Groupe vestimentaire
La mode de Josselin s’étend sur la partie ouest (nord-ouest, ouest, sud-ouest), elle est limitrophe de la mode de Pontivy, Baud, Vannes (avec col et avec châle), elle a donc pu en subir quelques influences. La mode de Ploërmel quant à elle correspond à la partie est (nord-est, est et sud est), elle est limitrophe des modes de Mauron, La Trinité Porhoët, La Gacilly, Rochefort-en-Terre, Questembert et Rennes.
Mariage de Marie Robin et d’Henri Mainguy, frère d’Eugénie Mainguy en 1935 à Guillac.
Photo Annick Mainguy
Situation géographique et historique
Les communes portant la mode Josselin-Ploërmel appartiennent au Porhoët, qui fait partie du Vannetais-Gallo et se situent au nord-est du département du Morbihan. Jusqu’au XIXe siècle, les communes se situant au nord faisaient partie de l’évêché de Saint-Malo ou de Saint-Brieuc, alors que celles du sud étaient rattachées à l’évêché de Vannes, toutes sont maintenant rattachées à l’évêché de Vannes. Limitrophe des modes de Pontivy, Baud, Vannes, Mauron, La Trinité-Porhoët, La Gacilly, Rochefort-en-Terre, Questembert et Rennes ce territoire a ainsi subi de nombreuses influences ce qui explique la grande richesse de variantes que l’on retrouve entre les communes. Nous détaillons dans cette fiche les deux principales modes portées : mode Josselin et mode Ploërmel et quelques variantes parmi les nombreuses existantes.
Occasions de danse
Tous les grands rassemblements étaient des occasions de danse, noces, fêtes, pardons, « dicorailles » (fin des gros travaux comme les battages ou les tueries de cochon), fêtes des frairies (fête autour d’une chapelle), kermesses...
Mariage d'Arsène Pourchasse et Angèle Le Breton en 1947 à Plumelec
Collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
Photos Hervé Pourchasse . Collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
Collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
Costume féminin
Dans ce secteur, le costume féminin a perduré jusque dans les années 1990, tout comme la danse qui était dansée sous sa forme traditionnelle jusqu’à cette période. Nous datons la dernière évolution du costume dans ce territoire vers 1960. La mode de Josselin et la mode de Ploërmel se ressemblent, cependant, quelques détails permettent de les différencier.
Eugénie Mainguy (1909-1997) en costume
de tous les jours à Guillac dans les années 1990.
Collection Annick Mainguy, collectage Gilles David
d’Eugénie) à Guillac en 1908. Collection
Annick Mainguy, collectage Gilles David
Le justin ou justet ou taille
A l’ouest (mode de Josselin)
Le justin est à plis, avec une encolure carrée. Il est souvent recouvert d’une guimpe de dentelle blanche. Les manches sont larges, généralement recouvertes de velours et agrémentées de manchettes de dentelles.
A l’est (mode de Ploërmel)
La guimpe est incorporée dans le devant du justin. Elle peut être en dentelle noire. Les manches du justin sont resserrées et peuvent être ornementées de broderies ou dentelle autour du poignet.
Collection Annick Mainguy, collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
Collection Annick Mainguy, collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
La guimpe
Ce qui distingue cette mode est la broderie particulièrement riche des guimpes mettant ainsi en valeur le corsage des femmes.
La jupe ou cotte
Elle est en mérinos noir avec des plis plats sur le devant. Elle est longue avec, à l’arrière, soit des fronces soit des plis selon les communes. En général, on ne trouve pas de velours sur les jupes.
Guimpe de grande sortie du secteur sud-sud-ouest de Josselin. Guimpe d’Eugénie Mainguy, dernière évolution du costume jusque dans les années 1940-1950.
Collection collection Annick Mainguy, collectage Gilles David, Maison du costume breton à Sérent
Collection Gilles David
Collection Gilles David
Collection Gilles David
Le châle ou mouchoir ou mouchoué
Le châle ou mouchoir de cérémonie est généralement de velours noir, brodé et frangé. Il est épinglé dans le dos à quatre ou cinq plis droits et il revient sous la piécette du tablier. Les châles peuvent également être faits en mérinos noir, également brodés et frangés. Le châle est « broché » à 2 épingles ou à 1 épingle (en pointe) pour les communes proches du vannetais. Si le mouchoir est en velours, on peut porter le tablier dans l’étoffe de son choix (velours, satin…). En revanche, si le mouchoir est en mérinos (moins cher que le velours), on ne peut pas porter de tablier en velours. S’il y a eu des exceptions elles sont extrêmement rares. Les châles de couleur ont existé dans les années 1880-1914, mais après la Première Guerre Mondiale ils ne sont plus portés.
Mode du sud et sud-ouest de Josselin.
Collection Gilles David
Mode de Josselin
Collection Gilles David
Le tablier ou la davantieure
Il existe des tabliers pour tous les jours, mais les tabliers de cérémonie sont les plus remarquables. Ceux-ci sont de couleurs variables et expriment autant la richesse de la femme qui le porte que ses goûts. Ainsi, ils peuvent être faits en velours, en satin, brodés au fil…. Ils ont subi, à peu de chose près, la même évolution que dans tout le pays vannetais : broché au début du siècle, puis brodé avec ou sans découpe ; dans les années 1940-1945, la broderie richelieu était particulièrement prisée.
Le montage du tablier à Josselin
Le tablier à la mode de Josselin est plus ample que celui de Ploërmel avec une petite piécette cousue sur le haut du tablier.
Le montage du tablier à Ploërmel
La particularité des tabliers à la mode de Ploërmel est dans la piécette qui est montée sur un réseau de plis, façonnés dans le haut du tablier.
Tablier broché dans le secteur de Ploërmel, 1900-1910.
Collection Gilles David
Les coiffes
Les coiffes de cérémonie ont le plus généralement un fond (ou bonnet) brodé à la main et des ailes en dentelle (souvent de la dentelle mécanique). Elle est appelée la « gallèse » et surnommée en gallo la « tchu pia » (cul plat).
Le montage de la coiffe se fait sur une forme plate à l’arrière de la tête, créée avec les cheveux. En effet, ceux-ci sont divisés en deux, entourés d’un ruban noir (de trois à cinq mètres) et torsadés de chaque côté de la tête en forme de couronne. Le ruban noir appelé « torsoué » est remonté autour de la coiffure afin de la serrer et de maintenir l’ensemble. Une fois le fond de la coiffe posé sur la coiffure, on le resserre avec le lacet que l’on attache sur le haut de la tête, il est ensuite caché par un faux lacet noué sur la nuque (nœud plat). Le faux lacet mesure 1,5 cm au début du XXe, puis seulement 1 cm pour la mode Josselin (Ploërmel a gardé le faux lacet large). Les deux ailes, d’une longueur d’environ 80 cm (en fin de mode) sont ensuite repliées et brochées (attachées) par un épingle à l’arrière de la coiffe. Les femmes qui n’avaient pas assez de cheveux utilisaient une forme pour mettre dans le fond de la coiffe. Le plus souvent, il s’agissait d’une branche de saule flexible, formée en rond et recouverte du ruban noir. Jusqu’à la première guerre mondiale, les ailes n’étaient pas brochées pour aller à la messe (elles étaient dépliées).
Beguins de Josselin, de 1900 à 1930.
Collection Gilles David
de 1900 à 1930.
Collection Gilles David
Différence entre les deux modes
La coiffe de Josselin a les ailes larges, alors que celle de Ploërmel a des ailes moins larges et surtout un gros nœud sur le côté fait avec le lacet de la coiffe
Spécificité de Guillac
Elle peut être en deux parties, les ailes séparées du fond (ou bonnet) ce qui permettait dans la semaine, de ne porter que le fond. Ainsi, sur la fin de la tradition, les femmes de Guillac portaient uniquement les ailes de la coiffe, posées sur un chignon plat recouvert d’une résille de velours. Les dernières coiffes du secteur de Josselin se vendaient encore dans certaines boutiques dans les années 1960.
Spécificité de Campénéac (petite coiffe)
La petite coiffe de Campénéac/Ploermel était portée sans bonnet.
Collection Gilles David, maison du costume breton à Sérent
Collection Gilles David, maison du costume breton à Sérent
Collection Gilles David, maison du costume breton à Sérent
Costume masculin
Les hommes ont très tôt cessé de porter le costume complet. Avant la première guerre mondiale, ils étaient très rares à encore le porter. Entre 1920 et 1930, certains hommes portent encore le chapeau traditionnel à rubans de velours avec la blouse de sortie ou un costume citadin. A partir de 1940 le costume de cérémonie des hommes est totalement citadin, ils ont même abandonné le chapeau à rubans pour le chapeau mou.
Mariage Mainguy-Nizan à Guillac en 1908.
Collection Annick Mainguy,
Collectage de Gilles David
Détail de blouse
Collection Annick Mainguy,
Collectage de Gilles David
Costume enfant
En règle générale, les enfants ne portent plus le costume traditionnel depuis la fin de la guerre 1914-1918. Jusqu’à l’âge de 6-8 ans, filles ou garçons portaient le même vêtement. Celui-ci était composé d’une blouse ou robe à carreaux (ou autres motifs), boutonnée dans le dos, qui était recouverte d’une sorte de chemisier/tablier, plus long devant que derrière, lui aussi boutonné dans le dos. Les fillettes étaient coiffées d’un « bonnet à trois quartiers » en crochet lacé sur le côté, avec deux lacets également en crochet pendant dans le dos. Les cheveux étaient tressées (deux nattes à l’arrière).
Fillettes bretonne et gallaise de Guéhenno
Collectage de Gilles David
Collection Gilles David
Collection Gilles David
Collection Gilles David, photos Kendalc’h
Collection Gilles David, Maison du costume breton
Collection Gilles David, Maison du costume breton
Collection Gilles David, Maison du costume breton