Groupe vestimentaire
Le groupe vestimentaire correspondant à l’aire de la dañs-tro Calanhel est celui du Trégor. L’ensemble des communes où était pratiquée la dañs-tro est rattaché à l’évêché de Quimper (évêché de Cornouaille, Bro Kerne) et se trouve dans une zone géographique appelée Haute-Cornouaille. Toutefois, le rayonnement économique de la ville de Guingamp a influencé la mode vestimentaire de cette région, qui porte par extension la mode trégoroise comme d’ailleurs une vingtaine de communes de Haute-Cornouaille.
Situation géographique et historique
En Trégor-Goëlo, comme dans le reste de la Bretagne, la première guerre mondiale a une influence importante sur les modes vestimentaires. Les cadres de la société rurale traditionnelle sont remis en question, des milliers d’hommes partent au front, beaucoup d’ailleurs ne reviendront pas. Les femmes restent au foyer qu’elles doivent gérer. Après la guerre, dans une société bouleversée, les modes vestimentaires continuent d’évoluer.
Occasions de danse
Les occasions de danse sont le plus souvent les grandes cérémonies et les pardons. L’apogée de la dañs-tro Calanhel se trouve aux alentours des années 1920-30. A cette époque et pour ces occasions, deux costumes féminins peuvent se côtoyer : le costume de cérémonie et sa coiffe spécifique (la cornette ou catiole) et le costume du dimanche (la toukenn). Lors des pardons, les jeunes filles (porteuses des bannières) revêtent un costume blanc. Pour les hommes, la mode citadine s’est imposée dès la deuxième moitié du XIXe siècle.
Costume féminin
Quelle que soit la coiffe, le costume féminin est composé à cette époque d’un caraco et d’une jupe qui peuvent être complétés par un tablier et un châle. La chemise de corps est confectionnée dans un tissu fin, par exemple du coton.
Le caraco
Le caraco (appelée également Korfenn), s’il est ajusté, est de moins en moins près du corps. Il est souvent agrémenté de petits plis, de dentelles, de guipures et de boutons travaillés. Le col haut, symbole des années 1910, commence à disparaître. Les cols marins, de forme carrée et venant recouvrir les épaules sont de plus en plus prépondérants. Il est confectionné le plus souvent dans un tissu fin, notamment en satin de coton, même si pour les femmes les plus aisées les soieries sont toujours utilisées. Même si on ne peut pas omettre l’existence de couleurs, le caraco est le plus souvent noir.
La jupe
La jupe est également fabriquée dans des tissus raffinés (satin de coton, satin duchesse, taffetas…), ceci en fonction du rang social. Elle est composée à l’avant d’un pli plat et de plusieurs plis couchés. A cette époque, l’affinement de la taille est clairement recherché. Les jupes de coupe asymétrique, qui ont fait leur apparition au cours des années 10, sont également de plus en plus présentes. Les jupes sont souvent ornées de boutons, de guipures et dentelles identiques à ceux présents sur le caraco. Comme le caraco, elle est le plus souvent noire mais l’existence de couleur est attestée. C’est à partir de ces années 20 que la hauteur des jupes commence à se réduire.
Collection Bertrand Thollas
Elle porte toujours la mode des années 1900-1910.
Collection Bertrand Thollas
Collection Bertrand Thollas
Le tablier
Le tablier le plus souvent de couleur noire, est confectionné dans de riches étoffes : taffetas, ottoman, broché, moire, satin, velours, tulle… Il est parfois richement orné de dentelles en périphérie. Souvent brodé au fil de soie ton sur ton, le tablier peut aussi être ajouré façon « broderie blanche » à l’aide d’une soutache cousue. La bavette des tabliers est de moins en moins présente, surtout pour les plus jeunes. Le tablier est monté à la ceinture par une série de petits plis couchés cousus en arrondis. Les poches du tablier sont en forme d’aumônière et sont souvent ornées de dentelles et de velours.
Mariage.
Collection Robert Le Bastard
Le châle
Certaines femmes, qui ont abandonné le châle lors des cérémonies, ne portent quasiment plus de tablier, elles sont en costume dit en « taille ». Le châle en étamine est pour l’occasion brodé au fil de soie ton sur ton. Il peut également comporter une soutache permettant de l’ajourer façon « broderie blanche ». Le plus souvent il est noir, mais il peut exister des châles de couleur. Les couleurs les plus rencontrées sont des camaïeux de rouge/rose, vert, violet, jaune/or/beige, marron et bleu. La tradition veut que la couleur du châle suive les rites liturgiques de la religion : rouge pour les saints martyrs, la Passion et la Pentecôte, violette pour l’Avant, le carême et les temps de pénitence, vert pour les dimanches après la Pentecôte, bleu pour le mois mai (le mois de Marie). Seul le châle couleur or, pouvait remplacer tous les autres sauf le noir. Il va s’en dire, que les châles de couleurs sont réservés à une certaine classe sociale pouvant se permettre l’achat de ces pièces richement brodées. Il est terminé en périphérie par un macramé fabriqué en fil ou en lacet de soie ou par une guipure, le tout de la même couleur que le châle. A cette époque il est majoritairement monté aux épaules par un col châle. Les femmes moins aisées portent des châles plus simples, non brodés et pouvant être dépourvus de macramé ou de guipure. Pendant l’hiver, c’est-à-dire la période entre la Toussaint et Pâques, les grands châles noirs en étamine peuvent être remplacés par des grands châles en laine tissée noire ou des tartans.
Détails de broderie sur un châle « blanc » utilisé par les jeunes filles lors des pardons
La coiffes
La cornette
La cornette, l’une des deux coiffes portées lors des cérémonies, est fabriquée en tulle ou en filet. Elle est finement brodée au fil de coton. Même si le filet est le matériau à la mode, les cornettes en tulle sont toujours très utilisées mais dressées à la mode de l’époque.
La toukenn
La toukenn est également fabriquée en filet ou en tulle, et peut être finement brodée pour l’occasion. Au cours du temps, le tulle cède de plus en plus sa place au filet. Les poches sont de plus en plus petites et les ailes sont fines et longues. Certaines laissent leurs ailes orientées vers l’avant, d’autres par coquetterie, envoient leurs ailes en arrière à l’aide d’un pli sur le côté. Dans les deux cas les cheveux sont coiffés en chignon à l’arrière. A l’avant les cheveux sont coiffés à la mode de l’époque, les plus jeunes se laissant ainsi aller aux gonflants et autres fantaisies capillaires. Les personnes plus âgées, les cheveux se raréfiant, les tirent en arrière. Souvent un bonnet de cheveux noirs vient se placer sous la toukenn pour permettre de fixer la coiffe.
Mode vestimentaire spécifique
Les jours de pardon, les jeunes filles, qui ont fait leur communion solennelle, portent le costume blanc accompagné de la coiffe de cérémonie : la catiole ou cornette. Les moins aisées se contentent de la toukenn. La robe est celle de communion en mousseline, en tulle ou en organdi. Dessus, un petit tablier blanc à petits plis est souvent confectionné dans le même tissu que la robe. La toilette se complète par un grand châle de lainage le plus souvent de couleur crème. Pour les plus aisées, il est brodé sur la pointe et terminé par une large frange en macramé. Suivant le rang social, le châle est offert par le parrain et la marraine. Mais le plus souvent ces tenues sont louées ou prêtées par l’église de la commune. Un gros nœud bleu en moire est fixé sur le côté gauche du tablier, parfois ce dernier est remplacé par un ruban bleu et blanc mis autour du cou avec une médaille de la vierge. A partir de la fin de la première guerre mondiale, l’utilisation du costume blanc se raréfie.
Costume masculin
Dans les années 1920, le costume masculin est citadin. En effet dans le Trégor, la mode citadine s’est imposée progressivement dès la fin du XIXe dans l’ensemble des communes.
Costume enfant
Pour l’enfant, même si nous possédons des documents du XIXe siècle montrant des enfants en costume dit traditionnel, dès le début du XXe siècle, les enfants portent le costume citadin.
Ressources
- Creston René-Yves, Le costume Breton, Coop Breizh, 1993
- Thollas Bertrand et L’Hostis Yvette, Le costume du Trégor et du Goëlo , Coop Breizh, 2015
Informateurs
- Louis et Yvonne Lintanf
- Albertine et Joseph Intem
Remerciements
- Rédaction : Bertrand Thollas
- Relecture : Yvette L'Hostis
- Iconographie : Bertrand Thollas, Yvette L'Hostis et Robert Le Bastard
Enfants en 1925
Collection Bertrand Thollas