Introduction
Ce dossier a été réalisé par les membres de la commission costumes FESTERION AR BRUG de Pluneret.
Lors de notre collectage de photos sur la commune de Pluneret, nous avons eu la chance de rencontrer Jean Le Port qui nous a confiés cette photo du mariage de ses grands parents paternels datant de 1905.
C'est cette photo, la plus ancienne collectée à ce jour par le cercle sur la commune, que nous avons décidé de prendre en référence et de présenter le costume qui était porté à Pluneret au début du siècle les jours de mariage et grandes cérémonies.
LA PHOTO rencontre avec une famille, une histoire
La famille LE PORT est une des plus anciennes familles de Pluneret ; dès le début du 17ème siècle, elle habite déjà à Bransquel, village qui se situe au sud de la commune près de la chapelle de Ste Avoye et de la rivière du Bono.
Jean Marie LE PORT, né à Pluneret (Bransquel) en 1870, agriculteur
& Marie Anne LE METOUR, née à Plougoumelen en 1877 mais habitant Pluneret (Linderf) en 1905
En 1905, quand Jean Marie et Marie Anne se marient, c'était encore un domaine congéable : les bâtiments appartenaient à la famille mais les terres (environ 25 hectares) étaient la propriété de la famille d'Aboville de Crach ; divers documents prouvent que Bransquel a toujours appartenu aux différents seigneurs qui se sont succédés ; exemple de ce changement de propriétaire en 1679 : "Le hameau de Bransquel en Plunéret, fut rattaché au Salo en 1679 à la suite d’un achat que fit René Marin de Moncan, aux héritiers de l’ancien Seigneur Sébastien de Rosmadec, seigneur du Plessis Josso".
Jean Marie et Marie Anne ont toujours vécu à Bransquel ; ils ont eu 6 enfants : Jean Mathurin en 1906, Clémentine en 1907, Jean Marie en 1910, Angèle en 1912, Joseph en 1914 et Mathilde en 1916. Seule Clémentine est restée célibataire alors que ses 5 frères et soeurs se sont tous mariés en 1936 et 1938 (les femmes en costume traditionnel, et les hommes à la "mod ker")
en 1936 en novembre 1938 (même jour - les 3 femmes portent un tablier identique)
Jean Mathurin & Jean Marie Mathilde Angèle Joseph
Jean Le Port, le petit fils que nous avons rencontré, est le fils de Jean Mathurin. Il est né en 1939 et n'a donc pas connu son grand père, décédé d'un accident en 1934. Il nous relate ses souvenirs d'enfance et notamment ceux qu'il garde de sa grand mère Marie Anne qui lui appris le breton. C'est elle qui l'a élevé lorsque son père fut prisonnier en Allemagne et que sa mère s'occupait de la ferme. Il se souvient du jour où il a vu son père pour la première fois à son retour de la guerre en 1944 ; il était alors âgé de 6 ans.
LE COSTUME DU PAYS D'AURAY / VANNES au début du 20ème siècle
Au début du 20ème siècle, ce costume était porté dans une cinquantaine de communes du terroir vannetais, avec quelques variantes selon les communes et les familles.
Ce terroir est délimité à l'ouest par la rivière d'Etel, au nord par les landes de Lanvaux et la forêt de Camors, au sud par le golfe du Morbihan ; à l'est par contre, la délimitation est moins nette : elle suit plusieurs rivières comme l'Arz du côté d'Elven.
Pluneret se situe au coeur du pays d'Auray, entre la rivière d'Auray (le Loch) et la rivière du Bono (le Sal) ; la commune est bordée par Sainte Anne d'Auray, Auray, Plougoumelen, Brech, le Bono, Plescop et Crac'h (à noter qu'en 1905 Ste Anne d'Auray et Le Bono n'étaient pas encore des communes : Ste Anne était une paroisse de Pluneret et Le Bono une paroisse de Plougoumelen).
Au début du 20ème siècle, le costume de l'homme était porté uniquement par les paysans, d'où son nom de "guskemant poezant - costume paysan". Par contre toutes les femmes le portaient à l'exception des bourgeoises. C'est le costume à petit col qui était majoritairement porté mais il côtoyait d'autres costumes comme :
le costume à châle (mouchèt kein)
: dans la région d'Auray certaines paroisses ou familles préfèrent le costume à châle, lequel révèle en général un niveau social plus élevé. (on le voyait sur Auray, Quiberon, Sainte Anne d'Auray et plutôt dans les communes côtières).
le costume Saint Pater
n
porté dans le faubourg de St Patern à Vannes et dans les communes de Plescop, Saint Avé et Meucon. Il est pratiquement identique au costume châle mais porté avec une coiffe à deux bardes, la "kornek", faite en gaze, sans dentelle ni broderie.
le capot de Pluvigner (kapuchon Pleuigner) , était porté à Pluvigner et Grand Champ ; c'était un capot de travail qui a rapidement laissé sa place à la coiffe "tri kint" ; il était porté avec un costume col.
le costume d'artisane était porté dans le quartier Saint Pierre à Vannes (près de la cathédrale).
Evolution du costume à col "tri kint"
Ce costume a été porté de 1880 à 1950, date de l'abandon du port du costume dans le pays d'Auray; Il a subi plusieurs évolutions pendant cette période ; en voici quelques unes :
- vers 1900, la coiffe a diminué et se situe au niveau des oreilles, c'est la mode des tabliers en soie moirée pour les plus riches.
- vers 1910 apparaissent les tabliers à petits bouquets brodés sur velours ou soie (broderie mécanique).
- vers 1920 apparaissent les broderies faites main (grands bouquets ou grandes guirlandes de fleurs caractéristiques du pays vannetais) ; la coiffe continue de diminuer, ainsi que la robe ; les dentelles sont de plus en plus brodées.
- vers 1930, plus de coiffe "tri kint", la coiffe est plus petite et n'a plus qu'un seul pli au milieu ; début également des tabliers à broderies découpées.
- vers 1940, mode des tabliers Richelieu très découpés (à la fin, on voyait à peine le tissu) ; les robes sont plus courtes ; début aussi des tabliers blancs, du perlage, sur les robes et sur les tabliers.
Ce costume de cérémonie n'était porté que très peu de fois : lors des mariages et des grands pardons comme celui de Sainte Anne d'Auray. Autrement, les femmes mettaient des robes aux tissus moins luxueux et elles avaient un autre costume pour le travail.
Description du costume du marié (gwiskamanteu er baotred)
Le costume de l'homme, costume dit "paysan" car il n'était porté que par les paysans, a peu évolué contrairement à celui de la femme (de 1880 à 1920 environ)
Dès la fin du 19ème, on ne retrouve plus la ceinture, et le pantalon à braguette remplace le pantalon à pont (brageu).
Après la première guerre mondiale, les hommes qui se marient en costume paysan sont rares ; ils ont presque tous adopté le costume de ville, ou l'ont fait progressivement (abandon d'abord de la veste, du gilet puis du chapeau qui reste l'élément abandonné en dernier).
La veste et le gilet (se ha jilet)
Certains éléments de la veste et du gilet sont conçus de la même façon : encolure en V, poches garnies de velours et haut col rigide.
Ces deux pièces de costume sont courtes et ne dépassent pas le haut des hanches. La veste ne ferme pas, il n'y a d'ailleurs pas de boutonnière. Elle reste ouverte permettant de bien mettre en valeur le gilet ; généralement la veste a 2 rangées de 6 boutons (7 sur la veste de Jean Marie le Port).
La veste est en drap mais le gilet peut être en tissu plus fantaisie (belle étoffe à motifs), voire même brodé dans la région de Vannes.
Pour le gilet et la veste, le velours de soie recouvre les poches, les revers et le dos du col. Ce sont des bandes de velours d'une dizaine de centimètres qui étaient utilisées.
On faisait des pliures dans ce velours quand on l'appliquait sur le tissu ; pour les poches, voici la façon de le plier (2 premières photos ci dessous) : seulement un tout petit carré n'était pas recouvert de velours; sa grandeur dépend de la largeur du ruban de velours utilisé et de la grandeur de la poche.
Le velours ne recouvre en réalité que la partie supérieure de la poche (elle est deux fois plus profonde)
Le pantalon (lavreg)
Avant 1850, les hommes portaient des bragou berr, puis des bregueu, pantalons à pont copiés sur les pantalons des marins : de couleur gris clair rayé de foncé ou gris foncé rayé de blanc.
A partir de 1900, les bregueu sont remplacés par des pantalons à braguettes, les couleurs restant les mêmes. Seules les communes côtières du pays d'Auray ont conservé ces bragueu jusqu'en 1920 environ. Ils sont confectionnés dans des tissus assez épais, sont longs et recouvrent les chaussures.
le chapeau (tok)
Il est en feutre que le chapelier fabriquait lui même à partir de laine de mouton ; il y rajoutait des poils de taupe, de veau, ou de lapin afin d'obtenir du feutre taupé, du mélusine ou de bleogat (poils de lapins).
Les chapeliers se procuraient leur matière première auprès des taupiers et des pilhotourion (chiffonniers). Par contre, les rubans de velours qui entourent le chapeau et les guides (gideu velouz hir) et qui tombent dans le dos proviennent de Lyon comme pratiquement tout le velours de soie à cette époque.
Ce chapeau, collecté dans une famille du Bono était porté seulement les jours de fête (la personne avait un autre chapeau moins luxueux pour les autres jours). Il a été confectionné à Auray chez le chapelier (tokour) GUHUR, rue du Belzic à Auray ; les guides mesurent 14 cm de large et 85 cm de long montrant que la personne qui a acheté ce chapeau était certainement aisée (initiales dans le chapeau : J T).
Les hommes sont généralement sans chapeau sur les photos prises en studio ; par contre sur les deux photos ci contre les mariés ont gardé leur chapeau à la main (mariages à Pluneret au début du 20ème) ; on remarque que les longueurs des guides sont différentes ; elles montrent la richesse de la personne.
Quand la photo est prise à l'extérieur, ils ont toujours le chapeau sur la tête.
la chemise et les accessoires
La chemise est soit à col montant soit à col arrondi (mode belle époque) portée principalement avec un noeud (noir ou crème) ; la cravate se généralise après 1910
Quand la photo est prise à l'extérieur, ils ont toujours le chapeau sur la tête.
Les hommes sont généralement sans chapeau sur les photos prises en studio ; par contre sur les deux photos ci contre les mariés ont gardé leur chapeau à la main (mariages à Pluneret au début du 20ème) ; on remarque que les longueurs des guides sont différentes ; elles montrent la richesse de la personne.
description du costume de la mariée (gwiskamanteu er merhed)
La robe (broh)
Les premières robes apparaissent vers 1850 mais se propagent surtout à partir de 1870. Elles sont noires ; toutefois, on retrouve des robes de couleur bleue ou verte jusqu'en 1908 (survivance du précédent costume qui était très coloré : période Lalaisse).
Broh d'ur skuberèz
Les robes de cérémonie étaient confectionnées principalement en alpaga, mérinos ou en soie pour les familles les plus aisées et agrémentées de bandes de velours de soie.
le buste de la robe :
Le buste est très cintré, doublé d'un tissu épais. C'est l'élément de la robe la plus compliquée à confectionner ; dans le dos, deux bandes de velours sont cousues en arrondi pour suivre l'emmanchure, en faisant des plis avec le velours.
Le devant est souvent moins soigné, cette partie étant cachée par le devantier du tablier. Il était plus ou moins recouvert de velours selon la couturière et la quantité de velours qu'elle possédait.
femme prise en photo de dos devant l'église de Pluneret
La robe s'ouvre par devant et se ferme avec des lacets ou des crochets. Des pinces étaient prévues dès la confection. Tout était prévu pour augmenter sa longévité et permettre à la femme de la conserver malgré les grossesses ou l'embonpoint.
Avant 1900, l'encolure (partie dos) est presque droite ; elle commence à se creuser légèrement et continuera jusqu'en 1920.
Une petite poche était cousue sur le devant de la robe destinée à y glisser la montre qui était accrochée au sautoir (dimension de la poche : 5 cm/5 cm environ)
Le bas de la robe
Son envergure est grande : environ 2,80 mètres et on trouve à la taille un "fronçage" très serré, appelé "tuyaux d'orgue".
Au début du 20ème siècle, peu de robe avaient une bande de velours en bas ; la robe de Marie Anne en a une qui mesure au moins 20 cm, ce qui est assez rare pour cette date.
Les manches
La robe a des manches pagodes, c'est à dire évasées. Avant 1900, elle a une toute petite bande de velours (5 cm) qui est passée à 10 cm ensuite , puis à 20 et a fini par recouvrir entièrement la manche en 1950.
La couture de la manche sur la robe est particulière ; la manche est glissée dans l'emmanchure et cousue à la main.
Le tablier (dantèr)
Au début du siècle les plus beaux tabliers sont en soie moiré noir ou de couleur claire. Marie Anne a choisi un tablier noir (ur dantér sei du). Ils sont plus courts que la robe, laissant voir le velours lorsqu'il y en a. Cette différence de taille s'estompera au fil du temps ; les tabliers dernière mode étaient de la même longueur que les robes (mais jamais plus longs).
Le tablier mesure en largeur 1,65 m ce qui correspond à 3 bandes de tissu de 55 cm rassemblées ensuite. Des fronces sont faites après avoir taillé le haut du tablier un peu en pointe (partie où sera cousue la bavette).
Les poches sont cousues au niveau des coutures des bandes. Ce ne sont pas de fausses poches ; elles sont profondes et réalisées avec un tissu de coton ordinaire.
En 1905, elles ne sont plus arrondies ou carrées comme avant 1900 ; elles sont allongées, triangulaires et prises dans les fronces (sauf dans les communes côtières qui ont conservé les poches arrondies jusqu'en 1910).
En 1880, l'empiècement de la bavette est arrondie puis de plus en plus en pointe. En 1905 elle commence à être plus prononcée.
Par la suite, cet empiècement a de nouveau diminué en profondeur mais s'est élargi (dernière mode).
La taille de la ceinture du tablier est fonction de chaque femme ; elle fait environ les 3/4 de son tour de taille. On le ferme avec des lacets noirs noués sur le devant (ce noeud est donc caché par la bavette)
Les tabliers moirés ou brochés ont été remplacés vers 1910 par ces tabliers brodés petits bouquets en velours ou en soie.
La grande mode de la broderie démarre pour les tabliers ; elle continuera jusqu'en 1950.
jeune fille de Pluneret (photo de famille)
Les dentelles
la coiffette (kouifèt pa kouif bihan)
En 1900, les coiffettes sont généralement sans ou avec peu de broderie ; quelques unes sont brodées sur tulle (tulenn brodet) mais sans découpes et il n'y a pas de dentelle cousue sur le pourtour. Elle a des lacets (stegelleu) qui sont noués sous le menton.
Elle est devenue rapidement de plus en plus brodée (broderies sur tulle avec découpes) et on a rajouté une dentelle sur le pourtour. Les lacets ont été abandonnés progressivement. Au début, les femmes se servaient toujours de ces lacets pour mettre leur coiffette car elles ne savaient pas faire autrement (elles les enroulaient et les cachaient dès que la coiffette était mise). Devenus inutiles, elles les ont ensuite coupé.
Elle est grande mais ne couvre plus tous les cheveux comme avant 1900 ; on aperçoit maintenant la coiffure de la femme (raie au milieu pour toutes à cette époque et cheveux bien plaqués)
la coiffe (kouif)
Au milieu du 19ème siècle, deux coiffes coexistent dans le pays vannetais : la coiffe de la ville d'Auray et la coiffe de la campagne.
C'est la coiffe de la ville qui a évolué et qui est devenue la coiffe "tri kint" : la jobeline (ar jobelin)
Marie Anne porte cette coiffe "tri kint" (trois éperons ou plis) ; elle est en gaze à cette époque et arrive à hauteur des oreilles.
Au début du 20ème, les coiffes sont encore peu brodées, ou seulement d'une petite dentelle "picot". Certaines avaient cependant une large dentelle comme le montre cette photo mais celles ci étaient encore rares.
début 20ème
La coiffe est réalisée avec des techniques bien précises ; ses dimensions étaient fonction de la tête de la femme qui la portait.
Même si sa taille a diminué, la technique de confection des coiffes est restée la même ; seuls quelques détails ont disparu ou se font différemment :
Le petit carré de mousseline sur le dessus de la coiffe pour consolider et cacher les fronces a été conservé ; on fait toujours du point de chausson pour le passage du lacet.
Par contre, on ne retrouve plus le petit triangle de mousseline près du lacet qui élargissait le fond de la coiffe (on taillait en biais ce fond pour compenser). On ne double plus de mousseline l'endroit du passage du lacet (on fait un simple oeillet au point de bourdon ou de feston).
Les coiffes étaient fabriquées sur mesure par les couturières. Certaines femmes les faisaient elles mêmes.
Quand la coiffe était amidonnée, on la conservait dans une boite avant de la "monter" : on fait des plis à l'arrière en s'aidant des lacets ; puis, un repli était fait sur la partie du dessus de la coiffe avant de former les "tri kint" (un pli au milieu et deux autres à hauteur des yeux environ).
le col (kolèd)
Au début du 20ème siècle, les cols sont montés sur un "corps", ce qui reste de l'ancienne chemise ; en effet, sur les premières robes on aperçoit un petit col en coton ; c'était le col de la chemise.
Plus tard, ce corps sera supprimé et le col sera directement attaché sur la robe.
Les cols peuvent être très brodés à cette époque (même si la coiffe ne l'est pas) ; sur la photo, on voit que Marie Anne Le Port a un col brodé.
photo prise avant restauration et amidonnage
la guimpe (gimp)
La guimpe est une bande de dentelle cousue sur une bande de mousseline pour former un rectangle.
Elle est placée sous la robe et doit dépasser du tablier.
Elle peut être très brodée comme le col.
les manchettes (mancheteu)
Elles sont en tulle brodé mécanique ; ce sont des manchons qui sont glissés sous la manche de la robe. Le tulle brodé est cousu à un tissu en mousseline et attaché à la robe.
Vers 1930, ces manchons ont laissé place à des dentelles qui étaient directement cousues à la robe.
l'amidonnage (penaos aozein ar c'houif)
L'amidonnage et le repassage des dentelles (coiffes, coiffettes, cols et guimpes) étaient réalisées par des repasseuses dont c'était le métier.
Voici comment Mme Belz de Plouharnel, une des dernières repasseuses du pays d'Auray amidonnaient les coiffes :
1er amidonnage cuit : elle faisait une bouillie épaisse et onctueuse avec de l'eau, de l'amidon de riz et un peu de bleu.
Elle appliquait ensuite cette bouillie uniformément sur la coiffe et elle la mettait à sécher.
2ème amidonnage cru : elle trempait la coiffe dans de l'eau additionnée d'un peu d'amidon et elle la séchait avec le fer à repasser. Elle commençait par le chignon en faisant très attention aux lignes et à la symétrie des bords.
Mme Belz amidonnaient encore les coiffes de Pluneret dans les années 80 ; elle a accepté de nous transmettre son savoir et les coiffes du cercle sont toujours amidonnées avec sa méthode.
les bijoux
Le sautoir est le principal bijou observé ; on peut supposer qu'elles avaient une petite montre puisque les robes avaient des petites poches.
Sur les photos collectées, toutes les mariées portent des sautoirs mais ce sont des personnes aisées.
Certaines portent des boucles d'oreilles (dormeuses) mais c'est très rare.
autres accessoires
Au début du siècle, les femmes portent des bottines en cuir à lacets avec ce costume.
Sur les photos, on remarque aussi qu'elles avaient des parapluies, des étoles longues de couleur foncée ou claire.
Les dessous
Jusqu'en 1914, les femmes portaient des chemises de jour ainsi qu'un jupon (broh indan).
Au début du siècle, les jupons n'étaient pas toujours blancs, il pouvait être de couleur vive (rouge, jaune, bleu, vert...).
On remarque quand même des jupons blancs sur les photos lorsque les femmes relevaient leurs robes pour ne pas les salir grâce à un système d'attaches (lacets, crochets, clés spéciales à l'extrémité d'un ruban).
Jusqu'en 1910, les jupons étaient très larges (plus de 3 mètres de tour et c'était des jupons « faux cul » : un lacet tirait les plis sur l'arrière du jupon). Ils étaient bordés d'une large bande de dentelle anglaise très fine et souvent ornés de plis religieux.
devant - dos et bas du jupon
Avant la 1ère guerre, peu de femmes portaient des culottes. celles qui en portaient mettaient des culottes fendues ; après 1918, des changements apparaissent comme en témoigne cette chanson composée par Job Kerlagad de Carnac : (sonet get Job Kerlagat)
LE COSTUME DE MARIAGE (dilhad euredenn)
Le marié
Seul signe distinctif pour le marié : le petit bouquet de fleurs d'oranger qui était épinglé sur le revers de la veste (Jean Marie Le Port, sur notre photo, n'en porte pas ; nous ne savons pas pourquoi).
La mariée
Le jour de son mariage, la jeune fille mettait son plus beau costume, qui pouvait lui être apporté en dot et qu'elle portait alors ce jour-là pour la première fois ; il était commandé à la couturière plusieurs semaines à l'avance (voire plusieurs mois selon le costume commandé)
Contrairement au marié, les ornementations pour la mariée sont nombreuses à cette époque : tout d'abord la couronne faite de perles, de boutons et fleurs d'oranger qui était achetée chez le bijoutier en même temps que les alliances. Jusque dans les années 1910, deux guirlandes partaient de l'arrière de la couronne et tombaient dans le dos.
Sa taille est fonction de la richesse de la famille ; plus la couronne est haute et ouvragée, plus elle était chère.
Après le mariage, la couronne et les guirlandes étaient placées sur un coussin rouge dans un globe ; il était gardé en souvenir et servait d'ornement pour la maison. A l'intérieur du globe, on retrouvait de nombreux symboles qui avaient tous une signification : la feuille de chêne pour la longévité, la grappe de raisin pour la prospérité, la colombe tenant dans son bec une couronne de laurier pour la paix dans le foyer, etc.
Le globe était aussi quelquefois offert à la paroisse ; on en retrouve ainsi plusieurs toujours exposés dans la chapelle de Sainte Avoye.
Les boutons de fleurs, assez gros en 1900, sont confectionnés avec du coton qui est enroulé autour d'une tige et trempé dans la cire ; les feuilles sont en tissu.
LE MARIAGE EN PAYS D'AURAY (eured e bro Alré)
Le mariage était un évènement important pour les familles ; on invitait beaucoup de personnes (souvent 100 à 200) ; ce nombre pouvait être plus important comme lors de ce mariage à Carnac en 1900 : les cuisiniers et cuisinières préparent le repas pour les 500 personnes invitées.
En général, il y avait 2 à 3 jours de fête et de festin, le dernier jour étant consacré aux mendiants et à la vaisselle.
Il fallait compter une semaine entre les préparatifs, le mariage lui même et la remise en ordre.
La veille de la noce, les invités vont récolter le lait pour la fabrication des gâteaux, fars et autres friandises qui servaient également pour décorer l'arbre d'honneur ; c'était une grande branche de houx sur laquelle on accrochait des rubans, des fleurs, des pommes, du tabac....... Il était généralement confectionné par le garçon d'honneur.
La sortie de l'église est un moment très attendu par les badauds et les invités venus observer et admirer les costumes des mariés. Parmi eux se trouvaient aussi des mendiants et il arrivait que les jeunes mariés leur donnent des pièces.
Quelques pas de danses (un laridé)sont exécutés avant la mise en place du cortège à la sortie de l'église.
Le cortège se formait ensuite derrière les jeunes mariés ; les invités se plaçaient par ordre de filiation et chaque cavalier s'occupait exclusivement de sa cavalière s'attribuant ainsi le rôle de chevalier servant.
Le cortège s'élançait derrière le couple de sonneurs, le plus souvent biniou et bombarde, et allaient de bar en bar avant de se rendre jusqu'au lieu des réjouissances.
Le repas se déroulait le plus souvent dans un champ où tout était cuisiné sur place dans des bassines en cuivre (er piligeu) ou chaudrons.
C'était souvent le même repas : soupe, bouillie servi avec du cidre et far en dessert. Les plus riches offraient du rôti et du vin, mais c'était plus rare.
En revanche, pas de table, mais des échelles posées sur des piquets plantés dans le sol. D'autres échelles sont posées sur leurs flancs en guise de bancs pour les invités de la noce.
Les sonneurs avaient un rôle important dans le mariage. La mariée leur attachait des rubans aux chapeaux et instruments, marquant ainsi sa qualité d'employeur.
Ils rythmaient le mariage en présentant leurs répertoires : d'abord en accompagnant le chant "pour faire pleurer la mariée" (paroles ci dessous), les divers airs du repas comme "la danse du rôti", les airs à danser et, au final, la mélodie "soubenn al lezh", la soupe au lait.
Les pièces des costumes présentées le 22 aout à Guingamp seront toutes authentiques, sauf :
- le costume de l'homme excepté le chapeau
- les guirlandes de la parure de la mariée (les anciennes, qui ont servi de modèle, étant trop abimées)
Remerciements
A Jean Le Port qui nous a parlé avec passion de sa famille et de sa vie à Pluneret, à Maryvonne, sa femme pour son accueil et sa gentillesse, aux personnes qui ont bien voulu répondre à toutes nos questions et nous aider dans nos recherches.
Bibliographie
- Zacharie Le Rouzic : "archeologue et photographe à Carnac"
- Henri François Buffet : "en Bretagne morbihannaise"
- Martial Le Corre : "les sonneurs bretons"
- Jorj Belz : "Dilhad Breizh"
- Thèses de Martine Lancien, Odile Gardais, Nathalie Le Goff sur le costume du pays vannetais.
Photos
- Photos de famille collectées à Pluneret et aux alentours
- Cartopole
- Dastum
- Archives départementales du Morbihan
- Ministère de la culture
Dossier réalisé par la commission costumes de l'ensemble Festerion Ar Brug de Pluneret
Annie Raulo - Lauriane Martinet - Anthony Stephan - Sébastien Jan.