutée sur place avec mouvements du pied droit et des bras.

La balade
Ronde formée de couples, marchée librement sur le côté durant 16 temps, en suivant la cadence de la musique. Les bras le long du corps, les danseurs se tenant par les petits doigts, sans autre balancement que celui, naturel, dû à la marche.
En fin de balade, arrêt sur place, avec remontée des bras à angle droit à 15-16. Les danseurs s’immobilisent, les pieds côte à côte.

La figure
Les pieds exécutent un changement d’appuis, avec des pieds légèrement décollés aux tps 3-4 (sorte de passe-pied à plat).
Les bras accompagnent la figure avec un mouvement avant/arrière en même temps que les bras : en avant lorsque le pied droit est posé devant, en arrière lorsqu’il est revenu sur la ligne de danse.

Temps 1 : Appui pied gauche avec sursaut des bras.

Temps 2 – 3 : Avancée simultanée du pied droit et des bras et maintien de ceux-ci avec un léger sursaut au 3ème temps.

Temps 4 – 5 : Même position que 1 – 2

Temps 6 – 7 : Même position que 2 – 3

Temps 8 : Appui pour une nouvelle série de 8 temps

Au dernier temps de la figure (temps 16), retour du pied droit, sans « frappé », afin d’être prêt pour une nouvelle balade et retour des bras en position basse le long du corps.

Note : Le 1er temps de la figure peut être marqué, soit par un sursaut des bras sur place en marquant élastiquement le temps, soit en avançant les bras à mi-course par rapport à l’amplitude totale jusqu’au temps 2. Certains danseurs le marquent également par une très légère amorce de lever du pied gauche. Les bras accompagnent la figure avec un mouvement avant/arrière en même temps que les pieds : en avant lorsque le pied droit est posé devant, en arrière lorsqu’il est revenu sur la ligne de danse.

Style

Impression générale
La gavotte donne une impression de fluidité. Au regard de la gavotte du Poher, la posture semble ici plus tranquille (sioul), le mouvement latéral plus ample (ledan) et la souplesse prend le pas sur l’agilité. Chez les femmes, la discrétion, non la retenue, s’impose. Le danseur s’attache à offrir une esthétique représentant à ses yeux un discret raffinement. Dans le style Dardoup, la compétition ne s’exprime pas chez les hommes en termes de robustesse ou d’exploit physique. Ici, pas de sauts spectaculaires ni de belles et furieuses saccades (mod prim). Mais plutôt la quête d’une virile élégance. Si nous trouvons ici l’une des gavottes haut-cornouaillaises les plus « horizontales », comparée à une danse fisel qualifiée de « verticale », les pieds s’élèvent tout de même, juste ce qu’il faut pour assurer la légèreté du déplacement. Au sol, les pieds sont maintenus bien à plat (ni appuyés sur les talons, ni sur la pointe).
Le corps se positionne dans le sens de la chaîne, parfois de manière légèrement  oblique.
Les mouvements des bras épousent la mouvance corporelle, plus prononcée aux temps 2, 4 et 8. Ils ne sont pas systématiques, encore moins saccadés ou ostentatoires. Ils peuvent cependant s’amplifier, accompagnant le mouvement du corps, quand la danse s’emballe. Le temps « 7 » est le plus marqué par les bras qui accompagnent une élévation du corps quelquefois vigoureuse.

Subdivision
Le « 3 et 4 » de la gavotte Montagne reste la base mais peut, selon les danseurs, être exécuté avec un certain retard et conduire à un « 5 » plus rapproché. Il peut être différent selon les danseurs, qui en feront une question de style personnel.

Progression de la gavotte
la progression de la gavotte, plutôt mesurée, est généralement un peu plus marquée entre les temps 5 et 7 qu’en début de la mesure. Le meneur, qui propulse la quadrette, module la  progression de la chaîne sans que ceci conduise à faire courir les danseurs. Par ailleurs, une progression latérale insuffisante serait incorrecte (on ne « piétine » pas).

Prégnance du style personnel
La gavotte ouverte châteauneuvienne est propice à la l’individualisation de la danse, surtout quand se raccourcit la chaîne (quadrette). Loin de l’uniformité,  le bon danseur aura à cœur de personnaliser son expression, voire de faire école. Il utilise pleinement, selon son tempérament, l’espace de liberté et d’improvisation que lui offre le cadre stylistique général de la danse Dardoup.

Accompagnement musical

Le tempo de la gavotte est d’environ 170 battements par minute  (+ ou - 5 battements), variable selon les chanteurs et les sonneurs, les thèmes joués et le degré d’exaltation des participants. Si autrefois la gavotte classique en chaîne longue était, dans la Montagne, en grande majorité chantée, la gavotte d’honneur exigeait en général la présence de sonneurs. Ou bien, à l’inverse, la présence de musiciens entraînait cette pratique plus élaborée de la danse que l’on trouvait dans la suite d’honneur. Pour la gavotte en quadrette et le bal à quatre, les sonneurs n’avaient qu’à se servir dans l’immense répertoire de gavotte et tamm kreiz du pays Montagne au sens large. Pour le bal à huit, un thème général de jabadao cornouaillais, impétueusement cadencé, faisait certainement l’affaire. Le tempo du bal à huit est nettement inférieur à celui de la gavotte initial ; il tourne autour de 155 battements par minute (+ ou – 5).

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Mode vestimentaire

Depuis le début du XXe siècle, le costume masculin comprend un pantalon droit, soit rayé (voire écossais) aux tons gris plus ou moins foncés, soit plus rarement uni et noir, ainsi qu’une chemise à plastron amidonné avec souvent des plis et un petit col droit. S’y ajoutent un gilet croisé de drap noir sans manches avec encolure carrée, empiècements et poches de velours noir, ainsi qu’une veste de drap noir non fermée munie de deux poches de velours noir. La veste s’orne d’une rangée de 4 boutons de chaque côté, plus un bouton au ras de chaque revers. L’ensemble se complète d’un chapeau noir (feutre, taupé ou castor) à bord assez large et dont la coiffe est entourée d’un ruban de velours d’une dizaine de centimètres de large, maintenu vertical par un celluloïd ou un carton, avec une boucle arrière dont sortent les deux pans libres non brodés d’une quarantaine de centimètres appelés « guides ».
Le costume féminin est généralement noir, mais du bleu et du bordeaux se rencontrent à l’occasion. A la camisole de velours, à encolure carrée et à manches assez larges terminées par une dentelle au niveau du poignet, s’ajoute une jupe en velours dont la longueur varie selon la mode. Enfin, l’ensemble est terminé par un tablier de satin, de crêpe, de velours, de moire ou de tout autre tissu précieux, de différentes couleurs, entouré ou non de dentelle, mais toujours avec une piécette triangulaire appelée bavette. Elément emblématique de la mode du pays Dardoup, la coiffe est composée de différents éléments : un fond de coiffe blanc très brodé, en tulle et/ou en filet, un lacet arrière en dentelle, de taille variable, appelé (au pluriel) « lasoù dreñv », une paire de brides en dentelle, appelées « troñsoù », partant du fond de coiffe au niveau des oreilles et fixées verticalement à l’avant de la coiffe, un lacet fin, faisant le tour de la coiffe à sa base et finissant par un nœud plat à l’arrière. Enfin, un col fin de tulle, de filet et bordé de dentelle est fixé par des épingles à l’arrière et à l’avant de l’encolure.

Mariée de Châteauneuf-du-Faou.
Collection Cartopole Baud

CD de référence

  1. Gavotte - couple kozh - Le Meur-Toutous - 2015

  2. Bal à quatre - couple kozh - Le Meur-Toutous - 2015

  3. Bal à huit - couple kozh - Le Meur-Toutous - 2015
     

Ressources

Les ressources sont regroupées dans un webdocumentaire réalisé par Goulc’hen Le Meur en partenariat avec Kendalc’h et Lenaig Le Meur-Courtas, référente Dardoup. S’y trouvent notamment :

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Couple de sonneurs du pays Dardoup : Le Meur-Toutous, 2013.
Photo Myriam Lucas
 

Vidéos de suite de Châteauneuf

Vidéos professionnelles modernes (journée animée par Lenaig Le Meur-Courtas)

  • Vidéo  « Gavotte en quadrette » – Penn ar Pont, Juin 2015  - Musique : Le Meur–Toutous  
  • Vidéo  « Bal à 4 »  – Penn ar Pont, Juin 2015  - Musique : Le Meur–Toutous  
  • Vidéo « Bal à 8 » – Penn ar Pont, Juin 2015 - Musique : Le Meur–Toutous

Vidéos d’archives

  • Vidéo « suite de Châteauneuf » : Rosporden 1975, Stage Kendalc’h (Paugam)  
  • Vidéo d’archive : Châteauneuf 1985 (Kendalc’h/Paugam) 

Accompagnement musical

Vidéos entretiens (dédiés à la suite d’honneur)

  • Michel Toutous  
  • Yann Le Meur  

Vidéo sonneurs  moderne

  • Le Meur-Toutous 2015 (vidéo GLM/GC)

Sonothèque

  • Henry-Guillemot 1964 : « Suite de Châteauneuf-du-Faou » ; 45 T Mouez Breiz)   
  • Le Meur-Toutous 2015 : (enregistrement : Gwenole Courtas)
  • Le Meur-Toutous 1975 : Cassette « Musique Bretonne 2 : Dardoup » ; ARCOB 1978
  • Le Meur-Toutous 1976 : Disque « Bombarde & Biniou koz », Baron-Anneix, Le Meur-Toutous; ARFOLK 1976
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Mariage Le Bellec-Le Cloître, Châteauneuf, 1920.

Remerciements

  • Châteauneuviens : Georges Le Meur, Yann Moulin, Raymond Le Moigne,  Hervé Irvoas, Josiane et Catherine Etès, Françoise Delpy, Andrev Birrien, Lenaig Le Meur-Courtas, Michel Toutous, Yann Le Meur.
  • Membres de Kendalc’h : Jean Guihard, Georges Paugam, Jean Guého, Marie-Hélène Conan, Jacqueline Le Guen, Michel Guillerme, Mathieu Lamour, Enora Udo-Le Mapihan.
  • Autres : André Hellec (photos), Myriam Lucas (photos), Madeleine Le Meur (photos, témoignages, relecture), Mouez-Breiz et ARFOLK (disques), Gwenole Courtas (prise de son), Goulc’hen Le Meur (vidéos et web docu).

Rappel

La Commission danse de Kendalc’h tient à rappeler un certain nombre d’éléments qui prévalent à l’élaboration de cette  fiche de danse. Il en est strictement de même pour toutes les fiches à ce jour publiées. La version proposée dans une fiche de danse fait suite à une étude longue, profonde et sérieuse qui s’appuie sur des sources et témoignages fiables. Cette fiche qui se veut un témoignage intangible, valorise une version, probablement la plus répandue de cette danse. Mais tout naturellement, même si nous la considérons comme majeure, cette version ne peut en aucun cas se prévaloir d’être l’unique version, il peut exister des variantes, liées à l’époque de référence, les lieux, l’âge et l’implication des personnes qui ont été porteuses de cette tradition et qui nous l’ont transmise. Penser différemment, serait totalement contraire à l’éthique qui entoure notre action vis-à-vis de notre environnement patrimonial.