Groupe vestimentaire
Le groupe vestimentaire du Vannetais fait partie de la grande famille des tenues de la mode « à châle », qui se juxtapose par endroit avec les modes « à col » (variante au niveau du buste : haut de robe, guimpe, châle ou col) et la « gallèse » (variante principalement au niveau de la coiffe).
Mariage d’Ambroisine Le Goueff et Armel Pelaut en 1949 à La Trinité-Surzur. Collection cercle de La Trinité-Surzur
Situation géographique et historique
Nous étudions dans cette fiche, le costume vannetais avec port du châle sur les communes suivantes : Berric, Elven, Le Hézo, Lauzach, Monterblanc, Noyalo, Séné, Saint-Avé, Saint-Armel, Saint-Nolff, Sulniac, Surzur, Theix, Le Tour-du- Parc, Tréffléan, La Trinité-Surzur, La Vraie-Croix, Vannes.
Cette zone étudiée se caractérise pour l’essentiel par l’usage du breton, langue qui a commencé à reculer et à péricliter à la suite de la guerre 1914-1918. Cette pratique du breton marque bien les contours de la mode vannetaise
à châle.
Néanmoins une pénétration sur le pays d’À-bas : Le Cours, Larré, s’est opérée où l’on trouve une mixité vannetaisegallèse, ainsi qu’à Trédion.
Pour Ambon et Damgan, au sud-est, où l’usage du breton a disparu plus précocément, fin XIXe, on trouve cette même mixité mais avec en plus des influences maritimes.
Costume féminin de fêtes et cérémonies
Cette fiche a été principalement élaborée à partir des photographies de différentes familles du territoire considéré. Après la Grande-guerre, l’évolution de la mode au féminin porte sur un raccourcissement de la robe et une diminution de la taille de la coiffe ; et surtout par l’abandon du costume traditionnel pour l’homme lors des mariages à partir des années 1930. La base de données ainsi constituée concerne principalement les photographies des années 1930-1950 faites par des professionnels à l ’occasion des mariages et autres événements familiaux.
La robe : er vroh
La robe est confectionnée en tissus de coton noir, mérinos ou soie pour les plus aisées. Elle se compose d’un corsage assemblé à la jupe, tous deux ouverts sur le devant. Le corsage à manches larges est ajusté très près du corps et refermé par des crochets ou un laçage. On donne de l’amplitude à la jupe en la fronçant à l’arrière par trois lignes de points « devant ». Sa largeur est d’environ 2,40 m.
Du velours, généralement de soie à cette époque, est cousu sur les manches et sur le bas de la robe. Sa hauteur est fonction du niveau social de la personne qui la porte. Il est bien évident que les couturières n’apposent pas de velours sur le corsage, celui-ci étant masqué par le châle.
La situation sociale se remarque également au port de la bande perlée, positionnée à la limite haute de la pièce de velours, ou pour les plus aisées à la robe perlée et/ou brodée. Le bas de la robe et les manches sont garnis de perles généralement noires de différentes formes.
Le tablier : er dantér
À partir de 1930, la mode évolue tant pour la robe que pour le tablier. De velours brodé, il se pare de broderies renaissance puis laisse la place au satin, à la moire, à la soie et en fin de mode (1945) au crêpe et au tulle mécanique perlé. Des tons de velours foncés (bordeaux, bleu marine, vert foncé, marron et noir) on passe à des teintes vives (violet, bleu, vert, orange) ou plus douces (écru, gris, bleu, vert, rose). Ce nouveau choix de tissus s’accompagne d’une évolution de la broderie vers la mode « Richelieu ». Au début, on constate une petite bande de broderie dans le bas qui va progressivement remonter sur les côtés, puis envahir tout le tablier. Au fil des ans, la broderie se parera de points d’araignée ou de roue et ira même jusqu’à une prédominance d’un maillage de points d’araignée au détriment du motif. En fin de mode d’autres techniques d’ornementation de tablier apparaissent avec le velours de soie ou la peinture sur soie. Cette peinture se conjugue parfois à de la broderie et/ou du perlage. La piécette également appelée devantier ou bavette est de petite taille, afin de mettre en valeur la guimpe et est toujours ornée d’un rappel du motif du tablier.
En Arben de Theix
La coiffe : er jubelein, er c’hoef
Les femmes font confectionner leurs coiffes, en gaze, en tulle à maille ronde ou carrée, ou encore en filet brodé, chez les repasseuses ou magasins de confection (Grandjean à Vannes, dépôt à la quincaillerie Le Bouquin à Vannes, Le Floch à Theix, mercerie/alimentation Pelaut à La Trinité Surzur, par exemple). Les coiffes de tulle blanc sont brodées main ou avec adjonction d’une bande de dentelle mécanique sur le contour. La coiffe dans le début des années 30 est encore d’une largeur conséquente c’est à dire au dessus du lobe de l’oreille. Au fil des ans, elle raccourcit à la largeur du visage.
Le bonnet : er bonet, er bounet / La coiffette : er c’houifet
Les femmes ne sortent jamais sans la coiffette tenue à la chevelure par trois épingles. À noter la disparition du lacet noué sous le menton, de la mode du début du XXe siècle. Elle est confectionnée au crochet, en tulle ou en filet brodé, parfois ornée d’une petite dentelle ou d’une bordure festonnée.
Les manchettes et dentelles de manches : er mañchetezeu ha dantelleu mañcheu
Les manchettes sont montées sur une bande de mousseline ou d’étamine de coton blanc et resserrées sur le haut de l’avant bras (lacet ou élastique). Elles sont confectionnées en tulle brodé, en dentelle au crochet irlandais ou encore en dentelle mécanique ; de couleur blanche, et noire dans les périodes de deuil. Dans nombre de photos, nous avons observé en sus de la manchette, des dentelles cousues aux manches de la
robe. Celles-ci sont confectionnées, suivant les époques :
en tulle brodé, en crêpe perlé, en crêpe plissé, ou en dentelle
mécanique et parfois pour des mariages en octobre
novembre, en fourrure blanche.
Au vu de ces clichés, il semble que cette manière de faire
ait cessé totalement après la dernière guerre. En fin de
mode, seule est conservée la dentelle cousue en bas des
manches.
Le châle : er chal, er mouchoér, er mouchet, er marchoer
Généralement seule la mariée porte le châle blanc ; en cas de second mariage, le blanc n’est pas d’usage. Les femmes du cortège le portent en noir ou en couleur. Les mêmes techniques de broderies que les tabliers s’appliquent aux châles.
Les châles blancs de mariage sont en tulle brodé de motifs floraux ou arabesques, ton sur ton et avec une bordure festonnée et brodée.
Au début des années 1930, les châles sont principalement de velours lisses ou frappés et brodés ton sur ton au fil de soie ou au ruban. La couleur la plus usitée est le noir ; mais on trouve également des châles de velours bordeaux, bleu marine, violet foncé, vert, garnis d’une bordure de macramé ou de crochet et/ou frangés.
Les châles légers sont confectionnés en tissus de coton, en satin brodé ton sur ton, en moire, en voile incrusté de motifs floraux de velours ou en soutache assemblée au tulle par un bourdon. La bordure de certains modèles est réalisée au crochet ou au macramé prolongés de longues franges.
À l’approche des années 50, les merciers vendent du tulle noir avec perlage couleur au mètre afin de pouvoir réaliser un ensemble tablier, châle, étole.
Jeanne Marie Kerviche épouse Le Lan en 1935. Collection En Arben de Theix
La guimpe - er guimp
Plusieurs modèles de guimpes : les plus anciennes ont une encolure ronde ou en pointe et sont réalisées en broderie main sur tulle, au crochet irlandais ou en frivolité. Elles sont montées sur un tissu de gaze noir ou blanc, le jour des noces. La guimpe a évolué vers un montage de bandes de dentelle sur du tulle noir ou de gaze formant ainsi une encolure en pointe. Trois ou quatre bandes de dentelle (mécanique, plissées, froncées, ou de crêpe plissé) sont cousues sur le devant et deux bandes dans le dos de l’encolure.
La parure de la mariée : couronne (kouronn) , livrée, bouquet (boked)
Les couronnes sont toujours bien présentes, voire imposantes et faites de fleurs d’oranger en cire et de perles blanches. La hauteur de la couronne est fonction de la richesse de la mariée. La présence de perles de rocaille, de jais noir dans la couronne indiquerait un remariage de l’un des époux. (sources : Maison de la Mariée à Saint-Joachim). La mariée porte le plus souvent la couronne sur le haut de la coiffe, certaines adoptent le diadème sur le front.
Dès 1930, la grande livrée n’est plus de mode. La mariée se contente d’une livrée fixée à l’épaule et à la ceinture côté opposé, quelques-unes la portent d’épaule à épaule. Elles sont confectionnées de perles, de fleurs d’oranger en cire, de grandes fleurs en tulle et de rubans.
En fin de période un bouquet composé de longues tiges de fleurs blanches et fraîches est de mise et remplace progressivement la livrée. Le marié porte un petit bouquet rappelant la livrée, au revers de la veste.
• À gauche, Jeanne Lancien (épouse Le Pignec) du Gorvello, tenancière d’un café à Vannes
• À droite, Célina Le Petit en 1932
Les chaussures et les bas : er boteu-lér hag el loereu
Dans les années 30, les mariées portent généralement bas et chaussures noirs. Le bas couleur chair foncée en rayonne apparait fin des années 30, pour être par la suite supplanté par le bas nylon de plus en plus fin et donc de plus en plus clair. Certaines mariées vers 1935, portent bas et chaussures blanches.
Les bijoux : er bragerizeu
Collier, chaînette avec médaille ou croix, sautoir, boucles d’oreilles ou dormeuses, broches ou belles épingles à grosses têtes en nacre sur le châle peuvent orner la mariée. La montre bracelet est très exceptionnellement portée.
Mariage d’Anne Le Floch, 800 convives ! Mariage de Pierre Gachet et Adèle Le Boulaut en 1934 au Hézo
Ressources
Collectage photos
• Cercles celtiques : En Arben de Theix, Baleerion Lann de La Trinité-Surzur, Flour an Halen de Saint-Armel
• Jean Guého, Josiane Le Bouquin
• Collection Touzé Le Floch
• Association Langroez de La Vraie Croix
• « Les fleurs de Maelenn » de Maëlenn Mézac
• Maison de la mariée à Saint-Joachim
Bibliographie
• de Dillmont Thérèse - Encyclopédie des ouvrages de dames - Bibliothèque DMC - éditions Thérèse de Dillmont - Mulhouse (France)
• Cercle celtique En Arben - On est de noces à Theix ! - Texrepro - 2003
Remerciements
• Groupe de travail : Broguet Jeannine, Carré Bernard, Danielo Hervé et Hélène, Gouret Jean François, Jan Monique, L’Amoulen Gwenaela, Le Bouquin Josiane
• Ti ar vro / Emglev Bro Gwened
• Matthieu Bourdin
• Annie Cadet
• Jean Guého
• Remerciements pour relecture : Annie Raulo et Martine Rofé